INTRODUCTION GENERALE
1.Au nom d’une certaine filiation entre sociale-démocrate entre l’UDS et l’UDPS Invité par le président de l’Union des Démocrates Socialistes (UDS), parti cher au camarade Crispin Kabasele, son fondateur, nous y avons répondu présent, le samedi 20 Juillet 2024, afin de participer au séminaire de formation idéologique et politique de ses militants pour ceux qui étaient là.
Pour les militants de l’extérieur, qui ont suivi les choses à distance, le Président Crispin Kabasele nous a conseillé de solliciter de nouveau la générosité et la franche camaraderie exemplaire de son Excellence Marcel Ngoyi Ngoyi Kyengi, Editeur-Directeur Général du journal La Prospérité, pour publication dans le but de les atteindre dans les coins et recoins de l’ensemble de notre pays.
Au passage et avec l’aval du président du parti, nous remercions le militantisme des journalistes de Télé 50 qui ont le soir même passé cette manifestation, qui a marqué les esprits des Congolais, nous a-t-on rapporté, sur ses antennes. Reste que la publication de cet exposé et cette manifestation ayant tourné autour de la formation idéologique et politique des militants de l’UDS dans un journal écrit comme le Tabloïd La Prospérité, le tout dans un pays confronté aux épines difficultés de fourniture énergétique la plupart des fois incertaine, improbable, s’y avère plus pragmatique voire essentielle, si tant il est vrai qu’un adage bien connu montre combien « les paroles s’envolent mais, les écrits restent ». Mais, même si l’UDS pourrait paraitre en ce moment comme étant le seul parti politique, dont la fidélité, l’encrage aux idées philosophiques, idéologiques et politiques de Marx et de Lénine dans notre pays sont indémontables, la plupart de ses membres ont été formés à l’UDPS. Plusieurs autres furent soit membres, soit sympathisants, ou soit encore des déçus de l’UDPS dont la politique sociale, démocratique n’a pas été, à leur goût, du tout de plus exemplaire.
C’est ainsi qu’à titre personnel, et en guise de gratitude, mais surtout en souvenir des bastonnades, de l’exclusion définitive de l’UNAZA Campus de Lubumbashi dont nous fûmes l’objet de la part des mobutistes zélés et impitoyables, en ce compris notre relégation au village natal avec interdiction de lire et d’écrire, nous avions demandé et obtenu d’observer UNE MINUTE DE SILENCE en mémoire du président Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA d’heureuse mémoire pour saluer ostensiblement son combat perpétuel jusqu’à sa mort pour l’avènement d’un Etat Social et de droit en RDC. Nous avons également remercié le camarade-président Crispin KABASELE pour l’invitation et la confiance et davantage encore le camarade Marcel NGOYI Directeur-éditeur du journal la prospérité de nous y avoir mis en contact et surtout, pour son indéfectible soutien humain, littéraire, intelligent c’est-à-dire, scientifique, voire financier. 2.Leçon de pédagogie et de méthodologie générale En guise de pédagogie, nous avions rappelé c’est que c’était qu’un séminaire de formation et préciser en même temps notre mission y consistant ainsi dans la formation des membres aux idées socialistes à partir des apports marxisants et léninisant. Mais, qu’entendait-on par formation et former ?
- Dans le substantif formation, il y a deux sens : a1.Action de former quelque chose, par exemple, la formation d’un parti politique ;
a2.Ensemble des processus physiologiques par lesquels l’organisme arrive à l’état adulte : par exemple la formation d’un révolutionnaire rationnel, réfléchi, démocrate, humaniste ; b)dans le verbe former, il ya deux sens :
b2.Par exemple former un projet, une idée ;
b2.Création ordonnée d’une équipe. Par la suite, nous avons fixé nos attentes au terme de notre formation. C’est-à- dire, ce que nous espérions semer dans l’esprit des militants de l’UDS.
– Au terme de la formation, on attend livrer à la société congolaise non spécialement des militants, des combattants prêts à tout casser, mais plutôt des citoyens réfléchis, raisonnés, intelligents et moraux.
-Nous attendons former des membres différents, parce que nouveaux suivant l’approche révolutionnaire classique, dont l’essentiel de la lutte consiste avant tout dans l’approche épistémique (réflexif, rationaliste, éthico- moraliste) de la réalité politico-économico-sociologique de la RDC.
-Le facteur épistémique, réflexif, rationaliste, moraliste est le caractère dorénavant d’un membre de l’UDS, mais pas que la condition sine qua non de son adhésion au sein du parti.
– C’est la lutte contre l’abrutisme, la voyoucratie, la barbarie pour le développement et de la transformation de la capacité créatrice, productrice, inventrice des membres de l’UDS.
-Nous disons non à la formation au sein du parti des combattants ou des guerriers de rue agresseurs des femmes ou des paisibles citoyens, moins encore de voyous en culottes ou en cravates s’attaquant, sans motifs apparents, aux édifices de la république au nom d’on ne sait quelle hostilité contre les institutions républicaines en place, alors que la république, la nation, le pays sont sacrés.
-Enfin, il faudra à l’UDS, et au nom de l’intelligence de ce que Karl MARX et ses compagnons appelèrent le SOCIALISME SCIENTIFIQUE, des membres prioritairement acquis à la SCIENCE et à la SCIENTIFICITE, avant bien sûr de faire valoir leur militantisme, voire patriotisme.
Il nous avait fallu définir et expliquer l’expression socialisme scientifique est scientifique.
En indiquant que le socialisme scientifique s’inscrit dans le renouveau de la philosophie matérialiste induite par les nouvelles découvertes scientifiques et techniques. Son objectif final est d’apporter une réponse à la question sociale qui agitait le XIX SIECLE européen. Autrement dit une forme de pensée socialiste fondée sur une analyse à visée scientifique des réalités sociales, historiques et économiques.
SCIENTIFIQUE : science (du latin scientia, « connaissance », savoir) est dans son sens premier « la somme des connaissances » et plus spécifiquement une entreprise systématique de construction et d’organisation des connaissances sous la forme d’explications et de prédictions testables. SOCIALES : le terme société, en sciences sociales, désigne un ensemble de personnes qui partagent des normes, des comportements et une culture, et qui interagissent en coopération pour former des groupes sociaux ou une communauté.
HISTORIQUES : l’histoire est à la fois l’étude et l’écriture des faits et des événements passés quelles que soient leur variété et leurs complexités.
ECONOMIQUES : l’économie est une activité humaine qui consiste en la production, la répartition, l’échange et la consommation de biens et de services.
L’autre préoccupation a consisté à expliquer l’adversité du marxisme contre le capitalisme et son adoption du socialisme.
-Le Socialisme : il a deux sens substantif et politique : a)substantif, le socialisme est une doctrine d’organisation sociale qui attend faire prévaloir l’intérêt général sur les intérêts particuliers, au moyen d’une organisation concertée (opposé au libéralisme) ;b)politique et donc au sens marxiste, le socialisme est une phase transitoire entre la disparition du capitalisme et l’instauration du communisme.
-Le libéralisme : au sens large, le libéralisme prône une société fondée sur la liberté d’expression des individus dans le respect du droit, du pluralisme et du libre-échange des idées. La satisfaction et l’expression libre de 3 l’intérêt de chacun permet une société qui valorise les meilleures adaptations.
-Le Capitalisme : il y a deux sens a) CAPITALISME D’ETAT qui est un régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenu, les moyens de production et d’échange n’appartiennent pas à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail ;
- b) CAPITALISME ECONOMIQUE, qui est celui où les acteurs privés possèdent et contrôlent des biens conformément à leurs intérêts, et l’offre et la demande fixent librement les prix sur les marchés, de la meilleure manière qui soit pour la société. L’essence du capitalisme est la recherche du profit.
-Le Communisme : il a deux sens: a)comme substantif : le communisme est une organisation politique, sociale, fondée sur la suppression de la propriété privée au profit de la propriété collective :
b)comme politique marxiste : le communisme est un système social où les biens de production appartiennent à la communauté et qui vise la disparition des classes sociales, mais par le SEULE LUTTE. L’autre problème était de déterminer en quoi et pourquoi le marxisme-léninisme était la seule étape transitoire du socialisme pour le communisme mondial ?
-Il y a deux formes de matérialismes qui constituent l’intelligence globalisante de la pensée marxienne et marxiste : le matérialisme historique et le matérialisme dialectique.
-Matérialisme historique-Est une théorie marxiste de l’histoire d’après laquelle les faits économiques jouent un rôle déterminant dans les phénomènes historiques, politiques et sociaux.
-La LUTTE est le point focal de l’histoire de l’humanité selon l’idée que « ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais c’est plutôt la vie qui détermine la conscience », mais également que «Ce ne sont pas les idées qui sont prédominantes (SUPERTRUCTURE), mais les conditions matérielles et l’évolution des modes de production(INFRASTRUCTURE) ;tout dernièrement, dans un de nos nombreux articles dans La Prospérité, justifiant la réforme de l’Etat congolais du système électoral en système fédéral, et dans une conférence-séminaire en Master I et II de la faculté de Philosophie de l’UCC, nous indiquions comment « Ce ne sont pas les hommes qui développent ou transforment la société, mais les idées objectives dans leur essence praxéologique ».
En cela nous dépassions Marx notre maître, en synthétisant SUPERSTRUCTURE et INFRASTRUCTURE dans un DEUX-EN-UN où malgré tout l’INFRASTRUCTURE tient le dernier mot en qu’élément fondateur, détonateur, déclencheur, dynamiteur du mouvement et du progrès en tant que développement et transformation dans la société. Le Matérialisme dialectique.
-C’est le fait suivant lequel l’évolution quantitative des conditions, matérielles conduit à des évolutions qualitatives.
-Le matérialisme dialectique explique que la réalité objective est indépendante de notre pensée et qu’elle existait avant elle, et que cette réalité est reflétée dans notre pensée ou notre conscience.
-Le matérialisme dialectique a ses lois, qui nous apprennent que les choses ne sont pas éternelles : elles ont un commencement, une maturité, une vieillesse, qui se termine par une fin, une mort. TOUTES LES CHOSES PASSENT, PAR CES PHASES : NAISSANCE, MATURITE, VIEILLESSE, FIN-MORT.
-Le but de la dialectique dans le matérialisme consiste à analyser la réalité en mettant en évidence les contradictions de celle-ci et à chercher à les dépasser : THESE, ANTITHESE, SYNTHESE. En évoquant les principes du matérialisme, en général.
-Philosophiquement, le matérialisme est la doctrine selon laquelle il n’existe d’autre substance que la MATIERE.
