«Pourquoi tant de morts? Pourquoi tant de destructions?», telles sont les grandes questions posées par le Pape ce dimanche de Pâques 31 mars depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, dans son exhortation précédant la bénédiction Urbi et Orbi. Parcourant les différents conflits qui causent tant de victimes innocentes à travers le monde, le Saint-Père appelle à œuvrer, chacun selon sa responsabilité afin que règnent la paix, la réconciliation et la fraternité au sein de l’humanité.
«Aujourd’hui encore, de lourdes pierres ferment les espérances de l’humanité: la pierre de la guerre, des crises humanitaires, des violations des droits de l’homme, de la traite des êtres humains, et d’autres encore». C’est ce qu’a déclaré le Pape François avant la bénédiction Urbi et Orbi, évoquant les différents conflits et situations qui font souffrir tant de personnes. Pour le Saint Père, nous aussi, «comme les femmes disciples de Jésus, nous nous demandons les uns aux autres: Qui roulera ces pierres?». Parlant de mystère de la résurrection de Jésus, le Pape a assuré que tout commence par ce tombeau vide de Jésus. Car, c’est par là que «passe une voie nouvelle, la voie que personne d’autre que Dieu ne pouvait ouvrir: la voie de la vie au milieu de la mort, la voie de la paix au milieu de la guerre, la voie de la réconciliation au milieu de la haine, la voie de la fraternité au milieu de l’inimitié».
La Terre Sainte, témoin de la Passion et de la Résurrection
Au milieu de cette joie pascale, le Saint Père a tourné sa pensé vers les victimes des nombreux conflits dans le monde, en commençant par la ville de Jérusalem, témoin du mystère de la Passion, de la mort et de la résurrection de Jésus, et vers toutes les communautés chrétiennes de Terre Sainte. Évoquant la guerre qui secoue ces régions depuis des mois, le Saint Père a prié afin que «le Christ ressuscité ouvre un chemin de paix pour les populations meurtries», réitérant son appel à ce que «l’accès des aides humanitaires à Gaza soit garanti». Le Pape a, par ailleurs exhorté de nouveau à «une libération rapide des otages enlevés le 7 octobre, ainsi qu’à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza». «Ne laissons pas les hostilités en cours continuer à toucher gravement la population civile qui est maintenant épuisée, surtout les enfants», a-t-il plaidé, rappelant que «la guerre est toujours une absurdité et une défaite».
Ne pas oublier la Syrie et le Liban
Outre la Terre Sainte, François a demandé de ne pas oublier «la Syrie qui souffre depuis 13 ans des conséquences d’une guerre longue et dévastatrice». La guerre en Syrie est la cause de «tant de morts, de personnes disparues, tant de pauvreté et de destructions», situation qui attend des «réponses de la part de chacun, y compris de la Communauté internationale».
Aussi, l’évêque de Rome a manifesté sa pensée à l’endroit du Liban qui «connaît depuis longtemps un blocage institutionnel et une profonde crise économique et sociale, aujourd’hui aggravée par les hostilités à la frontière avec Israël», priant afin que le Christ ressuscité «réconforte le peuple libanais bien-aimé et soutienne le pays tout entier dans sa vocation à être une terre de rencontre, de coexistence et de pluralisme».
Balkans, Caucase, Haïti et Birmanie
«J’adresse une pensée particulière à la région des Balkans occidentaux où des pas importants sont accomplis vers l’intégration dans le projet européen: que les différences ethniques, culturelles et confessionnelles ne soient pas une cause de division, mais deviennent une source de richesse pour l’ensemble de l’Europe et du monde entier». Dans ce sens, le Souverain pontife a encouragé «l’Arménie et l’Azerbaïdjan» afin que par «le soutien de la Communauté internationale, ils puissent poursuivre le dialogue, secourir les personnes déplacées, respecter les lieux de culte des différentes confessions religieuses et parvenir le plus rapidement possible à un accord de paix définitif». Se tournant vers Haïti, François appelle à mettre fin aux violences qui «déchirent et ensanglantent le pays cessent et que celui-ci puisse progresser sur le chemin de la démocratie et de la fraternité». Que le Christ ressuscité réconforte les Rohingyas, «touchés par une grave crise humanitaire, et qu’Il ouvre la voie de la réconciliation en Birmanie déchirée par des années de conflits internes, afin que toute logique de violence soit définitivement abandonnée».
Pour la paix dans de nombreux pays africains
Le Pape s’est également tourné vers les pays africains qui sont secoués par différents conflits, demandant au Christ ressuscité d’ouvrir la voie de paix, notamment pour «les populations éprouvées au Soudan et dans toute la région du Sahel, dans la Corne de l’Afrique, dans la région du Kivu en République démocratique du Congo et dans la province du Cap Delgado au Mozambique» et qu’«Il mette fin à la situation de sécheresse prolongée qui touche de vastes régions et provoque la pénurie et la famine».
Le Pape s’était également intéressé aux causes «des migrants et ceux qui traversent des périodes de difficultés économiques», que le Seigneur soit «leur réconfort et l’espérance au moment du besoin et guide toutes les personnes de bonne volonté pour qu’elles s’unissent dans la solidarité afin d’affronter ensemble les nombreux défis auxquels sont confrontées les familles les plus pauvres dans leur recherche d’une vie meilleure et du bonheur».
L’amour de Dieu, un amour infini
Poursuivant, François a exhorté à se rappeler, en ce jour où nous célébrons la vie qui nous est donnée dans la résurrection du Fils, de «l’amour infini de Dieu pour chacun de nous: un amour qui surmonte toute limite et toute faiblesse». Par sa résurrection, Jésus nous ouvre le passage «humainement impossible».
La célébration de Pâques marquant également la libération de l’homme de l’esclavage de la mort, François a plaidé auprès de ceux qui «exercent des responsabilités politiques à ne ménager aucun effort pour lutter contre le fléau de la traite des êtres humains, en travaillant sans relâche pour démanteler les réseaux d’exploitation et rendre la liberté à ceux qui en sont les victimes», et puisse Dieu consoler les cœurs des familles, particulièrement celles qui «attendent avec anxiété des nouvelles de leurs proches, en leur assurant réconfort et espérance». Dans ce sens, le Saint-Père a lancé un appel fort au «respect des principes du droit international» et a émis ses «vœux pour un échange général de tous les prisonniers entre la Russie et l’Ukraine: tous pour tous!». Que le Christ ressuscité ouvre un chemin d’espérance pour les personnes qui souffrent «de violences, de conflits, d’insécurité alimentaire, ainsi que des effets du changement climatique et qu’Il réconforte les victimes de toutes les formes de terrorisme».
Jacques Ngol/Vatican News