« Si l’on nous traduisait ce retard collectif en année de vie et de productivité perdues, notre pays perdrait chaque année l’équivalent d’une décennie de progrès social », a décrié le Dr Samuel Roger Kamba, Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévoyance sociale lors de l’ouverture, par la Première Ministre Judith Suminwa, Cheffe du Gouvernement, de la Première table ronde nationale sur la lutte contre les Cancers de la femme le samedi 25 octobre 2025 en présence de la Première Dame Denise Nyakeru Tshisekedi, marraine de cette première édition, et de plusieurs partenaires de ce secteur.
Reconnaissant avec lucidité que ‘’les défis demeurent nombreux’’, Dr Roger Kamba ne ménage aucun effort, avec l’appui des partenaires technique et financier de son ministère ainsi que la détermination de Félix Tshisekedi, Chef de l’Etat, qui fait de cette première Table ronde nationale sur la lutte contre les Cancers de la femme son leitmotiv en l’inscrivant dans « la vision d’un Congo pour la santé, celle d’un pays qui choisit donc de protéger des vies avant de panser les blessures » ; celle de la Première Ministre, « à faire de la santé publique, et en particulier celle de la femme, un pilier central du développement national de la RDC ». Car, dit-il, « la santé des femmes n’est pas seulement une question médicale. Elle est une question de responsabilité politique, économique et morale ». L’intégralité de l’allocution du Ministre est reprise ci-dessous.
Allocution du Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévoyance sociale à l’occasion de la première Table Ronde nationale sur la lutte contre les Cancers de la Femme.
Honorables Députés et Sénateurs
Excellence Madame la Première Ministre, Cheffe du Gouvernement (Avec l’expression de ma très haute considération)
Distinguée Première Dale
Monsieur le Coordonnateur du Conseil National de la Couverture de Santé Universelle
Monsieur le Secrétaire Général ai de la Santé
Monsieur l’ambassadeur de Suisse
Mesdames et Messieurs les partenaires techniques et financiers du Ministère de la Santé ici présents
Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux des Etablissements de facilitation de la Couverture de Santé Universelle
Monsieur le Ministre provincial de la Santé
Mesdames et Messieurs les Directeurs des programmes spécialisés du Ministère de la Santé
Mesdames et Messieurs responsables des Hôpitaux et des Organisations non Gouvernementales
Eminents professeurs invités de l’Université de Harvard
Mesdames et Messieurs, distingués invités en vos titres et qualités.
Excellence Madame la Première Ministre,
Chaque minute qui s’écroule dans notre pays on voit une femme affronter un symptôme qu’elle ne comprend pas. Elle consulte trop tard ou renonce faute de moyen.
D’après les données officielles du Conseil National de Lutte contre les Cancers en République Démocratique du Congo, on enregistre chaque année plus de 7000 nouveaux cas de cancer du sein, et plus de 8000 cas de cancer du col de l’utérus. Autrement dit, près de 15 000 femmes sont diagnostiquées chaque année avec l’un de ces deux cancers.
Cela signifie qu’en moyenne 40 nouveaux cas sont détectés chaque jour, soit près de 2 femmes par heure qui apprennent qu’elles sont atteintes d’un cancer souvent découvert à un stade très avancé.
Et si l’on ajoute toutes celles qui, faute d’information des structures ou des moyens, vivent déjà les premiers symptômes sans le savoir, alors, chaque minute qui passe voir effectivement une femme en danger.
Si l’on nous traduisait ce retard collectif en année de vie et de productivité perdues, notre pays perdrait chaque année l’équivalent d’une décennie de progrès social.
Voilà le vrai visage du cancer du sein et du col de l’utérus.
Non seulement une tragédie sanitaire mais une dette nationale envers nos femmes.
Et c’est cette dette que nous venons ensemble de reconnaître, comprendre et commencer à rembourser.