-Le matérialisme s’oppose au DUALISME qui admet l’existence de deux substances distinctes : l’ESPRIT et la MATIERE.
-Pour ses pères fondateurs, dont DEMOCRITE, EPICURE, LUCRECE, la MATIERE constitue tout l’être de la réalité. C’est à partir de-là que naît et se fonde l’expression, enfin, du marxisme- 4 léninisme comme une expression qui revendique une filiation directe entre la pensée de Karl MARX et l’apport de LENINE à la théorie révolutionnaire communiste. Et que L’IDEOLOGIE DE LENINE, plaide en matière d’organisation du parti, pour l’unité de la volonté, soit l’organisation par l’avant-garde révolutionnaire d’une volonté unique qui devient dès lors « la volonté de la classe », les volontés individuelles disparaissant au profit de la volonté du parti. Il est absolument inadmissible, voire incompréhensible que des marxistes, qui ne sont pas nécessairement contre l’existence de Dieu, plongent, eux-mêmes, dans des religions qui les empêchent de raisonner, de réfléchir, de penser, alors que l’attribut recommandable de tout révolutionnaire est épistémologique. Les raisons sont multiples.
Nous en avions relevé celles-ci :
-La religion est avant tout l’OPIUMDUPEUPLE ; suspecte elle doit être éradiquée, supprimée, abolie, destituée.
-En effet, une critique marxienne de la philosophie du droit de HEGEL (1843) dit : «C’EST L’HOMME QUI FAIT LA RELIGION, CE N’EST PAS LA RELIGION QUI FAIT L’HOMME»; MARX en concluait que la religion était « Opium du peuple », c’est-à-dire UNESORTEDE DTROGUE, UN PARADIS ARTIFICIEL, EMPÊCHANT L’INDIVIDU DE SETOURNERVERS LES V2RITABLES RESPONSABLES DE SA MISERE, DE L’INJUSTICESOCIALE.- Enfin à la suite de quoi nous nous sommes permis cette réflexion selon laquelle «Si Dieu n’a pas besoin de la religion pour exister, c’est-à-dire pour être ce qu’il est et doit être, pour sa part l’homme n’a pas besoin de Dieu et de religion pour afficher sa volonté, sa liberté et sa capacité praxéologique d’être-au-monde en tant que naissant, grandissant, évoluant, vieillissant et finissant-mourant ».
-En effet pour l’AUTEUR DU CAPITAL (ouvrage phare, 7 TOMES), « la religion est un NARCOTIQUE administré au peuple par les puissants pour qu’IL SUPPORTESAMISERE ». Le marxisme-léninisme revendique une filiation directe entre la pensée de Marx et l’apport de Lénine 1 à la théorie révolutionnaire communiste.
Apparu après la mort de Lénine, il fut jusqu’aux années 1970 l’idéologie officielle de la tendance prépondérante du mouvement communiste, des partis et des Etats alignés sur l’URSS ou sur la république populaire de Chine.
L’expression est utilisée pour désigner non seulement l’interprétation du marxisme par Lénine, mais également la mise en orthodoxie du léninisme par Joseph Staline ; pendant la période stalinienne, elle finit par se substituer à celle de léninisme. L’appellation « marxiste-léniniste » désigne alors de manière générale l’idéologie en vigueur et obligatoire en URSS comme dans les partis membres de l’Internationale communiste et, plus spécifiquement, l’interprétation stalinienne de la pensée léniniste, toutes les autres —notamment, le trotskisme — étant stigmatisées comme hérétiques. Après 1945, le marxisme-léninisme devient l’idéologie dont se réclament les autres régimes communistes, et le demeure après la déstalinisation. Il connaît cependant, dans son contenu doctrinal, de nombreuses variations au gré des contextes nationaux —le maoïsme, le hoxhaïsme, comme le titisme se réclament de lui, tout comme le juche à ses débuts — et des impératifs du moment, la nature de l’orthodoxie pouvant varier en fonction des intérêts des régimes en place. Le marxisme-léninisme a été la doctrine officielle des pays du bloc de l’Est jusqu’à la fin de la guerre froide. Le marxisme-léninisme continue de faire partie des références de certains partis ou groupes staliniens.
Sur le plan philosophique, Lénine se conforme au matérialisme dialectique, outil d’analyse censé s’appliquer à l’ensemble de la réalité, et s’appliquer aussi bien à la philosophie qu’à la science et à tous les domaines. Dans Matérialisme et 5 empiriocriticisme (1909), il affirme la nécessité de « l’esprit de parti en philosophie», c’est-à-dire, de choisir son camp entre « droite » et « gauche » : la conception léniniste de l’organisation politique, dont les fondements sont la séparation en deux camps radicalement opposés et une stricte discipline du camp révolutionnaire, est donc, étendue sur le plan des idées. Pour Lénine, le matérialisme dialectique permet de faire de la représentation en général un reflet de la réalité objective : la pensée humaine est par conséquent capable d’atteindre « la vérité absolue qui n’est qu’une somme de vérités relatives ». Lénine conçoit la pensée marxiste comme étant elle- même d’essence scientifique, le matérialisme ne pouvant qu’être confirmé par les sciences. Lénine, tout en prônant la mise en place d’un régime démocratique, se positionne à l’encontre de la démocratie parlementaire et ignore la notion de pluralisme
- La révolution d’Octobre, officiellement réalisée au nom des Soviets (conseils ouvriers censés détenir le pouvoir), se solde par un pouvoir sans partage du Parti communiste, dont le Politburo constitue le véritable gouvernement de la Russie soviétique.
En 1921, Lénine fait voter, lors du Xe congrès du Parti communiste, une résolution selon laquelle « le marxisme enseigne que seul le parti politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire, le Parti communiste, est en mesure de grouper, d’éduquer et d’organiser l’avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses ». Alors que Marx n’avait jamais rien écrit de tel, la conception léniniste du rôle dirigeant du Parti est par conséquent élevée au rang d’élément de la « pensée marxiste », consacrant dans les faits le régime du unique. La référence à la pensée de Lénine – dès lors que ce dernier est écarté par la maladie – devient, pour les dirigeants de l’URSS et du Parti communiste- Staline, Trotski, Zinoviev, Kamenev, Boukharine… – une manière d’affirmer leur légitimité dans la perspective de la succession. C’est toutefois Staline qui s’impose comme gardien officiel de l’orthodoxie léniniste en prononçant en 1924, à l’université Sverdlov, une série de conférences sur les « principes du léninisme », dont le texte, clair et accessible à un large public, est, ensuite, recueilli dans une brochure largement diffusée. Staline est le premier à donner une définition synthétique du « léninisme », qu’il définit comme « le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne. Plus exactement : le léninisme est la théorie et la tactique de la révolution prolétarienne en général, la théorie et la tactique de la dictature du prolétariat, en particulier ».
Contestant le caractère propre à la Russie de la pratique de Lénine, Staline décrète que le léninisme a une portée universelle et doit s’appliquer « de manière obligatoire » à la situation politique de tous les pays, sans exception. Les conceptions de Lénine s’étaient déjà imposées à l’ensemble des partis composant l’Internationale communiste, au détriment des approches « gauchistes » comme le communisme de conseils, les autres courants communistes étant exclus ; le léninisme est désormais élevé au rang de doctrine codifiée de manière rigide. Les schémas d’analyse marxistes, le matérialisme historique et le matérialisme dialectique (intronisé philosophie obligatoire pour tout communiste) sont résumés de manière sommaire, sous forme d’une série de causalités rigides et mécaniques ; le léninisme fait dès lors figure de « prête-nom » pour le stalinisme. Staline publie ensuite d’autres ouvrages: le Précis d’Histoire du Parti communiste (bolchevik) de l’URSS, réécriture à son profit de l’histoire du mouvement, et Les Questions du léninisme, recueil de textes régulièrement réédité et augmenté de ses réflexions sur les problèmes d’actualité2,19. Karl Marx a abordé à la fois la philosophie, la sociologie, l’analyse économique du capitalisme dans le cadre du matérialisme et de la science. Il a appliqué, toujours 6 dans le cadre matérialiste, une analyse critique des pensées de Pierre-Joseph Proudhon, Hegel, Ludwig Feuerbach, etc. Il a donc construit une nouvelle conception d’étude des sociétés que l’on nomme conception matérialiste de l’histoire. Dans le cadre éthique, il milite pour le projet révolutionnaire communiste, c’est- à-dire une société débarrassée du salariat, du capitalisme, des classes sociales, des Etats, et des frontières. Dans le cadre de la Ligue des communistes, Engels, Wilhelm Wolff, Marx et quelques autres y visaient à soumettre « à une critique impitoyable le mélange de socialisme ou de communisme anglo-français et de philosophie allemande, qui formait alors la doctrine secrète de la Ligue » ; ils y établissaient que « seule l’étude scientifique de la structure de la société bourgeoise pouvait fournir une solide base théorique ». Ils y exposaient enfin « sous une forme populaire qu’il ne s’agissait pas de mettre en vigueur un système utopique, mais d’intervenir, en connaissance de cause, dans le procès de bouleversement historique qui s’opérait dans la société».
Ainsi, dans les Manuscrits de 1844, Marx écrit : « Le communisme est la forme nécessaire et le principe dynamique de l’avenir immédiat, mais le communisme n’est pas en tant que tel ni le but du développement humain ni la forme de la société humaine ». En 1845, dans L’Idéologie allemande, pour Marx et Engels, «le communisme n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer ». Ils appellent « communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent actuellement ».
En 1847, Engels définit ce mouvement réel dans le premier des Principes du communisme, « Qu’est-ce que le communisme ? » : « le communisme est l’enseignement des conditions de la libération du prolétariat ». Dans le Manifeste du parti communiste en 1848, Marx et Engels remarquent que « le communisme, ce n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais, l’abolition de la propriété bourgeoise », condition de la libération du prolétariat.
Par conséquent : « Le communisme n’enlève à personne le pouvoir de s’approprier des produits sociaux ; il n’ôte que le pouvoir d’asservir à l’aide de cette appropriation le travail d’autrui ». En 1875, Marx indique dans un de ses derniers textes (la critique du Programme de Gotha) sa vision du communisme : « Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l’asservissante subordination des individus à la division du travail et, avec elle, l’opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre mais, deviendra lui-même le premier besoin vital ; quand, avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement l’horizon borné du droit bourgeois pourra être définitivement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! » Donc le marxisme est un courant de pensée politique, sociologique, philosophique, historique, anthropologique et économique fondé sur les idées de Karl Marx (et dans une moindre mesure de Friedrich Engels) et de ses continuateurs. Politiquement, le marxisme repose sur la participation au mouvement réel de la lutte des classes, afin de parvenir à une société sans classes sociales, sans patriarcat, démocratique, mettant fin à l’Etat et basée sur la propriété collective et démocratique des moyens de production en tant qu’étape succédant au capitalisme : le communisme. À la différence de l’anarchisme qui propose 7 d’atteindre le même but par la démocratie directe, le marxisme fait reposer son action sur le concept de dictature du prolétariat.
