(Par Me Jean Bosco Badibanga)
Il s’avère urgent de répondre à la précarité des conditions de travail dans lesquelles les nouveaux acteurs de la fonction publique territoriale, notamment les bourgmestres et les Administrateurs des territoires, peinent à servir délicatement l’Etat Congolais.
C’est depuis le 25 Novembre 2022, soit une année et 4 mois, que ces autorités locales ont reçu leur nomination sur Ordonnance présidentielle, ayant été tous visiblement avides de servir loyalement leurs entités territoriales respectives.
En effet, leur remarquable loyauté n’est pas à prouver au peuple congolais, lorsqu’on sait qu’ils n’ont jamais bénéficié, depuis leur nomination, d’un seul appui financier étatique susceptible de les empêcher d’abandonner leur boulot. Les différents rapports qui sont parvenus au Ministère de l’intérieur, leur autorité de tutelle, font état de :
– absence totale des frais d’installation;
– absence totale des salaires et d’autres avantages sociaux;
– absence totale des frais de fonctionnement.
Quel rendement doit – on exiger à un fonctionnaire disponible et dévoué, à qui on ne s’oblige de rien donner, ni salaire, ni frais de fonctionnement, ni prime ?
Même dans l’hypothèse du service bénévole, le fonctionnaire bénévole accepte d’être privé de son salaire , mais il conserve certains avantages tels que les indemnités kilométriques, le logement et les frais de fonctionnement, sans lesquels il demeure manifestement dépourvu de sa dignité.
Le paradoxe dans cette réalité congolaise résiderait dans la mauvaise foi, le manque de diligence ou la négligence que l’on devra indéfiniment reprocher au Ministre de l’intérieur, seule autorité au sein du gouvernement national, habilitée à défendre les droits des infortunées autorités territoriales, et ce, à travers la proposition d’une ligne budgétaire subséquente qui aurait pu être soumise à l’approbation des députés nationaux réunis en session budgétaire de l’an 2022.
Il est attendu du nouveau gouvernement TULUKA SUMIMWA, de récupérer sagement la situation sus décriée de ces principaux fonctionnaires territoriaux, à travers la proposition d’un budget rectificatif.
Ces respectueux pères et mères de famille méritent un traitement humain dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions.
Il serait honnête d’interroger :
– Comment ils font pour faire asseoir l’autorité de l’Etat lorsque leur propre autorité est menacée par la pauvreté et la précarité des conditions professionnelles;
– Comment ont-ils fait, dans leur faible état social, pour représenter l’Etat Congolais dans la mise en oeuvre des projets relatifs au PDL 145?
– Pourquoi le Ministre de l’intérieur est-il resté insensible à leurs cris de détresse depuis leur nomination ?
– Comment n’ont-ils pas réussi, depuis une année et demi, à faire entendre leur voix auprès des autorités budgétaires qui sont les parlementaires?
Aussi, dois-je rappeler ici que les députés et les sénateurs ont l’obligation d’être solidaires avec le reste du peuple congolais, surtout lorsqu’ils sont appelés à examiner les questions relatives aux budgets annuels.
Au moment où l’Etat congolais s’apprête à organiser les élections locales des bourgmestres, des Administrateurs des territoires et des Chefs des secteurs, il est urgent d’espérer que l’amélioration actuelle des conditions sociales des actuels prestataires territoriaux, soit un facteur incitatif au recrutement qualitatif de prochains acteurs de la fonction publique territoriale, attendus comme des guerriers au front de la résolution de multiples problèmes liés à la gouvernance locale de la RDC.
Lubumbashi, 8 Avril 2024
Me Jean Bosco Badibanga
Avocat congolais – Acteur politique et chercheur indépendant