(Par l’Abbé José Mpundu, Prêtre de l’Archidiocèse de Kinshasa et psychologue clinicien)
Kinshasa, le 25 août 2023 au lancement de l’Académie du bon sens
Abbé Mpundu (Photo d’archives)
Introduction
Je tiens, avant toute chose, à m’acquitter d’un agréable devoir celui de remercier de tout cœur mon frère Didier Mumengi, coordonnateur de l’ACADEMIE DU BON SENS (pour ne pas dire tout simplement le géniteur de cette ACADEMIE), ainsi que tous les membres du comité organisateur de cette cérémonie de m’avoir invité à prendre la parole à cette séance hautement académique.
Merci Didier et merci à tous les amis, membres du Haut Conseil de l’Académie du Bon Sens pour cette marque de confiance à mon égard. Chers amis, chers concitoyens et chères concitoyennes, il m’a été demandé d’intervenir et de vous présenter quelques réflexions sur le BON SENS et la CITOYENNETE. Je voudrais partir d’un double constat que je fais en observant la vie de notre société congolaise aujourd’hui.
D’un côté, je réalise que, même si nous sommes naturellement dotés du Bon Sens, plusieurs parmi nous les Congolais, nous avons renoncé à en faire un bon usage, ou encore plus grave, nous avons renoncé à nous en servir, à y recourir. Ce qui fait que nous vivons dans une véritable « crise du Bon Sens » qui n’est autre chose qu’une crise anthropologique, une crise de l’homme, de l’humain. Oui, l’homme congolais est en crise, une crise profonde qui risque de l’emporter comme une crise cardiaque lorsqu’on ne l’attaque pas dès le début. D’un autre côté, depuis un certain temps, on a créé dans notre pays un ministère qui s’occupe de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté. Hier, c’était le ministre de l’information qui avait en charge cette nouvelle attribution ; aujourd’hui, c’est le ministre de la jeunesse qui s’occupe aussi de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté.
Mais, la question que je me pose, ici, et que je voudrais que nous nous posions tous, est la suivante : cette nouvelle citoyenneté c’est par rapport à quelle ancienne citoyenneté ? Quelle était l’Ancienne Citoyenneté ? Quelle est la Nouvelle Citoyenneté ? Fort de ce double constat, je me propose, au cours de mon intervention dans ce panel, de répondre à la question suivante : Qu’est-ce que le citoyen congolais, doué de bon sens, est censé devoir faire aujourd’hui pour déconstruire le Congo et l’homme congolais actuel et construire un Autre Congo, un Congo plus beau qu’avant, un nouvel homme congolais ?
Pour cela, je vais commencer d’abord par vous proposer ce que j’entends par la « citoyenneté » et ce que je comprends par le « bon sens ». Citoyenneté Définition En parcourant la littérature, particulièrement les Dictionnaires et Encyclopédie, et en fouillant sur Internet, j’ai découvert différentes définitions de la citoyenneté. Lorsque je fais la synthèse de toutes ces définitions, j’en arrive à celle-ci.
La citoyenneté peut se définir comme étant la situation positive créée par la pleine reconnaissance aux personnes de leur statut de citoyen. Et le citoyen, c’est la personne qui, dans une communauté politique donnée, jouit pleinement de tous ses droits, droits civils et politiques.
Pour ma part, tous les droits reconnus à tout citoyen se résume en un droit fondamental à savoir le droit d’être une personne humaine, de vivre en homme et de mourir en homme, dans la dignité humaine lui reconnue par le Créateur.
Valeurs et piliers Une citoyenneté responsable repose sur trois valeurs fondamentales et quatre piliers. Les valeurs fondamentales de la citoyenneté responsable sont : le civisme, la civilité et la solidarité. Le civisme désigne le respect, l’attachement et le dévouement du citoyen pour son pays ou pour la collectivité dans laquelle il vit.
Cela s’applique en particulier à l’institution qui représente cette collectivité, à ses conventions et à ses lois. Plus généralement, le civisme est le dévouement pour l’intérêt public, pour la « chose publique » (res publica). Le civisme nécessite une « conscience politique » et implique la connaissance de ses droits en tant que citoyen ainsi que de ses devoirs vis-à-vis de la collectivité. La civilité ou savoir-vivre est un ensemble de règles de vie en communauté telles que le respect d’autrui, la politesse ou la courtoisie. La civilité, c’est l’observation des convenances en usage chez les gens qui vivent en société. La solidarité, c’est ce qui unit des personnes dans un sentiment d’entraide. Ces personnes se sentent liées car elles font partie de la même famille, ou vivent dans la même ville, le même pays, sur la même planète…
Etre solidaire, c’est le contraire d’être égoïste !