En effet, Karl Marx considère que « l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », donc que c’est par l’action collective que l’organisation économique et sociale peut et doit être changée.
- LE MATERIALISME HISTORIQUE
1.1. Qu’est-ce le matérialisme historique ? Le matérialisme historique, ou conception matérialiste de l’histoire, est une méthode marxiste d’analyse de l’histoire, dans une perspective matérialiste. Elle induit l’idée, présente dans les écrits de Karl Marx et Friedrich Engels, que les événements historiques sont influencés par les rapports sociaux, en particulier les rapports entre classes sociales, donc par la situation réellement vécue par les êtres humains. Cette conception accorde une part essentielle à l’économie dans les transformations du monde. Maximilien Rubel définit la conception matérialiste de l’histoire comme un « instrument de connaissance et d’explication de la réalité sociale et historique». Le matérialisme historique apparaît à la fois comme une vue économique de l’histoire et comme une vue historique de l’économie : il participe de la philosophie de Marx et Engels en exposant comment la production des moyens d’existence a bouleversé la place de l’homme dans la nature. Faisant partie intégrante de l’école dite du socialisme scientifique , il constitue le versant sociologique du marxisme.
1.Sa définition originelle
Karl Marx et Friedrich Engels entreprennent de bâtir une conception cohérente de l’histoire alors qu’ils rédigent, en 1845-1846, L’Idéologie allemande. L’ouvrage reste longtemps inédit et n’est publié dans sa version intégrale qu’en 1932. L’effet de cette réflexion, qui aboutit à l’exposé des principes fondamentaux de la conception matérialiste de l’histoire, se ressent cependant dès lors sur les œuvres postérieures, dès l’époque de la rédaction du Manifeste du Parti communiste. Marx rompt avec les conceptions « idéalistes » du mouvement historique que l’on trouve chez Hegel et Proudhon ; lui-même n’emploie pas le terme de « matérialisme historique» mais, l’expression de « conception matérialiste de l’histoire ». En 1859, Marx fait précéder le premier fascicule de sa Contribution à la critique de l’économie politique d’un avant- propos dans lequel il détaille ce qui sert de « fil conducteur » à ces travaux : dans ce texte, il résume ce qui prend par la suite le nom de « matérialisme historique». L’expression, elle-même, est créée par Engels en 1892. L’idée fondamentale de Marx est que « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. ».
1.2. Quelle est la vision sociétale du matérialisme historique ? La conception matérialiste de l’histoire cherche à analyser les causes des développements et des changements qui s’opèrent dans les sociétés. Une importance est notamment donnée aux conditions d’existence réelle des êtres humains, aux rapports entre les classes sociales, et à leur influence sur les évolutions historiques.
L’évolution de chaque mode de production s’est déroulée de manière dramatique, sous le signe de conflits multiples et de l’exploitation de l’homme par l’homme. Dans l’optique marxiste, la lutte des classes, que Marx et Engels considèrent comme la clé de l’économie politique, est le principal moteur du 8 déroulement de l’histoire : structurante, générale, elle existe dans toutes les sociétés et prend une forme particulière dans la société capitaliste, où elle oppose le prolétariat à la bourgeoisie. Ce rôle de moteur de l’Histoire est résumé ainsi dans le Manifeste du Parti communiste : « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes » (même si une note d’Engels nuance ce propos). Selon André Piettre, dans la perspective marxiste, les rapports économiques évoluent selon une dialectique de rapports de force, suivant la lutte perpétuelle des puissants et des faibles, les premiers exploitant les seconds : l’histoire n’est pas menée par le mouvement des idées, mais en premier lieu par les données matérielles et leurs luttes intestines.
Selon Anton Pannekoek, « le matérialisme historique retourne aux causes d’où proviennent ces idées : les besoins sociaux qui sont déterminés par les formes de la société »].
Dans la perspective du matérialisme historique, l’histoire résulte du lien que les hommes entretiennent avec la nature : dès lors que le premier outil est créé, la transformation du milieu naturel débute. L’histoire commence vraiment lorsque des changements culturels résultent de la création de l’outil, qui était initialement destiné à répondre à des besoins sociaux élémentaires. L’évolution culturelle des sociétés humaines est donc indissociable de son environnement technique, et par conséquent du développement de ses structures économiques et sociales. Dans la société humaine les individus entrent dans des rapports déterminés, qui sont des rapports sociaux, dont ils ne peuvent se séparer et dont dépend leur existence : ces rapports ne sont pas créés par leur conscience, mais constituent l’être social de chaque individu (« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience », selon Marx), l’homme est le produit de son milieu. Les hommes produisent leur vie, dépassant par là le stade de la vie animale(naturelle) sans pour autant pouvoir s’affranchir totalement de leur rapport à la nature : les rapports fondamentaux de toute société sont donc les rapports de production, qui constituent sa structure essentielle. Les rapports de production sont constitués de trois facteurs ou éléments : les conditions naturelles, les techniques, et enfin, l’organisation et la division du travail social (salariat, esclavage, servage…). Les forces productives regroupent les prolétaires (les travailleurs, le travail direct) et le capital (la machine, l’outil, le travail indirect, le capital constitue les forces productives matérielles). Les rapports de production ont tendance à la conservation tandis que les forces productives matérielles sont en constante évolution du fait du progrès technique.
Les rapports de production deviennent ainsi un frein à l’Histoire et doivent être modifiés afin de permettre sa bonne marche. Un bouleversement de ces rapports de production peut signifier la domination officieuse d’abord d’une nouvelle classe (la classe bourgeoise contrôle de facto la vie économique des différents pays européens dès le XVIIe siècle), pour ensuite se traduire par une domination officielle et politique de cette nouvelle classe. La révolution française est considérée comme une révolution bourgeoise par Marx, parce qu’elle renverse la féodalité et la domination de l’aristocratie et préfigure la domination de la classe bourgeoise et l’avènement de l’âge du salariat. La société est donc comparable à un édifice dont l’infrastructure, ou le soubassement, est représenté par les forces économiques, l’activité de production et tout ce qui gravite autour ; tandis que la superstructure (soit l’édifice lui-même) correspond aux idées, aux mœurs, aux institutions politiques, religieuses, etc. Aux superstructures politiques et juridiques correspondent des états déterminés de la conscience individuelle.
En somme la superstructure est l’ensemble des idées et des institutions qui viennent justifier l’infrastructure. C’est une culture de classe qui est transmise au peuple et qui permet de pérenniser les formes de l’activité de production, d’asseoir la domination de la classe en question et de justifier l’ordre des choses. Antonio Gramsci consacrera plus tard une grande partie de son travail à l’analyse de cette superstructure.
La société comprend donc trois éléments, les forces productives, les modes de production, et la superstructure. Ces éléments sont distincts, bien que liés, et se trouvent en interaction et en conflits incessants : chaque mode de production est poussé, à travers les contradictions, les conflits et les interactions de facteurs complexes, vers sa croissance, son apogée puis son déclin. Les forces productives, à chaque moment de leur croissance, fournissent la base sur laquelle s’établissent les rapports de production ; c’est sur cette même base que s’élabore la superstructure sociale. Chaque société peut se caractériser à un moment donné par son mode de production. Un mode de production est un ensemble constitué par les forces productives et les rapports sociaux de production.
A chaque étape de l’évolution sociale, le mode de production traduit un état de la société. Le mode de production est social car sans les forces productives, il ne saurait être question de production. Le mode de production ne peut donc être réduit à son seul aspect technique. Les forces productives regroupent les instruments de la production, la force de travail des hommes, les objets du travail, les savoirs et les techniques en vigueur, l’organisation du travail. À l’occasion de ces activités de production, les hommes nouent entre eux des relations sociales. Le mode de production est un des concepts fondamentaux de Marx. La succession des modes de production peut être schématisée de la manière suivante : du communisme primitif on passe au mode de production esclavagiste, féodal, capitaliste, et enfin socialiste / communiste (les deux termes sont alors synonymes).
Dans la société communiste, la contribution productive pourra mettre en application le principe résumé dans la formule: «De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Toutefois, Marx s’inscrit dans une pensée dialectique, à l’opposé du mécanisme présent dans les matérialismes antérieurs, c’est-à-dire qu’il voit la conscience comme rôle déterminant dans le déroulement de l’histoire. C’est grâce à la conscience que le prolétariat se transforme d’une classe en soi en classe pour soi, c’est-à-dire, qu’elle devient une classe consciente de ses intérêts de classe : socialiser les moyens de production[socialisme] dans le but de développer au maximum les forces productives jusqu’à la profusion des biens, l’extinction des différences de classe et la dissolution de tout pouvoir politique durant la phase transitoire de dictature du prolétariat. L’histoire reste une somme de contingences soumises aux aléas de la lutte des classes.
L’histoire n’est donc pas un évolutionnisme linéaire entre modes de production mais, une transformation dialectique avec en son centre la prise d’une conscience de classe aux prises avec les fluctuations des luttes de classes à des moments donnés de l’histoire.
En se développant, les forces productives entrent de plus en plus en contradiction avec les rapports sociaux de production qui n’évoluent pas au même rythme.
Au-delà d’un certain seuil, le système est bloqué. Une époque de révolution sociale débute qui a pour fonction de faire disparaître les rapports de production anciens pour permettre le développement de rapports plus conformes au niveau atteint par les forces productives. Schématiquement, la vision marxiste de l’histoire repose sur les principes suivants :
3.1.le moteur de l’histoire est l’évolution des forces productives matérielles, soit la « structure économique » de la société.
3.2.A chaque situation des forces productives correspond une certaine situation des rapports de production, c’est-à-dire, de mode de propriété, ou de répartition de la propriété des instruments de 10 production (terre, matières premières, machines, moyens de transport et de communication, etc.), soit l’existence d’une classe de propriétaires/exploitants et d’une classe d’exploités.
3.3.A chaque situation des rapports de production correspond une « superstructure juridique et économique » à laquelle correspondent « des formes de conscience sociale déterminées » (religion, art, philosophies, théories politiques). Ces dernières sont mises en place par la classe dominante afin de légitimer sa domination.
Tandis que les forces productives matérielles évoluent en permanence sous l’effet du progrès technique, les rapports de production ainsi que la superstructure (institutions et théories dominantes) ont une tendance à la conservation.
