*A quoi servirait-il de placer, de nouveau, la gestion des deniers publics entre les mains des personnes dont l’on ne saurait clairement mesurer, à l’avance, le sens de responsabilité et de probité ? Voici, loin sans faux, un dilemme dans lequel se voûte la RD. Congo, des décennies durant, en proie à des plus tares dont le détournement, la corruption et le clientélisme qui gangrènent, malheureusement, les établissements publics et entreprises du portefeuille de l’Etat. Dans le souci de prévenir, de réduire l’impact et d’éjecter ce venin qui ronge l’arsenal du portefeuille congolais, la Cellule d’Innovation et de Changement des Mentalités (CICM) a organisé, du 16 au 17 août 2023, au Chapiteau du Pullman Grand Hôtel, à la lisière de la Gombe, un Séminaire de renforcement des capacités à l’intention de ces nouveaux dirigeants des établissements publics et des entreprises du portefeuille sur la gestion aussi bien responsable qu’orthodoxe des deniers publics.
A quoi bon ?
En effet, ces assises se sont déroulées en collaboration avec l’Inspection Générale des Finances, l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption, l’Association Nationale des Etablissements Publics et Entreprises du Portefeuille, de l’Observatoire de Surveillance de la Corruption et de l’Ethique Professionnelle ainsi que du Secrétariat National pour le Renforcement des Capacités.
Dans son allocution d’ouverture, Jacques Kangudia, Coordonnateur de la CICM, a souligné, en effet, que ce séminaire né, à la fois, de la poursuite de la campagne de sa structure sur le civisme fiscal ainsi que de la frustration de la population congolaise, doublée de la mauvaise gestion des mandataires publics et méfiante à reverser leurs obligations fiscales devant le Trésor Public.
« Tout au long de ses campagnes, nous avons reçu les inquiétudes de nos populations qui se demandaient : ‘’Pourquoi payer les taxes et redevances si elles sont mal gérées par le mandataire à qui est confié le privilège de les gérer’’ », s’est-il interrogé.
Au terme de ce constat, a-t-il poursuivi, « c’est donc avec une oreille attentive de l’Inspecteur Général des Finances-Chef de Service que nous avons convenu de l’organisation commune de ces assises. L’Inspection Générale des Finances a notamment, la mission de contrôle de nos finances. Mais, celle-ci doit s’accompagner, en amont, d’un renforcement des capacités des mandataires de publics sur les thématiques relevant des divers secteurs générateurs des recettes ».
A cette démarche, a-t-il renchéri, les autres services rattachés à la Présidence de la République et au Gouvernement ont été impliqués pour l’atteinte des objectifs qui sauveront le pays, des éventuels nouveaux scandales financiers ainsi que des actes répréhensibles que poseraient certains mandataires véreux.
Responsabilité des mandataires publics
Rappelant que les établissements publics et les entreprises du portefeuille sont d’abord l’expression de la volonté de l’Etat, lui-même, consistant à répondre aux besoins de la collectivité, de se doter d’une certaine autonomie afin d’évaluer dans des conditions qui permettent leur performance et leur efficacité, sous le prisme d’un arsenal législatif et réglementaire de la République, le Coordonnateur de la CICM a sensibilisé les nouveaux mandataires publics sur leur rôle de gestionnaire des biens publics des Congolais.
« Ce peuple congolais qui fonde tant d’espoir, après l’avènement du Chef de l’Etat à la Magistrature Suprême est en droit d’attendre des mandataires publics, des pratiques protégeant son patrimoine. Cet atelier est donc un cadre de renforcement des capacités en vue de relever le défi des établissements publics et des entreprises du portefeuille, et surtout un cercle de réarmement moral et éthique de leurs dirigeants en vue de les outiller pour un accomplissement vertueux et efficace de leurs missions», a-t-il indiqué.
Il sied de préciser qu’au cours de ces assises, plusieurs allocutions ont été tenues par de Messieurs Victor Batubenga et Thierry Mbulamoko respectivement, Inspecteur Général des Finances et Coordonnateur de l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption.
Modules de formation et résultats attendus
A cet atelier, il a été notamment, fixé des modules portant , tour à tour, sur la gestion des finances publiques, la lutte et le plan de sortie de la corruption, la planification stratégique et opérationnelle en son volet de la gestion axée sur le résultat, l’éthique de responsabilité, le patriotisme et, enfin, le Code de déontologie et d’éthique de l’agent public.
Ce, avec pour objectifs spécifiques, de renforcer les capacités des dirigeants dans la lutte contre les antivaleurs en matière de gestion responsable des deniers publics ; d’outiller les dirigeants à devenir des manager-coachs capables de secréter des changements positifs.
Ensuite, faire de chacun de ces établissements publics et entreprises du portefeuille, un pôle d’excellence et créer en son sein, des comités de suivi. Et enfin, la mise en place d’un plan de lutte contre la corruption dans les établissements publics et entreprises du portefeuille.
John Ngoyi