La solidarité est un rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d’intérêts, sont liées les unes aux autres. Les quatre piliers de la citoyenneté sont :
- apprendre à connaître (ce qui renvoie au savoir, à la connaissance),
- apprendre à faire (ce qui renvoie au savoir-faire c’est-à-dire aux aptitudes et aux compétences),
- apprendre à être (ce qui renvoie au savoir-être c’est-à-dire aux valeurs morales, éthiques et spirituelles tout simplement valeurs humanistes au premier rang desquelles trône l’amour),
- apprendre à vivre ensemble (ce qui renvoie au savoir-vivre ensemble c’est-à-dire aux attitudes et comportements qui favorisent la convivialité). But Le but de la citoyenneté est de permettre aux individus de participer à la vie politique de leur pays. Cela passe principalement par la possibilité d’élire ses dirigeants (ou ses représentants) et de donner son avis sur les décisions politiques au moyen d’un référendum.
Bon Sens
Par bon sens, nous entendons la capacité de bien juger, de bien discerner clairement ce qui est évident, sans passion et sans être distrait par d’autres considérations.
C’est la capacité de juger sans passion lorsqu’on est en présence de problèmes qui ne peuvent être résolus par des raisonnements scientifiques.
Le Bon Sens est l’effort d’un esprit qui s’adapte et se réadapte sans cesse, changeant d’idée quand il change d’objet. C’est une mobilité de l’intelligence qui se règle exactement sur la mobilité des choses.
C’est la continuité mouvante de notre attention à la vie. Le Bon Sens est inné. Cela signifie que dans toute personne saine, il est comme un sixième sens qui s’ajoute aux cinq autres : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher et le bon sens. Le Bon Sens est l’intermédiaire entre l’ignorance et la connaissance scientifique bien assurée. Il est la raison sans raisons. Le bon sens comble le vide entre la théorie et la pratique. Il est la saine et droite raison.
Ce que le Bon Sens doit pousser le Citoyen congolais à faire aujourd’hui Le Bon Sens doit pousser le citoyen congolais, tout citoyen congolais qui en est pourvu, à voir la situation de son pays sur tous les plans : politique, économique, culturel et social. Un examen minutieux, sans passion, mené en toute objectivité, devrait conduire tout congolais ayant le Bon Sens à conclure que la RDC, aujourd’hui, est comme un véhicule dans lequel plusieurs voyants rouges clignotent sur le tableau de bord et qui est en panne.
Face à cette situation, le Bon Sens oblige les congolais à S’ARRETER, à faire HALTE, à faire STOP et à examiner ce qui se passe dans le véhicule Congo, dans la maison Congo. Oui, nous devons nous arrêter parce que le véhicule RDC est en train d’aller tout droit au mur ; il est au bord d’un fossé.
Si nous continuons à rouler, si nous nous entêtons à poursuivre notre course, nous risquons de disparaître de la carte du monde et de l’Afrique. Alors, impérativement, il est temps de nous ARRETER et de nous examiner en vue de voir ce qui ne va pas et de décider le changement de véhicule, de décider la construction d’un NOUVEAU CONGO, d’un AUTRE CONGO.