Le maintien de ces rapports devient une « entrave » à la marche naturelle de l’histoire.
La contradiction entre l’évolution des forces productives et le maintien de rapports de production et d’une superstructure inchangés ne peut se résoudre que par le biais de la lutte des classes et plus précisément l’action consciente de la classe qui devrait bénéficier du nouveau rapport de production. Cette action volontariste ne comporte pas nécessairement une part de violence bien que ce soit de cette façon qu’ait été interprété Marx concernant la nécessité de la Révolution. La Révolution permet d’adapter les rapports de production (modes de propriété) et les superstructures de la société à l’état des forces productives matérielles.
3.4.A la lumière du matérialisme historique, des auteurs marxistes ont divisé l’histoire humaine en cinq grandes phases, correspondant chacune à une certaine étape du développement des forces productives et des rapports de production: Dans la préhistoire, considérée comme la période du communisme primitif, le travail se fait en commun, ce qui conduit à la propriété commune des moyens de production et des fruits de la production. Il n’y a donc pas de classes sociales. L’apparition du mode patriarcal de production fait cependant bientôt apparaître une forme déterminée de production (propriété de la famille, au sens très large) et une différenciation de fonction et de classes (domination des hommes, autorité du patriarche ou du père de famille…).
Le progrès technique (agriculture et élevage, métallurgie et céramique, commerce, division du travail) permet l’accumulation de richesse aux mains de certaines personnes et donc l’apparition d’une classe sociale de propriétaires. Ceux- ci deviennent propriétaires de la principale force de production, les hommes, sous la forme de l’esclavage. C’est l’antiquité, ou « régime de l’esclavage », sous laquelle se forme une classe de maîtres. Le progrès technique exige plus d’intelligence et de motivation de la part du travailleur, ce qui conduit le nouveau propriétaire, le seigneur féodal, à lui accorder plus d’autonomie en transformant son statut d’esclave en celui de serf. Le christianisme, qui a milité en ce sens au haut Moyen Âge, n’est qu’un des éléments de la superstructure de la société au service de la classe dominante.
C’est le Moyen Âge, ou « régime féodal » : sous l’économie féodale, une classe militaire(guerrière) exploite une masse de producteurs isolés et attachés au sol.
Le progrès technique (machines agricoles et industrielles) exige ensuite des travailleurs, à la fois, cultivés et libres pour comprendre et piloter efficacement les machines.
Les révolutions bourgeoises libérales (telle la Révolution française de 1789) vont accomplir cette libération juridique (formelle). Les propriétaires vont abandonner la propriété sur les hommes pour conserver celle sur les forces productives: les machines. Par conséquent, le lien de subordination économique des travailleurs demeure. C’est le « régime capitaliste ». Il s’agit là d’un schéma très général, sachant que l’ordre de succession ne s’est déroulé que théoriquement, et dans les meilleures conditions historiques, à savoir en Europe occidentale.
3.5.A partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, le progrès technique a permis la mise en place de forces de production collectives (les grandes entreprises, les usines géantes) tandis que la propriété des moyens de production est restée privée. Le prochain développement de l’histoire doit donc être dans la théorie marxiste le renversement du rapport de production et de la superstructure capitaliste et son remplacement par des rapports de production collectifs : la preuve de l’inadaptation des rapports de production se trouve dans les crises économiques qui secouent régulièrement le monde capitaliste. Ces dysfonctionnements, qui résultent de la mauvaise répartition des produits, et de la baisse tendancielle du taux de profit auront pour résultat la disparition de la bourgeoisie, par le biais des armes économiques qui lui ont permis naguère de remplacer la noblesse. 3.6.Compte tenu de la résistance opposée par la superstructure capitaliste(l’Etat), ce renversement doit s’effectuer par une révolution prolétarienne comportant une part de violence. Doit être instaurée une brève dictature du prolétariat, de façon à consolider son pouvoir : cette dictature devra abolir la propriété privée des moyens de production, mesure qui aura pour effet d’abolir les classes sociales (plus de possédants et plus d’exploités). L’histoire de l’humanité va prendre alors un tournant nouveau. La disparition de toutes classes va, selon les mots d’Engels, « libérer en même temps, et pour toujours, la société tout entière de l’exploitation, de l’oppression et des luttes de classes ». A compter de l’établissement de cette société sans classes, va commencer la longue phase « d’édification du socialisme ». Cette phase passée, l’Etat, anciennement instrument de domination, peut alors du fait de son inutilité croissante lentement se dissoudre, laissant la place à la « phase supérieure» de la société communiste, soit le communisme intégral, au sens premier du terme. Puisque c’est le milieu qui détermine la conscience des individus, une société foncièrement bonne, libérée de toute tentation liée à la propriété, et ayant pour valeurs, le travail et l’altruisme, voit l’émergence d’un homme nouveau altruiste et bon. L’État n’a plus aucune tâche à remplir, il est devenu inutile et peut se dissoudre.
C’est la phase finale de toute l’entreprise communiste, qui succède aux deux précédentes: la dictature du prolétariat et l’édification du socialisme.
- LE MATERIALISME DIALECTIQUE
1.Quelle est la vision dialectique de l’histoire ? Marx et Engels reviennent à partir de la fin des années 1850 à une méthode dialectique, reprise à Hegel et qui imprégnera par la suite le marxisme. Le mouvement de l’histoire peut dès lors se résumer également sous une forme correspondant à la triade thèse-antithèse-synthèse : chaque mouvement (thèse)donne naissance à sa contradiction (antithèse), et il y a passage à l’échelon supérieur par la négation de la négation (synthèse).
A la thèse du communisme primitif originel succède l’antithèse de la propriété privée des moyens de production, dont découlent la lutte des classes et toute l’histoire de l’économie et des sociétés. Cette antithèse fera finalement place à la synthèse d’une société sans classes, qui formera le nouveau communisme, défini par le développement sans limites internes des forces productives, le dépassement des classes sociales, et l’organisation rationnelle des rapports de production correspondant au niveau atteint par les forces productrices. La connaissance rationnelle, en dominant l’ensemble du processus, permet de résoudre enfin les contradictions sociales.
Marx et Engels entreprennent également d’adopter, en philosophie, les enseignements de leur conception matérialiste de l’histoire, en évaluant objectivement les formations de la conscience en les rapportant à leur base réelle et 12 sociale. Ces travaux aboutissent, après la mort de Marx, à une élaboration matérialiste de la dialectique, qui reçoit par la suite le nom de matérialisme dialectique, concept rattaché au versant philosophique du marxisme.
2.Marxisme et aliénation du travail comme fétichisme de la marchandise K. MARX met en exergue le fait que dans une communauté de travail dominée par l’échange de marchandises, où l’homme ne produit pas pour ses besoins ou pour ceux de la collectivité à laquelle il appartient, mais pour le marché, le travail de chaque homme ne produit plus des valeurs d’usage mais des valeurs d’échange1. Pour R. Garaudy, le produit de l’homme, en devenant marchandise, est alors coupé comme tel de sa relation avec l’homme et dans un double sens, ci-après: premièrement l’homme est séparé du besoin, puisqu’il est destiné à un marché impersonnel ; secondement l’homme est séparé du travail, puisque le travail producteur de marchandise est également impersonnel, homogène et ne se distingue que par la quantité
- Pour K. Marx « Tout rapport d’échange est caractérisé par cette abstraction…il ne reste plus que le caractère commun des travaux : ils sont tous ramenés au même travail humain, à une dépense de force humaine de travail sans égard à la forme particulière sous laquelle cette force a été dépensée. »
- R. Garaudy explique donc à la suite de Marx qu’il ne s’agit pas d’une abstraction simplement pensée mais d’une abstraction réelle (indiquant que) cette réduction de tous les travaux individuels et vivants a un dénominateur commun, purement quantitatif, sans visage.
Dans la Contribution à la critique de l’économie politique, Marx montre que « c’est une abstraction qui s’accomplit quotidiennement dans la production sociale», la communauté marchande faisant « du travail isolé une fonction immédiate d’un membre de l’organisme social »
- R. Garaudy indique donc comment « Cette dépersonnalisation du travail et cette objectivation par laquelle le travail de chacun tombe dans cette quantification inhumaine résulte de la contradiction fondamentale de la société capitaliste qui donne un caractère social au travail (en transformant la société entière en une vaste entreprise commune de coopération) et en maintenant le caractère privé de l’appropriation (qui permet à quelques-uns de s’approprier le pouvoir collectif de l’humanité et de transformer ainsi ce pouvoir en une force extérieure et supérieure aux travailleurs)
5 . En effet, « La division du travail et l’échange, explique R. Garaudy, créent entre les hommes une solidarité que la propriété privée empêche de se réaliser. Dans une société marchande, où les forces productives sont devenues sociales alors que les rapports de production sont restés individuels, les rapports humains perdent leur transparence : les hommes ne sont plus liés directement liés entre eux mais, indirectement, par l’intermédiaire du marché où se produisent les collisions de leurs œuvres devenues des choses. Les rapports entre les hommes prennent l’apparence de rapports entre objets : la force de travail, propriété de l’individu vivant, devient, dans la production marchande un « quantum » abstrait, une chose, et le besoin, autre propriété de l’individu vivant est, lui aussi, devenu un quantum, une demande solvable mesurée en numéraire »
- Pour R. Garaudy, « Avec le capitalisme, le fétichisme de la marchandise a réalisé la plus grande inversion de l’histoire humaine : les choses régissent les hommes qui les ont créés. Le « renversement » marxiste ne consiste pas seulement à « remettre sur ses pieds» l’économie politique mais la société même qui l’a engendrée »
- S’agissant du capital, R. Garaudy montre la différence essentielle entre les théoriciens classiques et K. Marx : « Dans la théorie classique, indique-t-il, le capital, c’est du travail accumulé pour continuer et accroître la production (matières premières, instruments de travail, machines, etc.). Marx montre au contraire qu’un moyen de production ne devient capital que lorsqu’il est accaparé à titre privé par un individu, un groupe ou une classe.
Une somme de marchandises ou de valeurs devient capital par le fait « qu’elle se conserve et s’accroît comme une puissance sociale indépendante, c’est-à-dire comme la puissance d’une partie de la société, en s’échangeant contre le travail immédiat vivant »
- Pour R. Garaudy, Le capital n’est pas une chose mais un rapport social et il a un caractère historique. Ce qui revient à dire en d’autres termes que chez Marx « Le capital est un rapport social de production. Il est un rapport de production bourgeois, un rapport de la société bourgeoise.