Sous le Haut patronage de Son Excellence le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Chef de l’Etat, cette première Table ronde nationale sur la lutte contre les Cancers de la femme s’inscrit dans la vision d’un Congo pour la santé, celle d’un pays qui choisit donc de protéger des vies avant de panser les blessures.
Cette vision incarne la détermination de Gouvernement conduit par Son Excellence Madame Judith Suminwa Tuluka, Première Ministre, à faire de la santé publique, et en particulier celle de la femme, un pilier central de notre développement national.
Car, la santé des femmes n’est pas seulement une question médicale. Elle est une question de responsabilité politique, économique et morale.
Depuis 2020, notre pays a posé des jalons décisifs de cet engagement par la création du Centre national de lutte contre les Cancers, et a permis d’organiser une coordination nationale efficace.
La mise en place du guichet unique de dépistage gratuit au centre hospitalier Nganda couvrant le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus et les hépatites B et C, constitue une avancée majeure en matière d »accès au soin équitable pour tous.
Grâce à la volonté du Gouvernement, les médicaments anticancéreux essentiels, les thérapies ciblées et les cures complètes de radio thérapie sont désormais offerts gratuitement à des milliers de femmes.
Près de 3000 patients ont déjà bénéficié de cette politique publique dans six provinces, à savoir Kinshasa, le Haut-Katanga, la Tshopo, le Nord et le Sud Kivu ainsi que le Kongo Central.
Parallèlement, 245 professionnels de santé ont été formés aux diagnostics et au traitement de cancer.
Et, dès 2026, la RDC introduira la vaccination contre le papilomavirus humain conformément à la stratégie mondiale 907090 visant à éliminer le cancer du col de l’utérus d’ici 2030.
Ces progrès rendus possibles grâce à la coopération de plusieurs partenaires dont One 99, l’OMS, ROCH, la Banque Mondiale, l’UNICEF et d’autres partenaires engagés, témoignent une volonté politique ferme : celle d’entrer la lutte contre les cancers féminins au cœur des priorités de la santé publique nationale.
Mais, mesdames et messieurs, il faut le dire avec lucidité : les défis demeurent nombreux.
Notre pays ne dispose pas encore d’un registre national de cancer. Des infrastructures de diagnostic rentent concentrées à Kinshasa. Et le coût de la prise en charge demeure prohibitif pour des nombreuses familles.
C’est pourquoi, nous devons ensemble décentraliser les services oncologiques, accélérer l’intégration de la lutte contre les cancers dans les stratégies nationales de la couverture santé universelle afin d’assurer la gratuité du parcours des soins, former d’avantage des spécialistes en oncologie médicales et en radiothérapies, mais aussi en chirurgie cancérologique, renforcer la recherche nationale afin que nos décisions reposent sur des données solides et non sur des estimations.
Ces priorités ne sont pas seulement techniques. Elles traduisent notre lucidité face à l’urgence et expriment notre volonté d’équité et de justice sociale.
En vérité, la lutte contre les cancers des femmes est un des tests de notre gouvernement et de notre humanité collective.
Cependant, au-delà des chiffres, il y a les vies. Chaque statistique porte le visage d’une femme, d’une mère, d’une sœur, d’une fille, d’une amie. Chaque chiffe dissimule une histoire interrompue, un rêve inachevé, une famille endeuillée.
Mais, chaque femme guérie est une victoire partagée, celle du courage, de la confiance et de la solidarité.
A toutes les survivantes présentes dans cette salle, à celles qui continuent de se battre, aux soignants et aux bénévoles qui œuvrent chaque jour dans l’ombre. Je veux dire : ‘’vous êtes le visage de notre espérance. Votre combat inspire notre politique, et votre dignité nourrit notre action’’.
