Son nom : Julien Paluku Kahongya. JPK en abrégé. Hier ministre de l’Industrie, aujourd’hui ministre du Commerce Extérieur, il a son groupe WhatsApp dénommé CAJPK-INFOS. Dans les réseaux sociaux, l’un des plus présents animé par une Cellcom (Cellule de Communication) redoutable. Juste un exemple récent : sa couverture du forum RDC-Chine en marge du 4ème FOCAC se tenant à Pékin du 4 au 6 septembre 2024. Le Groupe WhatsApp a rendu compte des activités du forum économique bilatéral en mettant évidemment en exergue la participation du ministre. L’une des retombées de ce forum est “1. Le développement d’une Zone Économique Chinoise en RDC pour substituer les importations et satisfaire le marché national et régional”. La livraison de “BALISES” se limite à la Zone Économique Spéciale (ZES), système ayant permis de ramener en RDC la gamme de boissons gazeuses Pepsi Cola. La veille de son départ pour la Chine, Félix Tshisekedi a procédé à l’inauguration de l’usine Varum Beverage Limited aménagée dans la Zone Économique Spéciale de Maluku. A la manœuvre, on s’en doute, JPK, plus “médiatique” à Pékin que tous les autres membres du Gouvernement présents. C’est là son point fort !
CARREAUX ET SODAS
Il est intéressant de le souligner : la Zone Économique Spéciale (ZES) de Maluku a une histoire particulière avec Félix Tshisekedi. Elle fait partie des ZES dont la mise en place avait été annoncée dans le discours sur l’état de la Nation délivré le 13 décembre 2019. Le Président de la République s’était réjoui de l’adoption d’une stratégie à plusieurs variantes oscillant, selon ses termes,”toutes autour de la mise en place des Zones Économiques Spéciales regroupées dans 6 Espaces Industriels” ci-après :
-1. Zone Industrielle de l’Espace Kinshasa, comprenant les provinces de Kinshasa, le Kongo Central et l’ancienne province du Bandundu ;
-2. Zone Industrielle de l’Espace Kasaï, comprenant les provinces du Kasaï, Kasaï Central, Kasaï Oriental, Lomami et Sankuru ;
-3. Zone Industrielle de l’ancienne province du Katanga ;
-4. Zone Industrielle du Grand Kivu ;
-5. Zone Industrielle de l’ancienne province Orientale* et
-6. Zone Industrielle de l’ancienne province de l’Equateur.
Le 14 décembre 2023, dans le dernier discours sur l’état de la Nation de son premier mandat délivré cinq jours avant le lancement de la campagne électorale 2023, Félix Tshisekedi y est revenu avec cet extrait : “La matérialisation des ZES a été rendue effective par l’inauguration de la première usine de production des carreaux et faïences ‘made in Congo’ dans la zone économique de Maluku pour l’approvisionnement de la ville de Kinshasa et de ses environs. Cette ZES d’une superficie totale de 880 hectares compte, pour le moment, six entreprises agréées pour la production de divers biens ou encore de produits alimentaires”.
Concrètement parlant, de décembre 2019 à décembre prochain, soit pendant 5 ans, la Zone Économique Spéciale de Maluku risque de voir s’installer que deux usines : l’une pour les carreaux, l’autre pour les sodas ! Les 5 autres n’ont encore rien vu…
EN ATTENDANT…
Peut-être qu’avec les Chinois, on verra s’opérer dans l’une ou l’autre des ZES annoncées l’adoption du point 2, à savoir “La modernisation du secteur agricole congolais en vue de limiter sensiblement les importations ds le secteur de l’agro-alimentaire”.
En attendant d’abord, force est de le constater : en cinq ans d’existence, aucune des ZES ne répond réellement aux besoins prioritaires des Congolais dans les domaines-clés :
-agroalimentaire (il n’y a pas une industrie qui puisse transformer la production du manioc, du maïs, du riz, des huiles, du poisson simplement parce que le Congo ne sait pas se doter des parcs agroindustriels genre Daipn et Bukanga Lonzo) ;
-pharmacie (il n’y a pas d’unité de production à échelle industrielle d’antibiotiques, d’ anti-inflammatoires, d’antidépresseurs, d’anticoagulants, d’antipaludiques, d’antitussifs, d’antalgiques. etc.) ;
-habillement (il n’y a pas d’industrie de production de coton) ;
-matériaux de construction essentiels (il n’y a pas une fabrique de bois, briques, tôle, vitre, couleurs, etc).
Entre-temps, les macro-économistes, qui sont unanimes à propos du caractère extraverti de l’économie congolaise, s’étripent à chaque occasion pour la priorité à adopter : commencer soit par la poule, soit par l’œuf.
PEUT-ÊTRE QUE L’ACTE GENERAL DE BERLIN…
En attendant ensuite, il appert que le bilan de la Zone Économique Spéciale de Maluku est suffisamment éloquent : nul en nombre d’entreprises en état de production, il est largement positif en communication politique.
Pourtant, la préoccupation première du ministre est de savoir pourquoi aucune de ces ZES – depuis les années Mobutu avec notamment et justement Maluku – ne suscite l’attraction des investisseurs ni nationaux, ni étrangers !
Ceux-ci préfèrent plutôt le commerce et les services (moins coûteux) à l’industrie (trop coûteuse) en termes de gestion des ressources, tous domaines confondus.
Avant de penser à l’Acte Général de Berlin sur le Bassin du Congo ayant ouvert particulièrement la RDC au commerce international, les Congolais ont l’occasion, une canette ou une bouteille de Pepsi Cola, de se rafraîchir la mémoire en changeant de narratif. Ou de paradigme…
En attendant enfin, il s’est constaté autour de l’inauguration de l’usine de Pepsi Cola un scène insolite : le ministre Julien Paluku Kahongya du Commerce a été plus actif que son collègue de l’Industrie Louis Kabamba. En toute logique, c’est le second qui a dans ses attributions la tutelle des ZES ! Après tout, lorsque Julien Paluku était à l’Industrie, son collègue Jean-Lucien Bussa du Commerce extérieur ne lui disputait pas le leadership à ce propos.
Ainsi, deux ministres du même Gouvernement s’arrachent une ZES encore sèche…
Omer Nsongo die Lema/CP