Soulignant en des images simples ce double caractère Marx ajoute: «Le nègre est un nègre, ce n’est que dans des conditions déterminées qu’il devient esclave. Une machine à tisser le coton, est une machine qui sert à tisser le coton. C’est seulement dans des conditions déterminées qu’elle devient du capital. Arrachée à ces conditions elle n’est pas plus du capital que l’or, en lui-même, n’est de la monnaie ou que le sucre n’est le prix du sucre »
2.1.La production capitaliste comme production marchande en tant qu’échange Lecteur et commentateur attitré de K. Marx, R. Garaudy montre que «La production capitaliste est une production marchande : comme dans toute économie où domine l’échange, chaque producteur ne fabrique pas des produits destinés à satisfaire ses propres besoins ni ceux de ses voisins immédiats, mais des produits qu’il jette sur le marché pour les échanger contre d’autres produits dont il a besoin. Ces produits sont appelés dans ce cas des marchandises. La liaison entre les possesseurs de marchandises s’établit par le marché. Sur le marché, un objet peut s’échanger contre un nombre plus ou moins grand d’autres objets. La proportion dans laquelle se produit cet échange définit la valeur d’un objet ».
- Pour R. Garaudy, « Tout échange suppose un vendeur et un acheteur. L’acheteur, qui se place du point de vue du consommateur, considère dans une marchandise l’utilité qu’elle a pour lui. C’est ce qu’on appelle la valeur d’usage. Le vendeur, qui se place du point de vue du producteur, considère dans une marchandise le travail qu’elle lui coûte. C’est ce qu’on appelle sa valeur d’échange»
- Pour R. Garaudy, « L’échange a donc lieu entre de l’utilité et du travail. Entre les deux termes, il n’existe aucune commune mesure. En particulier, la valeur d’usage est une notion purement relative ; un verre d’eau, dans un désert, pour un homme qui meurt de soif, dépasse toute valeur.
Mais, il y a réduction au même dénominateur sur le marché, c’est-à-dire, en un lieu où un nombre indéfini de producteurs peuvent fournir la même marchandise et où un nombre indéfini de consommateurs veulent se la procurer. Imaginons des paysans apportant au marché du village les uns du beurre, les autres, des fromages : si le prix du beurre est très rémunérateur et celui des formages beaucoup moins, au marché suivant un grand nombre de paysans vont transformer leur lait en beurre et non en fromage. Alors le prix du beurre va diminuer, celui des fromages va augmenter »
- Mais, « Lorsque deux marchandises sont également rémunératrices, le producteur fabriquera évidemment celle qui exige le moins de travail. Le seul élément qui soit ainsi commun à des marchandises diverses, c’est le travail qu’exige leur production. L’on peut formuler ainsi la loi fondamentale des échanges : sur un marché, la considération de l’utilité n’intervient pas ; les marchandises s’y échangent selon le travail que leur production exige »
2.3.Rapport entre le travailleur prolétaire et le patron capitaliste comme source de l’aliénation du travail J-Y. Calvez montre donc comment, avant même d’analyser en détail le phénomène central de la production capitaliste, Marx avait pris la mesure de ce que sont ces deux hommes, le PROLETAIRE et le PATRON CAPITALISTE : d’un côté, les« ouvriers dépourvus de toute propriété » et d’un autre côté les « propriétaires». L’homme est ainsi radicalement divisé : la division qui est en chaque homme, et qui se transpose en une division qui oppose deux hommes ; et qu’il en est ici comme de la conscience de soi dans la philosophie de Hegel : avant d’atteindre à sa reconnaissance, la conscience de soi scindée et aliénée se partage entre plusieurs protagonistes qui représentent chacun un « côté » seulement de la vérité de l’homme, le maître et l’esclave. Le maître s’oppose à l’esclave, mais porte en lui-même, l’aliénation, et il en est de même de l’esclave, aux premières étapes de la dialectique célèbre
- Chez Marx, note donc J-Y Calvez, le propriétaire capitaliste joue le rôle du maître ; l’ouvrier dénié de toute propriété joue le rôle de l’esclave. L’un et l’autre portent en eux-mêmes l’aliénation dont leur opposition n’est que la manifestation extérieure. Ces deux hommes qui s’opposent sont le signe de la division qui est finalement en chaque homme, dans les conditions du capitalisme. Hegel, pour sa part, commençait sa célèbre description par les traits du maître et les caractéristiques de sa situation. Marx commence au contraire par camper le prolétaire
- Reprenant Marx qui montre comment « L’ouvrier s’appauvrit à mesure qu’il produit la richesse, à mesure que sa production gagne en puissance et en volume», J-Y. Calvez est du même avis que la production capitaliste entraîne d’abord l’appauvrissement continu de toute une partie de la population. Car, en réalité, l’ouvrier, poursuit-il, se perd lui-même dans le processus de production.
De telle sorte que pour Marx « Plus il crée de marchandises, plus l’ouvrier devient lui-même une marchandise vile. La dévalorisation des hommes augmente en raison de la valorisation directe des objets. Le travail ne produit pas seulement des marchandises, il se produit lui-même et il produit l’ouvrier comme des marchandises dans la mesure même où il produit des marchandises en général »
16 . Conséquence, note J-Y. Calvez, « L’ouvrier se perd comme homme et devient chose dans l’acte économique de production ».
17 . telle enseigne que chez Marx cette aliénation se présente sous un double aspect suivant : Premièrement « Le rapport entre l’ouvrier et les produits du travail comme objet étranger et comme objet qui le domine. Ce rapport est en même temps son lien avec le monde environnant sensible, avec les objets de la nature, monde sensible hostile à l’ouvrier »
18 ; secondement «Le rapport du travail avec l’acte de production à l’intérieur du travail. C’est la relation de l’ouvrier avec son activité propre comme une activité étrangère, qui ne lui appartient, une activité qui est souffrance, une force qui est impuissance, une procréation qui est castration »
- Pour J-Y. Calvez, c’est donc, à la fois, le rapport du travailleur avec le produit de son travail et son rapport avec ce travail lui-même qui portent la marque de l’aliénation. Il s’agit donc de ceci pour Marx de montrer que « L’objet que le travail produit, le produit du travail vient s’opposer au travail comme s’il s’agissait d’un être étranger, comme si le produit était une puissance indépendante du producteur »
- Qu’est-ce ça signifie ? Que pour Marx, commente J-Y. Calvez, l’ouvrier est d’abord aliéné par rapport à son produit ; que celui-ci lui échappe ; qu’aussitôt qu’il est créé, fait, l’ouvrier en est dépossédé ; que l’ouvrier ne perd pas seulement son produit, mais que son produit se présente en face de lui comme une puissance hostile : transformé en capital, poursuit J-Y. Calvez, il devient l’instrument d’exploitation de sa force de travail. Plus le capital s’accroît du fruit de son travail, et plus il se pose face à l’ouvrier en maître, plus l’ouvrier doit en passer par ses conditions, car, une fois que le capital domine le système économique tout entier ou presque tout entier, l’ouvrier ne peut plus vivre qu’en se louant à lui. Le produit du travail devient ainsi, en face de l’ouvrier, objet (Gegen-stand), il se tient en face de lui comme une chose qui ne lui appartient pas et à laquelle il se trouve opposé comme sujet »
- Pour J-Y. Calvez, les conséquences de ce processus ne tardent pas à se faire jour, au point que pour Marx « La réalisation du travail prend l’aspect de la dé- réalisation à un degré tel que l’ouvrier se voit dépouillé de sa réalité au point de mourir affamé. L’objectivation prend l’aspect de la perte de l’objet à un degré tel que l’ouvrier est dépouillé non seulement des objets nécessaires à la vie, mais encore des objets même du travail. Bien plus, le travail devient lui-même un objet dont il ne parvient à s’emparer qu’au prix d’un immense effort et avec des interruptions très irrégulières. L’appropriation de l’objet se manifeste si bien comme aliénation que plus l’ouvrier produit d’objets, moins il peut en posséder, et plus il tombe sous la domination de son produit qui est le capital »
- Pour J-Y. Calvez il s’agit là d’une situation contradictoire tant du capital, qui ne peut subsister comme capital qu’en accroissant la misère de l’ouvrier, que de l’ouvrier, qui ne peut subsister comme ouvrier qu’en accroissant le capital. Richesse et misère à la fois. Et la richesse croît dans la même proportion que la misère. K. Marx écrit montre comment « Certes, le travail produit des merveilles pour les riches, mais pour le travailleur il produit le dépouillement. Il produit des palais, mais pour l’ouvrier il produit des taudis. Il produit la beauté, mais pour l’ouvrier c’est l’infirmité. Il remplace l’ouvrier par les machines, mais il rejette une partie des ouvriers vers un travail barbare et transforme l’autre moitié en machines. Il produit l’esprit, mais pour
l’ouvrier, il produit l’absurdité, le crétinisme »
23 . J-Y Calvez montre que c’est, en revanche, dans l’acte de production, que pour Marx, l’aliénation atteint son point culminant. C’est dans l’acte de production qu’il en est véritablement aliéné eu égard à son propre produit. Chez K. Marx cette situation, explique J-Y Calvez, se passe de la façon suivante : « Premièrement, le travail est extérieur à l’ouvrier, c’est-à-dire, il n’appartient pas à son être ; par conséquent il ne s’affirme pas dans son, bien au contraire il s’y renie ; loin d’y être heureux, il s’y sent malheureux ; il n’y développe aucune énergie libre, ni physique, ni morale, mais, y mortifie son corps et y ruine son esprit. Et c’est pourquoi l’ouvrier ne se sent lui que lorsqu’il a quitté son travail ; quand il travaille, il ne se sent pas « à la maison»
- Et Marx d’ajouter : « Son travail par conséquent n’est pas volontaire, mais forcé; c’est du travail forcé. Il n’est donc pas la satisfaction d’un besoin, mais un moyen pour satisfaire des besoins extérieurs à lui-même. Que le travail soit parfaitement étranger à l’ouvrier nous est clairement démontré par le fait qu’on fuit devant le travail comme devant la peste, quand il n’existe pas de contrainte physique ou autre.