Un Congo qui sera fondé sur le primat de l’ETRE, c’est-à-dire, de l’HOMME et non sur le primat de l’AVOIR, c’est-à-dire de l’argent et des biens matériels. Ouvrons le capot de notre véhicule Congo et voyons ce qui se passe, pour faire un diagnostic ! Pendant ce temps d’arrêt, de stop et de halte qui pourra prendre la forme d’un FORUM PATRIOTIQUE POUR LA REFONDATION DE LA NATION, nous tous congolais, nous devrions nous poser les cinq questions suivantes, dictées par le Bon Sens, à savoir :
1°) Qui sommes-nous ? (Notre identité en rapport avec notre conscience d’humanité : sommes-nous encore des êtres humains ? pour nous-mêmes ? Congolais que dis-tu de toi-même ? Qu’est-ce que les autres disent de toi Congolais ? Comment te perçoivent-ils ?) ;
2°) D’où venons-nous ? (Nos origines, notre histoire qui ne commence pas avec la traite négrière ou la colonisation …. Nous avons une histoire à laquelle nous devrions nous référer avant ces œuvres de déshumanisation du congolais que sont la traite négrière et la colonisation… nous devons connaître ceux qui ont joué un rôle important dans notre histoire tels les Kimpa Vita, Simon Kimbangu, Lumumba Patrice, Joseph-Albert Malula, Kasa-Vubu, etc.) ;
3°) Où sommes-nous ? (Analyse critique de notre situation actuelle sur tous les plans : politique, économique, culturel et social. C’est le temps de la remise en question, de l’autocritique où nous nous interrogerons sur la responsabilité de chacun et notre responsabilité collective. En lieu et place de chercher des boucs-émissaires à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, chaque fils et fille devrait se poser la question de savoir ce qu’il (elle) a fait ou omis de faire pour que nous en arrivions là où nous sommes aujourd’hui. Il n’est certes pas question d’ignorer la responsabilité des autres, mais il est important de savoir que ces autres agissent souvent en se servant de nous, en nous instrumentalisant) ;
4°) Où allons-nous ? (Les conséquences de ce que nous vivons aujourd’hui…. Notre aujourd’hui prépare quel avenir, nous conduit où ? si nous continuons comme nous faisons aujourd’hui et vivons aujourd’hui, que serons-nous dans trente ans, dans cinquante ans ?) ;
5°) Où voulons-nous aller ? (Question déterminante qui nous pousse à nous projeter dans le futur, à exprimer notre rêve pour le Congo : quel est le Congo dont je rêve, dont nous rêvons ensemble et que nous voulons bâtir ensemble ? il s’agit d’un projet collectif qui sera la boussole qui 6 guidera tous les acteurs politiques et sociaux chacun apportant bien entendu sa pierre de construction, selon son génie propre, ses compétences et son point de vue).
En nous engageant à répondre personnellement et collectivement à ces questions, nous exerçons notre citoyenneté et nous participons directement à la construction d’un Autre Congo, d’un Congo que nous voulons plus beau qu’avant. Forum Patriotique pour la Refondation de la Nation En ce moment où beaucoup de voix s’élèvent pour réclamer un dialogue entre les leaders politiques, dialogue auquel serait associée la Société Civile, nous proposons autre chose. En effet, le Bon Sens nous fait voir que la plupart de dialogues que nous avons connus dans l’histoire de notre pays ne nous ont pas apporté bonheur ; bien au contraire, ils se sont tous terminés par le partage du pouvoir entre quelques citoyens, laissant le peuple dans sa misère.
Aussi, en lieu et place d’un dialogue entre leaders politiques et sociaux, nous proposons l’organisation d’un FORUM PATRIOTIQUE POUR LA REFONDATION DE LA NATION qui impliquera toute la population congolaise à l’intérieur du pays comme à l’extérieur du pays. Ce forum ne sera pas une Conférence Nationale Souveraine (bis) ni un quelconque dialogue comme nous en avons connu et vécu dans l’histoire récente de notre pays.
En effet, ce forum n’aura pas la même taille (plus ou moins 2000 personnes) que la CNS ; il n’y aura pas de per diem pour les participants qui se prendront en charge eux-mêmes ; il ne tirera pas en longueur (deux ans) mais prendra très peu de temps (1 mois tout au plus) ; il n’aboutira pas au partage équilibré et équitable du pouvoir car le pouvoir c’est le peuple qui le donne et on le reçoit comme un service à rendre au peuple.
Conditions pour que ce FORUM soit une chance pour notre pays Pour que ce FORUM profite à notre Nation et au peuple congolais, il faudrait qu’il remplisse les deux conditions principales suivantes. Primo, il doit être une initiative des congolais pour les congolais à savoir : il doit être conçu par les congolais, organisé et financé par les congolais sans ingérence extérieure de ceux qui se prennent pour les « maîtres du 7 monde ».