Cette table ronde, Excellente Madame la Première Ministre, ne se limite pas à un échange d’idée. Elle constitue un acte fondateur, celui d’une mobilisation nationale structurée autour d’une stratégie intégrée, durable et mesurable. Elle aboutira à l’adoption de la déclaration de Kinshasa sur la lutte les cancers de la femme, qui définira nos priorités nationales, nos engagements concrets et les mécanismes du suivi coordonné par le Centre national de lutte contre le Cancer. Elle jettera aussi les bases d’une gouvernance sanitaire renouvelée où chaque institution, chaque province et chaque partenaire aura sa place et sa responsabilité.
Dans cette perspective, j’en appelle à une mobilisation collective. A nos partenaires techniques et financiers, pour poursuivre leur appui dans le dépistage, la recherche et la formation.
Aux collectivités locales pour que la prévention devienne une politique de proximité, aux parlementaires pour garantir un cadre législatif et budgétaire pérenne et à toutes les congolaises pour qu’elles fassent du dépistage un réflexe de santé, un acte de dignité et d’amour envers elles-mêmes et leurs familles. Car, en définitif, protéger la santé des femmes c’est protéger l’avenir de la nation.
Dans ce cadre, le ministère de la Santé a décidé chaque année qu’il y ait une marraine qui conduit la lutte contre les cancers des femmes.
Nous avons dans notre pays une personne qui s’est engagée dans la lutte sociale, notamment dans la lutte contre la drépanocytose, dans la lutte pour l’amélioration de l’éducation nationale. Et cette dame c’est notre Première Dame, pour qui nous demandons des applaudissements parce qu’elle a accepté d’être la première marraine de cette lutte contre les cancers de la femme. La marraine du Rose incarne le leadership féminin dans la lutte contre le cancer en République Démocratique du Congo. C’est une personnalité publique de haut niveau, engagée et respectée et déjà active dans le domaine social et de la santé.
Son rôle va au-delà du symbole. Elle porte une vision nationale en lien étroit avec le ministère de la Santé pour coordonner, appuyer et suivre les initiatives contre les cancers féminins sur la période 2025-2026.
Elle agit comme ambassadrice nationale de la lutte contre le cancer féminin en mobilisant les institutions, les partenaires et la société civile autour d’un engagement commun pour la santé des femmes.
Porte-voix des initiatives nationales et communautaires en valorisant les efforts de préventions de dépistage et de prise en charge à travers les actions de sa fondation et celles des partenaires.
Figure d’unité et de plaidoyer en donnant une portée diplomatique et internationale à la déclaration de Kinshasa sur la lutte contre le cancer féminin dont elle assurera le suivi conjointement avec le ministère de la Santé.
Catalyseur de changement en soutenant la coordination des initiatives locales, la mobilisation des ressources et la sensibilisation du grand public à l’échelle national et régional.
Distinguée Première Dame, j’ai visité la fondation de la Première Dame du Maroc qui a réussi à diminuer très sensiblement le taux de cancer au Maroc.
Ils ont pu organiser au travers de cette fondation une réponse holistique très sensible pour laquelle j’ai demandé que notre Centre National de Lutte contre le Cancer aille en formation et ils ont accepté. Ils vont nous former des médecins en chirurgie du Cancer. Ils vont nous préparer avec notre centre de lutte contre le Cancer un plan de lutte globale comme ils l’ont fait au Maroc. Ils l’ont déployé, et aujourd’hui, la plupart de cancer au Maroc sont des cancers qui sont des maladies chroniques mais pas des maladies mortelles comme ici. Et donc, cette fondation de la Première Dame nous a inspiré pour dire nous avons déjà une Première Dame qui a déjà fait beaucoup de chose et nous allons lui demander de nous accompagner. Merci pour l’acceptation, de votre engagement.
Mesdames et messieurs,
Excellence Madame la Première Ministre !
Cette table ronde marque un tournant, elle symbolise le passage de la prise de conscience à l’action, de la dispersion à la coordination, de la promesse à la mise en œuvre.
Je vous remercie.