Le travail extérieur, le travail dans lequel l’homme sort de lui-même, est un sacrifice de soi, une mortification » 25. Finalement, le travail, extérieur à l’homme, imposé à l’homme, n’est plus même son travail, car pour Marx « L’extériorité du travail par rapport au travailleur apparaît en ce que le travail n’est pas à lui, mais à un autre, qu’il ne lui appartient pas, que dans son travail il ne s’appartient pas, mais qu’il appartient à un autre. De même que, dans la religion, l’activité propre de l’imagination humaine, du cerveau humain et du cœur humain, agit indépendamment de l’individu, elle est comme une activité étrangère, divine ou diabolique, s’exerçant sur l’individu, de même l’activité de l’ouvrier n’est pas son activité propre, elle est à un autre, elle est la perte de son individualité »
26 . De la sorte, commente J-Y. Calvez, le travail, activité proprement humaine de l’homme, assurant sa domination sur le monde naturel et sa supériorité sur le monde animal, échappe ici à l’ouvrier : car celui-ci n’accomplit pas son travail, mais un travail qu’il a vendu et aliéné, un travail qui ne lui appartient plus, parce qu’il a loué pour un temps donné sa force de travail. De même, de cette aliénation d’une activité essentiellement humaine il résulte que les autres activités de l’homme perdent en l’ouvrier tout leur caractère de « culture » humaine et sont rabaissées à l’animalité. L’homme, privé de son propre travail, se retrouve exclusivement dans l’exercice de ses fonctions inférieures ; mais celles-ci, exercées comme des fins en elles-mêmes, sont proprement instinctives ou animales : la liberté qui y cherchait un refuge, disparaît en réalité
27 . Ces deux types d’aliénation qui viennent d’être examinées par rapport à l’acte de travail et l’acte de production en cachent deux autres primo l’ALIENATIONDEL’HOMME PAR RAPPORT A LA NATURE et l’ALIENATION DE L’HOMMEPARRAPPORT A L’AUTRE HOMME. La première est « L’aliénation de l’homme par rapport à son produit implique l’aliénation par rapport à la nature. Celle-ci prend pour l’homme figure d’ennemie. C’est sur la nature que s’exerçait le travail ; l’homme s’objectivait en elle ; il produisait en quelque sorte la nature ou plutôt la reproduisait à travers chaque produit particulier de son activité. Mais, lorsque son produit lui est enlevé, c’est la nature tout entière qui cesse d’être sienne
28 . Quant à la seconde aliénation, elle est « L’aliénation de l’homme par rapport à l’homme, dernière caractéristique du travail aliéné pour l’ouvrier, est le signe d’une réciprocité entre la condition de l’ouvrier non-propriétaire et celle du propriétaire, qui est un autre homme, son opposé. C’est ainsi que l’aliénation du travail aboutit à une polarisation des caractères de l’humanité, qui se répartissent sur deux groupes d’hommes, différents et directement opposés. Les uns et les autres ont une humanité tronquée »
29 . En d’autres termes, J. Y. Calvez indique que le propriétaire, l’autre homme qui apparaît face au travailleur, souffre d’une aliénation semblable à celle de l’ouvrier, mais semblable sur un mode inverse. 28 CALVEZ J-Y, p.141 29 CALVEZ J-Y., p.142 18 III DU VOCABULAIRE MATERIALISTE MARXISANT COURANT1.Le Travail. Le travail n’est pas seulement la transformation d’une donnée naturelle (car on pourrait alors le trouver également chez les animaux), il implique avant tout une faculté de représentation. La façon dont Marx va rendre compte de cette activité est totalement aristotélicienne en tant qu’elle commence par la représentation d’une fin, montrant par-là que la fin est en même temps principe. Le travail est donc d’abord une représentation compréhensive qui comprend la finalité de l’objet et diffère en cela de l’animal (l’écureuil conserve les noisettes par instinct et non par représentation sans cela il aurait déjà bâti des congélateurs à noisettes). Le produit du travail humain (expression redondante par ailleurs) doit donc exister idéalement dans la représentation du travailleur, autrement dit le travail vise idéalement un objet qui remplirait parfaitement une fonction. Dans le Chapitre VII du Capital, Karl Marx reprend donc ce schéma aristotélicien dans lequel il fait du travailleur celui qui se subordonne à la fin qu’il s’est lui-même donnée. Le travail est donc tel que l’individu s’identifie et se reconnaît dans ce qu’il a fait : en agissant, en travaillant, l’homme met en œuvre les facultés qui lui sont propres, découvre son pouvoir de conceptualisation et peut améliorer par là sa capacité de production. L’intelligence est donc révélée par cette activité en tant que l’homme actualise dans son travail des facultés qui lui sont propres, ce qui induit un processus d’identification : dans les produits du travail, l’individu trouve dès lors, une part de son identité. Comme le travail participe à l’identité de l’individu, on peut bien dire que le travail est non seulement de l’avoir (i.e. du produire) mais également de l’être, en cela il y a donc bien une dimension proprement ontologique au travail. C’est pour cela que Marx accuse le mode de production industriel et capitaliste d’aliéner les travailleurs.
En effet, le travailleur n’a plus, dans ce cas-là, de représentation compréhensive de ce qu’il fait puisqu’il en ignore le produit final et donc le pourquoi de son activité. L’enjeu lié à l’identité est donc ici annulé puisque le seul enjeu est celui de la rémunération. Ce qui est humain devient par-là animal, relevant d’un réflexe, d’un automatisme mécanique (cf. le film Les Temps modernes de Charlie Chaplin. En ce sens, on peut comprendre l’abolition de l’esclavage, non pas pour des soucis moraux mais bien pour des soucis économiques parce qu’il coûtait plus cher de maintenir les hommes dans l’asservissement dans le cadre de l’esclavage que dans celui du salariat (cf. le film Queimada de Gillo Pontecorvo avec Marlon Brando).
2.La plus-value et la paupérisation de la classe ouvrière 2.1.De la monnaie
Pour R. Garaudy, un rappel sommaire des grands traits de la théorie marxiste de la plus-value est indispensable pour comprendre la dialectique de la paupérisation de la classe ouvrière. R. Garaudy montre que « Jusqu’à la naissance du capitalisme, la monnaie n’était que l’équivalent des diverses marchandises dont elle facilitait l’échange : le possesseur de marchandises vendait ce dont il n’avait pas besoin pour acheter ce dont il avait besoin.
Au contraire, le capitaliste commence par acheter ce dont il n’a pas besoin lui-même (moyens de production, matières premières, etc.) pour vendre et retrouver la valeur investie dans l’achat, accrue d’un excédent »
- Il poursuit : « En moyenne, le capitaliste achète et vend les marchandises à leur valeur.
Dans les opérations de l’achat et de la vente, l’un des partenaires peut, grâce aux variations de l’offre et de la demande, gagner au détriment d’un concurrent mais, comme chaque capitaliste est tour à tour acheteur et vendeur, comme il bénéficie et pâtit tour à tour de ces oscillations momentanées, celles-ci ne peuvent pas expliquer les bénéfices de la classe capitaliste et ne peuvent expliquer que les modifications fortuites de la répartition des bénéfices entre les capitalistes »
- 2.2.De la force du travail de l’ouvrier Pour Garaudy, en suivant Marx, on ne peut expliquer les bénéfices capitalistiques par le processus de la circulation : « Notre possesseur d’argent, dit K. Marx, doit acheter les marchandises à leur prix et les revendre de même et enfin, d’opération, retirer plus de valeur qu’il n’en a jeté dans la circulation »
- Pour R. Garaudy, « Ce problème ne peut être résolu que si nous trouvons sur le marché une marchandise ayant la propriété de créer de la valeur. Or, la valeur est créée par le travail. De toutes les marchandises figurant sur le marché capitaliste, la force de travail est la seule qui puisse travailler. Elle est donc la seule qui puisse être la source de la valeur »
- Et « Cette marchandise, LA FORCE DE TRAVAIL DE L’OUVRIER a, comme toute marchandise, une valeur déterminée par le temps socialement nécessaire à sa production. L’ouvrier fournit chaque jour une certaine quantité d’énergie : pour la reconstituer, il consomme certains produits (ses moyens d’existence :logis, mobilier, vêtements, nourriture, etc.) et il doit, pour que la force de travail continue à affluer, se reproduire :il doit donc avoir les moyens d’entretenir sa famille. Enfin il a besoin d’un minimum de culture ou de savoir faire qui exigeront, pour les acquérir, du temps, c’est-à-dire des frais : plus l’ouvrier est « qualifié», plus le temps de travail socialement nécessaire consacré à l’apprentissage sera important. La valeur de tous ces moyens d’existence, c’est-à-dire le temps de travail socialement nécessaire à leur production, constituera la valeur de la force de travail »
34 . 2.3.De la plus-value De la sorte, explique R. Garaudy, « Le capitaliste embauchant un ouvrier,-c’est- à-dire achetant la marchandise « force de travail »,-peut en disposer à son gré: il va donc le faire travailler. Mais, la force de travail à la propriété de produire plus de travail qu’il n’en faut pour l’entretenir. Un statisticien américain établissait récemment que, dans l’état actuel de la technique et en tenant compte du niveau de vie moyen à notre époque, il suffirait de trois heures de travail par jour pour subvenir à tous nos besoins. Ainsi, après avoir travaillé dans des conditions normales, l’ouvrier aura remboursé au capitaliste la dépense effectuée quotidiennement pour reproduire sa force de travail. Mais, en l’embauchant, le capitaliste a acquis le droit de l’utiliser toute la journée, huit heures par exemple. Le patron va ainsi s’approprier gratuitement le produit de cinq heures de travail. CE PRODUIT, C’EST LAPLUS-VALUE, c’est-à-dire, la différence entre la quantité de travail fournie et la quantité de travail que nécessite la production de ce qui lui est donné comme salaire. Le rapport entre les deux termes (travail supplémentaire : cinq heures).