Ce Forum devra nous permettre de « Parler Congo » entre nous congolais sans interférence ni ingérence des autres. Secundo, il ne devra pas viser comme objectif final le partage équitable et équilibré du pouvoir. Le pouvoir doit être donné par le peuple pour le peuple à ceux qui correspondront à un profil impersonnel convenu de commun accord entre tous les congolais. Si ces deux conditions ne sont pas réunies, alors, ce FORUM ne servira strictement à rien si ce n’est qu’à refaire ce que nous avons toujours vécu.
Et nous tournerons en rond.
Nature et objectifs du FORUM Le FORUM PATRIOTIQUE POUR LA REFONDATION DE LA NATION sera non seulement un lieu mais surtout un moment de remise en question globale par tout le peuple congolais, du système actuel – à ne pas confondre avec le régime au pouvoir – qui est déjà foutu et qui est à déclasser, et un temps de conception et d’élaboration d’un plan d’action stratégique pour la construction, ensemble, d’un NOUVEAU CONGO.
Il devra viser principalement la REFONDATION de la NATION. Une Nation qui sera marquée par une grande cohésion sociale, cohésion nationale et où les congolais vivront réconciliés entre eux. Une Nation où le bien commun sera garanti et protégé. Une Nation qui sera réellement SOUVERAINE, LIBRE et INDEPENDANTE. Une Nation qui établira avec les autres nations du monde des relations de vrai partenariat gagnant-gagnant, adulte-adulte dans le respect de la culture de l’autre et des lois qui régissent les relations internationales en particulier celles de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, de l’égale souveraineté, de la réciprocité entre les Etats, du droit des peuples à leur autodétermination.
Il visera aussi la mise en œuvre d’un nouveau pacte social, une nouvelle charte collective qui va régir la vie de tous les citoyens. Le travail de ce forum se situe au-delà des personnes, des individus. En effet, les hommes passent mais le pays reste. Son leitmotiv sera : LE CONGO D’ABORD !
Congo dont je rêve Je voudrais ici partager avec vous le Congo dont je rêve. Je rêve d’un Congo qui sera fondé sur des valeurs humanistes partagées par tous et toutes. Ces valeurs universelles sont inscrites dans le cœur de chaque être humain et relèvent du Bon Sens.
Ces valeurs qui constitueront les piliers sur lesquels reposeront la nouvelle maison Congo, sont pour moi, au nombre de cinq. Chacune aura un corollaire. Je rêve d’un Congo qui sera bâti sur la valeur de l’Egalité de tous les fils et toutes les filles qui partagent la même nature humaine, la même dignité humaine. En termes clairs, un Congo où aucun congolais ne sera au-dessus, ni en-dessous de l’autre à cause de sa tribu, de son ethnie, de son sexe, de son appartenance idéologique ou religieuse, ou à cause de son statut socio-économique. Ce Congo égalitaire qui ne signifie pas l’égalitarisme ou l’uniformité ou encore unanimisme, impliquera le Respect de l’homme, respect de chacun et de chacune dans sa différence.
Aucune différence n’autorisera une quelconque domination. Bien au contraire, les différences légitimes seront là pour permettre une complémentarité à la manière des couleurs de l’arc-en-ciel. Je rêve d’un Congo qui sera construit sur la valeur de la Participation où chacun et chacune de ses fils et filles prendront part à la réflexion, à la prise de décision, à l’exécution et à l’évaluation.
D’une manière directe ou indirecte, chaque citoyen apportera sa pierre pour l’édification d’une nation prospère et unie.
Cette participation ne sera pas seulement sur le plan politique mais aussi et surtout sur le plan culturel et économique. En effet, il s’agit ici d’un Congo où tout le monde travaillera à la culture de l’amour et contribuera au développement intégral de tout l’homme et de tous les hommes.
Cette participation ira de pair avec le sens de Responsabilité. Il n’y aura plus d’un côté les responsables et de l’autre des irresponsables qui seront là à regarder les autres agir, à subir les actions des autres, en particulier des dirigeants. Il n’y aura pas de place pour des acteurs d’un côté et des spectateurs de l’autre.
