Un verdict implacable est tombé le mardi 10 juin à Kinshasa, dans le procès du meurtre de Kabasele Wampanga, un cadre de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti au pouvoir. Neuf des onze accusés ont été condamnés à la peine capitale par le Tribunal de Grande Instance de Matete, siégeant en procédure de flagrance sur la place de l’Échangeur de Limete.
Cette sentence sévère vient clore un procès qui a tenu en haleine l’opinion publique congolaise, choquée par la violence de l’assassinat de ce militant politique. Le juge président, Romain Mukadi, a déclaré que l’infraction de meurtre était établie à l’encontre de neuf prévenus, ordonnant leur arrestation immédiate. Pour les deux autres, Alomba Laurent et Mutombo Boya, le tribunal a estimé que leur participation aux faits n’était pas prouvée et les a donc acquittés.
Le Ministère Public avait initialement requis une peine de 20 ans de servitude pénale pour homicide pré intentionnel à l’encontre des onze accusés. Cependant, les juges ont requalifié les faits en meurtre, une infraction punie plus sévèrement, et ont prononcé la peine de mort.
L’affaire Kabasele Wampanga s’inscrit dans un climat de vives tensions au sein même de l’UDPS. La victime aurait été violemment agressée par un groupe de jeunes se réclamant d’une des factions en conflit au sein du parti. La famille de Kabasele Wampanga a publiquement accusé le Secrétaire Général de l’UDPS, Augustin Kabuya, d’être le commanditaire de ce meurtre. Elle soutient que Kabasele Wampanga payait son soutien à Deo Bizibu, un rival politique qui revendique également le poste de Secrétaire Général.
Ces allégations ont jeté une ombre sur le procès. La famille de la victime s’est d’ailleurs retirée de la procédure, estimant que les conditions d’un procès équitable n’étaient pas réunies et a déposé une plainte contre Augustin Kabuya auprès du Parquet Général près la Cour de cassation.
Des dommages et intérêts pour la famille
Outre les condamnations pénales, le tribunal a également statué sur les intérêts civils. Les neuf condamnés devront verser solidairement la somme de 200 000 dollars américains à la mère de la victime, Wambidi Ngalula Marthe, à titre de dommages et intérêts. Cette dernière avait initialement réclamé un million de dollars. La demande d’un autre plaignant, un commerçant qui se disait également victime, a été rejetée. Ce verdict, bien que prononcé en première instance est susceptible de faire objet d’un appel par la partie défenderesse. Il soulève également à nouveau le débat sur l’application de la peine de mort en RDC, où un moratoire sur les exécutions est en vigueur depuis plusieurs années, même si les tribunaux continuent de prononcer des condamnations à la peine capitale.
Nathan Mundele