3.L’aliénation sociale
3.1.Le prolétariat et la lutte des classes Pour K. Marx, la naissance de la classe prolétarienne est liée à la naissance de la classe bourgeoise. Il indique donc comment « Les conditions bourgeoises de production et d’échange, les conditions bourgeoises de la propriété, la société bourgeoise moderne, qui a fait éclore, comme par enchantement, de si puissants moyens de production et d’échange, cela rappelle le sorcier impuissant à maîtriser les forces infernales accourues à son évocation »
- C’est donc en raison directe de sa vocation universelle, et de sa tendance à l’expansion mondiale et au progrès indéfini, commente J-Y. Calvez, que la bourgeoisie provoque l’avènement de la nouvelle classe ; qu’elle secrète en, quelque sorte cette classe, qui n’est qu’une forme renouvelée de classe barbare, mais qui, à la différence de groupes sociaux des anciennes barbaries, est universelle et radicale, comme la bourgeoisie qui lui a donné naissance
- Marx montre donc comment « Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent à présent contre la bourgeoisie, elle- même. Mais la bourgeoisie ne s’est pas contentée de forger les armes qui lui donneront la mort ; c’est elle encore qui a produit les hommes qui se serviront de ces armes,
-les ouvriers modernes, les prolétaires »
- 3.2.De l’universalité ouvrière Ce qui amène J-Y Calvez au constat selon lequel « Il y a un parallélisme entre le progrès de la bourgeoisie et celui du prolétariat : celui-ci n’est que l’envers de celle-là. Et si la bourgeoisie avait une vocation universelle, la vocation du prolétariat n’est pas moins universelle. Cependant, et c’est là une caractéristique décisive, l’universalité à laquelle est vouée la classe prolétarienne est toute négative, toute péjorative, à la différence de la mission optimiste de la bourgeoisie »
- Et d’ajouter comment ce caractère négatif apparaît à tous égards (…) en ce que le travail de l’ouvrier prend un caractère universel (…) c’est-à-dire indifférencié, informe, par suite de la division du travail et de l’avènement des tâches parcellaires. Marx montre comment « Le développement du machinisme et la division du travail ont fait perdreau travail des prolétaires tout caractère d’indépendance, et par suite, tout attrait pour l’ouvrier. L’ouvrier devient un simple accessoire de la machine, et on ne lui demande plus que le « coup de main » le plus simple, le plus monotone, le plus facile à apprendre »
- En d’autres termes, commente J-Y. Calvez, l’ouvrier lui-même devient un être abstrait. Il ne compte plus comme personne, mais seulement comme force de travail. Il est un frais de production parmi les autres. Le capitaliste tend à en réduire le coût.
D’où, la constatation de Marx suivant laquelle « Les frais que l’ouvrier occasionne se réduisent presque exclusivement au coût des moyens de subsistance dont il a besoin pour s’entretenir et perpétuer sa race. Or, le prix d’une marchandise, donc aussi le prix du travail, est égal aux frais de production de cette marchandise »
- Pour Marx, « L’industrie moderne a transformé le petit atelier du maître-artisan patriarcal en la grande fabrique du capitaliste industriel. Des masses d’ouvriers, entassés dans l’usine, y sont organisés militairement. Simples soldats de l’industrie, ces ouvriers sont placés sous la surveillance d’une hiérarchie complète de sous- officiers et d’officiers »
41 .3.3 De la déshumanisation ouvrière
Dans une fabrique, remarque J-Y. Calvez, l’ouvrier est déshumanisé ; les ouvriers deviennent des masses, c’est-à-dire le contraire d’une société.
Les personnes qui composent ces masses perdent tous les caractères qui les différenciaient antérieurement, de telle sorte que du jour où le machinisme permet l’utilisation de travailleurs de n’importe quelle qualité, les femmes sont mises au travail au même titre que les hommes, quand elles ne prennent pas leur place, et de même que « les différences de sexe et d’âge n’ont plus de signification sociale pour la classe ouvrière ». Ainsi, ne tenant aucun compte des différences naturelles, fondement indirect de maintes structures sociales, le capitaliste réduit tous les travailleurs à n’être que « des instruments de travail »
42 : il les voue à la plus stupide uniformité
43 . J-Y. Calvez montre donc comment « Essentiellement indifférencié en raison de la division du travail et de l’introduction du travail parcellaire, en raison de la tendance à traiter l’ouvrier comme un simple frais de production, en raison de la déshumanisation par l’usine qui prépare la constitution de « masses » anonymes, enfin en raison de l’uniformité introduite par le mode de travail, à l’encontre de toutes les différences naturelles et sociales qui distinguent les personnes, la classe ouvrière va jusqu’à perdre la personnalité même que semble lui conférer cet épithète : elle sert de refuge aux membres déclassés des anciennes classes entraînées dans la décadence par l’ascension capitaliste. Ceux-ci tombent dans le rang de cette masse sans forme : classes moyennes anciennes, petits industriels, commerçants et rentiers, artisans, paysans »
- K. Marx indique donc comment « Le prolétariat se recrute dans toutes les classes de la population »
- Paradoxe, commente J-Y. Calvez, d’une classe qui n’est que la résultante de la ruine de toutes les classes antérieures, et dont toute la personnalité est d’être le dénominateur commun et pourtant réel de toutes les classes qui ont perdu leur personnalité.
De telle sorte que c’est ce caractère indifférencié, massif et uniforme qui confère au prolétariat sa propre universalité, parallèle à la visée universaliste et conquérante de la classe bourgeoise, mais c’est une universalité dans la pauvreté, une universalité par défaut d’originalité et de personnalité.
En négatif, le prolétariat est tout ce qu’est à sa manière la classe bourgeoise
- Pour J-Y. Calvez « Cette situation détermine la signification politique de la nouvelle classe. Elle est l’envers de la classe bourgeoise, elle apparaît donc comme classe essentiellement dominée, en face d’une classe qui a accaparé le pouvoir. Elle est essentiellement en lutte : « Sa lutte contre la bourgeoisie, écrit Marx, commence avec son existence » Quant au développement progressif de sa situation politique fondamentale, il est l’approfondissement progressif de cette lutte, qui devient de plus en plus consciente d’elle-même et de plus en plus radicale »
- 4.La lutte des classes
Pour Karl Marx et Friedrich Engels, « l’histoire de toutes les sociétés humaines jusqu’à nos jours n’est que l’histoire de la lutte des classes» (même si dans une note ultérieure Engels nuance cette affirmation). Marx définit les éléments essentiels qui constituent une classe sociale. La position de l’individu dans les rapports de production (travailleur ou exploiteur) est, selon lui, le principal élément qui permet la définition de la classe sociale.
En même temps, Marx considère que pour qu’il y ait véritablement une classe, il doit y avoir une conscience de classe : la conscience d’avoir en commun une place dans la société. Marx a remarqué qu’il ne suffit pas que de nombreux hommes soient côte à côtes un même plan économique pour qu’un esprit de classe se forme. Selon Marx, les acteurs centraux de la lutte des classes sont, à l’époque capitaliste, les bourgeois et les prolétaires.
Le communisme constitue pour lui l’état de la société débarrassée des divisions en classes sociales, et donc une société sans lutte de classes.
Selon l’analyse marxiste, la classe dominante organise la société en protégeant du mieux possible ses privilèges. Pour cela, elle instaure l’Etat, l’instrument politique de sa domination : une police et une armée chargées de maintenir la sécurité et l’ordre public, l’ordre « bourgeois ». Marx parle également de « l’idéologie dominante ».
Dans toute société, il y a certaines idées, certaines croyances et certaines valeurs qui dominent la vie sociale et culturelle. Ces idées dominantes sont produites pour l’essentiel par la classe dominante. Dès lors, ces idées expriment majoritairement la domination de cette classe, c’est-à-dire, la justifient et s’efforcent de la pérenniser. Ces idées dominantes imprègnent les esprits, et ainsi les exploités ont souvent une vision du monde allant contre leurs intérêts réels. Karl Marx n’a pas « inventé » la lutte des classes.
En réalité, la lutte des classes a été théorisée bien avant lui, notamment, par les historiens de la Restauration (1814-1830) tels que François Guizot ou Augustin Thierry. L’apport fondamental de Marx, par rapport à ces historiens, est d’avoir démontré que la lutte des classes ne s’éteignait pas dans la Révolution française, mais que celle-ci se prolongeait dans l’opposition bourgeois/prolétaires à l’époque capitaliste. Ainsi la fin de la lutte des classes serait atteinte une fois les classes sociales éteintes, dans le communisme.
5.La place de l’Etat est vu par les marxistes comme l’outil d’exploitation des capitalistes afin d’empêcher l’insurgence populaire et la remise en cause du système en place. Certains tel que Paul Boccara vont même jusqu’à dire que l’État permet de retarder la crise finale du capitalisme en rachetant les entreprises les plus capitalistiques (autrement dit selon la théorie marxiste les entreprises ayant un taux de profit faible) afin de remonter le taux de profit moyen des capitalistes et ainsi retarder la baisse tendancielle des taux de profit (voir Capitalisme monopoliste d’État). Puisque l’État est une machine répressive qui va à l’encontre des libertés, il faut la suppression de l’Etat, condition incontournable pour l’avènement d’une société égalitaire et juste. Le dépérissement de l’Etat doit passer par plusieurs étapes: 1°Prise du pouvoir par le prolétariat : celui-ci soit s’empare des principaux leviers de commande de l’Etat (armée, police, administration, capitaux, banques), soit supprime l’Etat (divergence au sein des marxistes sur ce point).
2°Ensuite, il faut passer par une phase où les travailleurs détiennent l’ensemble du pouvoir (parfois appelée « dictature du prolétariat »).
Cette dictature du prolétariat est doublement légitime d’après le marxisme, parce qu’elle est le pouvoir des anciennes masses exploitées, et qu’elle permet de mettre fin à la division de la société en différentes classes sociales, permettant ainsi une véritable égalité. 3°Dans l’hypothèse léniniste de « l’Etat prolétarien », il faut que ce dernier disparaisse peu à peu. Seulement, on rencontre là un problème très difficile: comment gérer la vie sociale sans dominer, comment organiser sans exploiter ?
Au fond, comment réaliser une vraie démocratie ?
Pour cela, Lénine disait s’inspirer des 23 mesures prises par la Commune de Paris en 1871 qui étaient les suivantes : tous les représentants politiques de la collectivité étaient élus au suffrage universel direct (moins de représentativité politique), étaient révocables à tout instant (les mandats politiques étant les plus courts possibles) et considérés comme personnellement responsables de leurs actions. Leurs charges politiques ne leur apportaient aucun avantage particulier : le ministre ayant le même salaire qu’un ouvrier.
4°Le but est de parvenir à une société libre, égalitaire et fraternelle, débarrassée des rapports de hiérarchie, du travail salarié, des Etats et des frontières, et de toute forme d’aliénation. Donc en tant qu’observateur de l’évolution des sociétés humaines, le concept de classe sociale n’a pas été inventé par Karl Marx.
Il a été employé par les fondateurs de l’économie politique (Adam Smith…) et dans la tradition de l’histoire politique française (Alexis de Tocqueville), tout autant que par les historiens de la Révolution française (Guizot, Mignet, Thierry).
Pour les classiques anglais, les critères d’identité d’une classe résident dans l’origine des revenus : aux trois types de revenus, la rente foncière, le profit, et les salaires, correspondent les trois grands groupes de la nation, les propriétaires fonciers, les entrepreneurs et les travailleurs. Chez les penseurs français, le terme de classe est politique. Pour Tocqueville, les classes existent dès que les groupes sociaux s’affrontent pour le contrôle de la société. Marx emprunte donc aux économistes classiques l’idée implicite des classes comme facteur de production, et aux historiens les classes, et leur conflit comme producteur d’histoire. Cependant, Karl Marx ajoute au concept de classes sociales son statut intrinsèque de lutte : sans luttes il n’y a pas de classes. Les classes sociales sont de perpétuelles luttes déterminées historiquement.