Chacun et chacune des fils et filles de ce nouveau Congo aura à répondre de ce qu’il a fait ou n’a pas fait pour la construction et le progrès du pays. Chacun et chacune aura à rendre compte de son engagement pour le développement intégral du pays. Je rêve d’un Congo qui sera fondé sur la valeur de Liberté où chacun et chacune de ses fils et filles pourra jouir des libertés fondamentales reconnues à tous et à toutes par la constitution de notre pays et par la déclaration universelle des droits humains. Cette liberté sera fondamentalement la liberté du cœur vis-à-vis des trois sources d’asservissement de l’homme que sont : l’argent, le pouvoir et les honneurs lorsqu’ils sont perçus comme des fins et non comme des moyens. Elle sera aussi la liberté des structures de la société que sont l’idéologique ou le culturel, le politique et l’économique.
En effet, je rêve d’un Congo qui ne sera plus esclave des « maîtres du monde » ou de ce qu’on appelle la « Communauté Internationale » qui n’est finalement qu’une « maffia politico-financière internationale ». Je rêve d’un Congo libre de penser, de décider et d’agir pour le bien de son peuple sans subir le diktat de l’étranger et des dirigeants au service des « maîtres du monde ».
Cette liberté sera le fruit de la Vérité car seule la vérité engendre la vraie liberté sur tous les plans : personnel et collectif, idéologique (culturel), politique, économique et social.
Vérité sur l’homme qui est image de Dieu et créature sacrée ; vérité sur Dieu qui un Père miséricordieux et aimant tous ses enfants ; vérité sur le pouvoir qui est service des autres et non domination ni exploitation ; vérité sur l’avoir, l’argent, les biens matériels qui sont des moyens et non des fins ; et, enfin, vérité sur le valoir, sur la gloire qui vient de l’abaissement, de l’humilité et non de l’orgueil car quiconque s’élève sera abaissé et qui s’abaisse, sera élevé. Je rêve d’un Congo qui sera bâti sur la valeur de la Justice : justice distributive ou sociale, justice dans l’exercice du droit et surtout justicemiséricorde qui détruit le mal sous toutes ces formes et sauve le malfaiteur que nous sommes tous, chacun et chacune à son niveau et sa manière.
Cette justice engendrera à son tour la vraie Paix, la paix durable dont nous avons tous besoin sur toute l’étendue du territoire national. Il n’y a pas de 10 paix sans justice. Cette paix n’est pas synonyme d’absence de guerre.
Elle est paix du cœur et paix sociale qui ne supprime pas les conflits mais qui transforme les conflits en source de progrès et de développement. Cette paix ne s’obtient pas au bout du fusil, du canon comme le prétend cet adage qui dit : « Qui veut la paix, prépare la guerre ». Bien au contraire, cette paix sera toujours le fruit d’une bonne communication non-violente ou bienveillante. Et s’il y a une guerre qui peut mener à cette vraie paix, c’est comme le dit le Patriarche Athénagoras, la guerre contre soi-même.
Ecoutons-le : Une guerre qui mène à la paix Il faut mener la guerre la plus dure qui est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer. J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car l’Amour chasse la peur. Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes jalousement crispé sur mes richesses.
J’accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel est toujours pour moi le meilleur.
C’est pourquoi, je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur. Si l’on désarme, si l’on se dépossède, si l’on s’ouvre au Dieu Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, lui efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible. Athënagoras Patriarche de Constantinople Je rêve d’un Congo qui sera bâti sur la valeur de Solidarité : ce qui touche un Congolais touche tous les Congolais. Une Solidarité dans le bien et non dans le mal. Cette solidarité aura comme conséquence le Partage équitable de toutes les richesses culturelles et matérielles du pays afin qu’aucun congolais ne soit dans le manque.
Solidarité et Partage seront les caractéristiques d’un nouveau système économique que nous appelons « Economie de la Communion ». Principes d’une politique légitime La politique de ce Nouveau Congo de nos rêves, pour qu’elle soit légitime, devrait s’inspirer des quatre principes suivants :
- principe de la commune humanité ;
- principe de la commune socialité ;
- principe de l’individuation ;
- principe de l’opposition maîtrisée. Principe de commune humanité : par-delà les différences de tribus ou d’ethnies, de partis politiques ou d’idéologie, de langue ou de culture, de religion ou de richesse, de sexe ou d’orientation sexuelle, il n’y a qu’une seule humanité, qui doit être respectée en la personne de chacun et chacune des fils et filles du Congo.
