Dans une émission télévisée sur une chaine de la place, l’économiste Michel Somwe Somwe a analysé les différents problèmes qui gangrènent l’économie de la RDC notamment, l’instabilité que connait le franc congolais face aux monnaies étrangères.
Pour cet économiste, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la Banque Centrale du Congo a perdu de vue ses objectifs premiers. En effet, pour lui, toute réforme monétaire doit partir de la Banque centrale, organe d’émission de la monnaie. Comparativement à la Banque Centrale du Congo dans les années 50, Michel Somwe Somwe estime que les chiffres atteints en cette période étaient non seulement élevés mais ils s’accompagnaient également d’une vie sociale de qualité. «A l’époque le colonisateur nous avait doté d’une Banque centrale pour trois principaux objectifs : favoriser le développement économique de la nation, assurer le plein emploi des facteurs de production et d’assurer la stabilité de la valeur de la monnaie et dès sa création, elle s’est fait accompagner par un plan décennal qui a permis d’avoir un taux de croissance de 6% mais aujourd’hui quel est l’objectif de la Banque centrale ? Elle définit son objectif aujourd’hui comme étant celui de la stabilité de l’indice général des prix», a-t-il révélé.
A cela s’ajoute que la Banque Centrale du Congo semble s’appuyer sur une théorie qui n’aide pas à stabiliser la monnaie nationale : la théorie de l’offre. Pourtant, estime Michel Somwe, la théorie de la demande est mieux adaptée à l’heure actuelle pour éradiquer la catastrophe vécue. «Quand on parle de théorie monétaire, l’on parle de la théorie de la demande de la monnaie, cela veut dire que l’on cherche à connaître les raisons qui peuvent pousser un individu à demander la monnaie. Malheureusement, la Banque centrale est restée dans la théorie de l’offre de la monnaie. Or, en restant dans la théorie de l’offre, la Banque centrale fait de la monnaie une sorte de distorsion par rapport aux besoins de l’économie nationale. Cela fait que la monnaie nationale ne sert à rien au sein de l’économie nationale congolaise», poursuit-il.
Pire, jusqu’à présent la Banque Centrale ne semble pas être en mesure de définir clairement ce qu’est la monnaie. Comment réussir à attaquer les propriétés de la monnaie si on en ignore la nature ?, s’est étonné le chercheur.
Par ailleurs, Michel Somwe a fait comprendre que si dans le passé, un pays était dit puissant à cause de ses ressources naturelles, aujourd’hui ce n’est plus le cas ; c’est la monnaie qui est l’outil de guerre des Nations. C’est ainsi que le marché mondial est organisé en structures : les structures dominées et les structures dominantes. Les premières ont une monnaie non valide et sont caractérisées par une désintégration du marché, cas de la RDC. C’est ainsi que l’on a par exemple des prix différents pour un même produit ou service à travers le territoire national.
Le revers de la médaille concerne le peuple congolais. Michel Somwe a estimé que la monnaie est comme une identité d’un peuple : moins elle est utilisée, plus elle disparaît ; sa valeur vient de la confiance que la nation lui fait.
Pour l’heure, le Gouvernement Sama II, en partenariat avec la Banque centrale semblent chercher des solutions afin de redonner au franc congolais sa valeur.
Déborah Nitu