Marx note, lui-même, son apport à la compréhension des classes sociales : « Maintenant, en ce qui me concerne, ce n’est pas à moi que revient le mérite d’avoir découvert l’existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu’elles s’y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l’évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l’anatomie économique. Ce que j’ai apporté de nouveau, c’est : de démontrer que l’existence des classes n’est liée qu’à des phases historiques déterminées du développement de la production ; que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ; que cette dictature elle-même ne représente qu’une transition vers l’abolition de toutes les classes et vers une société sans classes. ».
Pour Marx, les classes sociales sont inscrites dans la réalité sociale. Leurs luttes déterminent le changement social en tant que phénomène durable. Les classes résultent d’un mécanisme très général de division du travail, qui s’est développé en même temps que l’appropriation privée des moyens de production. Les classes émergent quand la différenciation des tâches et des fonctions cesse d’être aléatoire pour devenir héréditaire.
Il y a une tendance à la bipolarisation entre deux classes antagonistes. L’antagonisme entre les classes est le moteur de toute transformation qui affecte le fonctionnement de l’organisation sociale et modifie le cours de son histoire.
Selon Marx le processus de production capitaliste crée deux positions : celle de l’exploiteur et de l’exploité. Les comportements individuels et les actions collectives sont expliqués par ces positions dans la reproduction du système. Le conflit de classe est un trait culturel de la société. Les conflits sont le moteur principal des grands changements sociaux. Marx s’intéresse aux facteurs endogènes des changements, c’est-à-dire ceux qui naissent du fonctionnement même de la société.
POUR CONCLURE SANS CONCLURE
Il y a-t-il une différence entre communisme et marxisme ? La différence entre le communisme et le marxisme est un sujet très intéressant pour quelqu’un qui aime connaître différentes idéologies politiques. Le communisme et le marxisme, bien que ce soient deux concepts politiques qui ne diffèrent pas beaucoup, montrent quelques différences entre eux en termes de certains aspects de leurs concepts. Si quelqu’un prétend voir quelque chose de similaire entre le communisme et le marxisme, cela s’explique parfaitement. Lorsque Karl Marx et Friedrich Engels ont rédigé le Manifeste du Parti communiste, ils ont parlé d’une théorie qui changera la société. Cette théorie est le marxisme. Une fois que la société a traversé ces changements, la dernière étape à laquelle elle parvient est le communisme.
1°L’une des principales différences entre le communisme et le marxisme est que le communisme est l’application pratique du marxisme, alors que le marxisme concerne l’interprétation théorique des principes.
2° Le marxisme est la théorie ou le cadre sur lequel repose le fondement de l’idéologie politique et économique du communisme.
3°Le communisme vise à être reconnu avec égalité, tandis que le marxisme vise le cadre ou l’approche théorique par lequel un tel type d’état est développé.
4° Le marxisme concerne l’analyse des différents aspects de l’état dans lesquels il n’ya pas de différence entre les riches et les pauvres. Le communisme est une manière plus organisée dans laquelle se développe une sorte de système politique dans lequel tous deviennent un seul et même système.
5° L’idéologie d’un marxiste est légèrement différente de celle d’un communiste. Un marxiste se concentre sur le changement social. Un communiste se concentre sur le maintien d’une société où tout le monde est égal.
6° Une société dans laquelle le marxisme a lieu pour la première fois est pleine de luttes de classe car les travailleurs sont manipulés et exploités éternellement par la bourgeoisie. Dans une société communiste, chacun est rémunéré équitablement pour le travail fourni.
7° Dans une société où le marxisme a lieu, la classe ouvrière est écrasée parce que la bourgeoisie possède les trois moyens de production (capital, terre et entrepreneuriat). Dans le communisme, aucune propriété privée n’est autorisée. Tous les moyens de production, ainsi que les autres ressources naturelles, appartiennent au public.
Qu’est-ce que le marxisme ?
Le marxisme repose sur une interprétation théorique des principes. Le marxisme vise le cadre ou l’approche théorique permettant de développer un Etat où tous sont égaux. Le marxisme concerne uniquement l’analyse des différents aspects de l’état dans lequel il n’y a pas de différence entre les riches et les pauvres. Le marxisme est une sorte de philosophie basée sur l’interprétation matérialiste de l’histoire. Un marxiste donne beaucoup d’importance à l’histoire et dit que l’homme est entraîné par les forces créées par la qualité des besoins et des désirs. La théorie de base du marxisme est qu’il existe une lutte de classe entre les classes dans les Etats capitalistes. C’est une lutte parce que les travailleurs sont sous-payés alors que la bourgeoisie tire profit de la sueur des malheureux travailleurs. En conséquence, une révolution du prolétariat éclate de ces travailleurs. Cette révolution est censée mettre fin à la lutte des classes.
Qu’est-ce que le communisme ?
Le communisme est la mise en pratique du marxisme. Le communisme est atteint après la mise en œuvre du marxisme. Le communisme est une manière plus organisée dans laquelle une sorte de système politique est développé dans lequel tous deviennent un et le même. Le communisme 25 vise à être reconnu avec égalité. De plus, un communiste ne donne pas tant d’importance à l’histoire et se concentre sur le maintien d’une société égale à tous. Dans le communisme, les moyens de production appartiennent au public. Il n’ya pas non plus de propriété privée. RESUMONS-NOUS.
Que l’on soit marxiste, léniniste, maoïste, guévariste, stalinien ou poutinien, socialiste ou communiste la chanson est la même partout ailleurs que l’évolution de chaque mode de production s’est déroulée de manière dramatique, sous le signe de conflits multiples et de l’exploitation de l’homme par l’homme. Dans l’optique marxiste, la lutte des classes, que Marx et Engels considèrent comme la clé de l’économie politique, est le principal moteur du déroulement de l’histoire : structurante, générale, elle existe dans toutes les sociétés et prend une forme particulière dans la société capitaliste, où elle oppose le prolétariat à la bourgeoisie. Ce rôle de moteur de l’Histoire est résumé ainsi dans le Manifeste du Parti communiste: « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes » (même si une note d’Engels nuance ce propos).
Selon André Piettre, dans la perspective marxiste, les rapports économiques évoluent, selon une dialectique de rapports de force, suivant la lutte perpétuelle des puissants et des faibles, les premiers exploitant les seconds : l’histoire n’est pas menée par le mouvement des idées, mais en premier lieu par les données matérielles et leurs luttes intestines. Selon Anton Pannekoek, « le matérialisme historique retourne aux causes d’où proviennent ces idées : les besoins sociaux qui sont déterminés par les formes de la société »].
Dans la perspective du matérialisme historique, l’histoire résulte du lien que les hommes entretiennent avec la nature : dès lors que le premier outil est créé, la transformation du milieu naturel débute. L’histoire commence vraiment lorsque des changements culturels résultent de la création de l’outil, qui était initialement destiné à répondre à des besoins sociaux élémentaires. L’évolution culturelle des sociétés humaines est donc indissociable de son environnement technique, et par conséquent du développement de ses structures économiques et sociales.
Dans la société humaine les individus entrent dans des rapports déterminés, qui sont des rapports sociaux, dont ils ne peuvent se séparer et dont dépend leur existence : ces rapports ne sont pas créés par leur conscience, mais constituent l’être social de chaque individu (« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience », selon Marx), l’homme est le produit de son milieu. Les hommes produisent leur vie, dépassant par là le stade de la vie animale (naturelle) sans pour autant pouvoir s’affranchir totalement de leur rapport à la nature : les rapports fondamentaux de toute société sont donc les rapports de production, qui constituent sa structure essentielle. Les rapports de production sont constitués de trois facteurs ou éléments : les conditions naturelles, les techniques, et enfin l’organisation et la division du travail social (salariat, esclavage, servage…).
Fait à Kinshasa, le 27 juin2024
OSONGO-LUKADI Antoine-Dover
-Habilité à Diriger des Recherches de Philosophie (Université de Poitiers/France)
-Docteur en Philosophie et Lettres (Université Catholique de Louvain/France)
-Professeur d’Universités -Membre de l’Association des Philosophes Américains (APA)-2007
-Directeur-Editeur des Maisons d’Editions IFS&CRPIC 26 et Revues Internationales RFS&PHPM (Toutes Déposées à la Bibliothèque Royale Albert 1er de Belgique/Bruxelles
-42 MARX K. cité Ibidem, p.122 43 CALVEZ J-Y., La pensée de Karl Marx, p.122
– CALVEZ J-Y., La pensée de Karl Marx, p.122
-MARX K. cité Ibidem, pp.122-123
-CALVEZ J-Y., p.123 47 CALVEZ J-Y., p.123
-GARAUDY R. Karl Marx, p.181-182 8 GARAUDY R. Karl Marx, p.183 9 GARAUDY R. Karl Marx, p.183-184 10 GARAUDY R. Karl Marx, pp.215-216 11 GARAUDY R. Karl Marx, p.216
-MARX K. cité Ibidem, p.139 24 MARX K. cité Ibidem, pp.139-140 25 MARX K. cité Ibidem, p.140 26 MARX K. cité Ibidem, p.140 27 CALVEZ J-Y., pp.140-141 17
-K. MARX cité par Jean-Yves CALVEZ, La pensée de Karl Marx, Paris, Seuil, 1956 et 1970, pp. 120- 121.
-CALVEZ J-Y, La pensée de Karl Marx, p.121 37 MARX K. cité Ibidem, p.121 38 CALVEZ J-Y. ibidem, p.121
-MARX K. cité Ibidem, p.121 40 MARX K. cité Ibidem, pp.121-122 41 MARX K. cité Ibidem, p.122 21
– Ibidem,p.223
Ibidem, Ibidem,pp.223-224 Ibidem,p.224
-Ibidem, pp.222-223
-18 CALVEZ J-Y., p.138 19 CALVEZ J-Y., p.138 20 MARX K., cité Ibidem, p.138 21 CALVEZ J-Y., p.138 22 MARX K. cité Ibidem,p.139
– GARAUDY R. Karl Marx, p.180
– GARAUDY R. Karl Marx, p.180 3 MARX K. cité ibidem
-MARX K., ibidem, pp.180-181
-GARAUDY R. Karl Marx, p.181
-GARAUDY R. Karl Marx, p.181
– Ibidem 13
-Ibidem, p.217
-CALVEZ J-Y., p.137
-CALVEZ J-Y., p.137
-MARX K. cité Ibidem, pp.137-138
-CALVEZ J-Y., p.138