(Par Michel Nsomue, Economiste)
Elle croit pouvoir juguler un comportement non-monétaire en utilisant les instruments de politique monétaire.
Dans une étude que j’ai menée (Expansion monétaire et Inflation au Congo) pour vérifier (1) s’il y a vraiment expansion des liquidités et (2) lequel multiplicateur de monnaie en serait à la base, les résultats scientifiques se sont avérés incroyables :
- S’il y a expansion des liquidités, telle que la BCC la confond toujours avec le financement du trésor, hélas, aucun multiplicateur monétaire n’en est responsable. Du coup, l’utilisation, par la BCC, de son taux directeur, n’aura aucun impact sur les cibles visées, à savoir, le taux d’inflation et le taux de change. Au contraire, le seul résultat à en tirer sera la contraction de l’activité économique consécutive au renchérissement du crédit.
Et, donc, davantage de chômage et de rareté des produits qui pousseront, à terme précis, vers de nouvelles embardées de l’inflation et de la dépréciation monétaire.
- Le taux de liquidité de l’économie congolaise se situe, généralement, autour de 5%, contre une moyenne acceptable de 35% dans les pays pauvres. Dans les pays émergents, on est autour de 80%. Mon étude a démontré que le financement du trésor réduit simplement le poids de la base monétaire exogène dans le processus de création monétaire par la BCC, ce qui réduit l’efficacité des instruments de sa politique monétaire par rapport aux objectifs visés.
L’effet possible de ce raté, c’est simplement la réduction d’avantage de la part de la BCC dans l’exploitation des économies d’échelle liées à la création monétaire avec pour conséquences : (1) accentuation de la dollarisation, (2) destruction des fonctions monétaires du FC, (3) marginalisation de l’Etat dans sa fonction de production des biens publics,…
En définitive, faute de modèle d’une fonction d’offre de la monnaie centrale, la BCC nous empiffre de placebos à la place d’une thérapie adéquate. Le mal est trop profond, il faut beaucoup de courage et de sacrifice pour nous en sortir. C’est un débat auquel je nous invite, en tant qu’économistes, compte tenu de cette récurrence des mêmes fausses causes, mêmes faux remèdes, et mêmes échecs nous maintenant dans le plus ridicule des cercles vicieux.