Je suis tout particulièrement heureux de pouvoir participer, en ma qualité de Représentant de l’UNESCO en République Démocratique du Congo, à la conférence One UN et je voudrais de prime abord adresser ma gratitude à l’équipe de l’Information publique de la MONUSCO qui m’a offert l’opportunité de vous rencontrer aujourd’hui.
Deux événements majeurs marquent le monde en cette semaine : Il s’agit de la célébration le 8 septembre 2023 de la Journée Internationale de l’alphabétisation, et celle de la Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques le 09 septembre 2023. Ces deux célébrations concernent l’UNESCO à tout point de vue, et nous avons donc convenu d’en faire un sujet d’actualité pour cette conférence de presse. Commençons par La Journée internationale de l’alphabétisation.
Depuis 1967, la Journée internationale de l’alphabétisation est célébrée chaque année à travers le monde pour rappeler au public l’importance de l’alphabétisation en tant que facteur de dignité et de 2 droits humains et pour faire progresser l’agenda de l’alphabétisation pour une société plus instruite et durable. Cette année, la célébration de la journée internationale de l’alphabétisation est placée sous le thème : Promouvoir l’alphabétisation pour un monde en transition : bâtir les fondations de sociétés durables et pacifiques.
Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, la part d’enfants de 10 ans qui ne savaient pas lire et comprendre un texte simple est passée de 57 % en 2019 à près de 70 % en 2022.
En République Démocratique du Congo, le système éducatif formel affronte un grand défi, celui de fournir à l’ensemble des enfants du pays une éducation de base complète, avec la mise en place de la politique de gratuité. La conséquence directe de la mesure de gratuité, comme vous pouvez vous en rendre compte, Mesdames et Messieurs de la presse, est d’atteindre la scolarisation de tous les enfants au niveau du primaire. Ce qui constitue une réponse rapide pour adresser la question de l’analphabétisme à cette tranche d’âge. En tant que partenaire du secteur de l’éducation parmi tant d’autres, l’UNESCO poursuivra son accompagnement et son soutien à la RDC, l’enjeu majeur d’intégrer dans le système éducatif un nombre important, d’enfants âgés de 6 à 11 ans qui ne sont pas scolarisés selon le dernier rapport plein feux RDC – 2022, soit près de 3,5 millions Une attention particulière devrait aussi être portée sur la population des 9 à 14 ans soit 15 millions de jeunes, dont près de 4,4 millions ont besoin d’être scolarisés.
Un autre défi consisterait à accroitre davantage le taux d’alphabétisation moyen des adultes. Estimé à 66% en 2020, soit une progression de 1,3 point, cette croissance du taux d’alphabétisation des adultes connait une persistance des disparités entre les hommes 3 et les femmes de près de 20 points de pourcentage autour de cette moyenne (75,4% pour les hommes contre 57,2% pour les femmes). Il y a lieu de souligner des avancées considérables au niveau du sous-secteur de l’AENF. Depuis 2020, on enregistre plus de 16 000 centres en activité, tous programmes confondus, contre environ 9 600 en 2014-15, avec des effectifs de plus de 1,3 millions d’apprenants en 2020, contre un peu plus de 500 000 en 2014-15.
Au rythme actuel, la population analphabète pourrait diminuer d’environ 16% à l’horizon 2030, pour représenter environ 14,3 millions de personnes, contre près de 17 millions aujourd’hui. Des efforts de la RDC qu’il faut absolument épingler et poursuivre.
Et c’est là que l’UNESCO entend accompagner la RDC notamment dans l‘élaboration du troisième rapport de l’état du Système Educatif National (RESEN), après ceux de 2004 et de 2014 dans l’objectif de fournir un diagnostic du secteur de l’éducation dans son ensemble, fondé sur des constats et des faits, afin d’aider les décideurs à orienter les politiques nationales.
Notre appui se décline également dans le Développement des capacités dans la production de données statistiques : grâce à l’UNESCO, le secteur de l’alphabétisation a bénéficié de la campagne statistique 2019 – 2020 qui est désormais intégré à la stratégie sectorielle de développement des statistiques éducatives. Nous appuyons également le pays dans la mise en œuvre du projet Recherche Action sur la Mesure des Acquis des Bénéficiaires des Programmes d’Alphabétisation (RAMAA).
Ce projet devrait dans les prochaines années, aider à améliorer l’évaluation des acquis des apprenants et par conséquent de la qualité et de la pertinence des programmes mis en œuvre.
Voilà ce que je peux vous dire en ce qui concerne la journée internationale de l’alphabétisation. 4 La Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques est dans sa quatrième célébration après l’adoption à l’unanimité de la résolution 74/275 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette résolution désigne l’UNESCO et l’UNICEF comme co-facilitateurs de la célébration annuelle de cette Journée qui vise à amplifier le plaidoyer et à mobiliser l’action en faveur de la protection de l’éducation et de la paix durable pour tous. En tant qu’agence spécialisée facilitateur de la célébration annuelle de cette Journée, l’UNESCO réitère l’engagement envers le droit à l’éducation.
Entre 2020 et 2021, plus de 5 000 attaques contre l’éducation et cas d’utilisation militaire d’écoles et d’universités ont été signalés. Plus de 9 000 étudiants et enseignants ont été enlevés, arbitrairement arrêtés, blessés ou tués lors de ces événements.
Au cours de l’année 2022, rapporte une étude du cluster éducation en RDC, 825 écoles ont subi les conséquences des différents mouvements (incendie, utilisation comme abris par les belligérants, fermeture et destruction) à travers la RDC, privant plus de 324 965 enfants d’école, dont 47% sont des filles. Les cas rapportés relèvent d’un total de 71% pour les attaques des groupes armés, 27% pour les causes naturelles (vent et pluie). Le nombre de cas rapportés révèle que le pays n’est pas épargné de ce phénomène. Les rapports des organisations humanitaires ont recensé environ 609 écoles détruites ou attaquées entre janvier et décembre 2022, des écoles occupées par des groupes armés ou utilisées comme abris par les personnes déplacées internes. Bon nombre d’écoles qui ont servi d’abris sont abandonnées dans un état de délabrement avancé, ce qui les empêchent d’assurer la scolarisation des enfants durant la saison scolaire 2022-2023.
L’UNESCO inscrit sa logique de plaidoyer sur la base de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. L’UNESCO est d’avis qu’il faut créer une passerelle entre l’intervention humanitaire et le développement à long terme par l’éducation.
Plus précisément, Elle coopère avec les ministères de l’éducation pour identifier les priorités et élaborer des plans et des programmes d’enseignement sensibles aux crises qui répondent aux besoins immédiats et renforcent la résilience des enfants et des jeunes, l’accent étant mis sur les plus vulnérables. Je vais clôturer mon propos sur ce point et vous demander, Mesdames et Messieurs de la presse, de considérer l’ampleur de ces deux préoccupations qui sont au centre de notre conférence, à savoir l’alphabétisation et les attaques contre l’éducation.
Merci de votre attention.
Dr. ISAIAS BARRETO DA ROSA
Représentant de l’UNESCO en RDC