Tout congolais devrait regarder l’autre congolais comme un être humain comme lui. Principe de commune socialité : les êtres humains – et les congolais le sont – sont des êtres sociaux pour qui la plus grande richesse est la richesse de leurs rapports sociaux égalitaires et non de domination.
Principe d’individuation : dans le respect de ces deux premiers principes, la politique légitime est celle qui permet à chaque congolais d’affirmer au mieux son individualité singulière en devenir, en développant ses capabilités (ce dont il est capable), sa puissance d’être et d’agir sans nuire à celle des autres, dans la perspective d’une égale liberté.
Principe d’opposition maîtrisée : parce que chacun a vocation à manifester son individualité singulière, il est naturel que les humains puissent s’opposer.
Mais, il ne leur est légitime de le faire qu’aussi longtemps que cela ne met pas en danger le cadre de commune socialité qui rend cette rivalité féconde et non destructrice. La politique bonne est donc elle qui permet aux êtres humains de se différencier en acceptant et en maîtrisant le conflit.
Planification stratégique
Une fois que nous nous serons mis d’accord sur le Congo de nos rêves, nous pouvons alors penser à la programmation, à la planification des actions à entreprendre pour bâtir ensemble ce NOUVEAU CONGO, cet AUTRE CONGO en nous posant les questions : qui fait quoi ? avec qui ? avec quoi ? quand ? comment ? où ?
Répartition des tâches et désignation des conducteurs des travaux
C’est la réponse à la question « qui va faire quoi ? » qui va nous amener à parler de la répartition des tâches et non de partage du « gâteau ». Cette répartition des tâches et la désignation des conducteurs des travaux de construction de notre « maison commune » que sera le Nouveau Congo, se feront sur base d’un profil impersonnel des leaders dont nous avons besoin. Nous pouvons nous inspirer de ce que le politologue camerounais, Samuel Eboua, propose comme portrait-robot des dirigeants dont l’Afrique a besoin et nous, nous dirons dont le Congo a besoin.
En le paraphrasant, nous pouvons dire : « Le nouveau Congo a besoin d’hommes et de femmes d’action pénétrés de l’intérêt supérieur de l’Etat, des hommes et des femmes intègres, compétents, travailleurs, meneurs d’hommes, des hommes et des femmes tolérants, rassembleurs, mais intraitables lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt général, des hommes et des femmes capables de réaliser beaucoup avec peu de moyens.
Il s’agit d’hommes et de femmes qui n’aiment pas le pouvoir pour le pouvoir, mais pour qui ce dernier ne constitue qu’un instrument leur permettant de réaliser leur idéal au profit de la communauté nationale, et qui sont capables de s’en dessaisir dès lors que, pour une raison ou une autre, ils estiment ne pas être en mesure de réaliser cet idéal…
Ces hommes et ces femmes, bien que rares, ne sont pas complètement absents du Congo actuel. Il suffit de les dépister et de les responsabiliser » (EBOUA S., Interrogations sur l’Afrique noire, Editions L’Harmattan, Paris 1999, p. 177). Nous avons besoin ici, d’un leadership transformationnel d’équipe où les congolais sauront travailler ensemble pour le bien de toute la communauté, dans le respect des compétences des uns et des autres, dans la complémentarité.
Ces leaders incarneront cette vision commune et démontreront, dans leur vie familiale et personnelle, socio-politique et professionnelle, la mise en œuvre de cette vision à un niveau microsocial. Pour réaliser le choix de ces dirigeants, nous ne sommes pas obligés de recourir au modèle électoral nous imposé par les Occidentaux, modèle qui, par ailleurs, a montré suffisamment ses limites.
Il suffit pour cela de lire le livre assez récent de David Van Reybrouck au titre évocateur et provocateur : Contre les élections (Ed. Actes Sud, 2014) : « Notre démocratie représentative est aujourd’hui dans une impasse. Sa légitimité vacille : de moins en moins de gens vont voter, les électeurs font des choix capricieux, le nombre d’adhérents des partis politiques est en baisse.
En outre, l’efficacité de la démocratie est violemment mise à mal : toute action énergique de l’exécutif devient problématique, les hommes politiques adaptent de plus en plus leurs stratégies en fonction des échéances électorales. Cet état de fait, David Van Reybrouck l’appelle « le syndrome de fatigue démocratique » et il s’interroge sur les moyens concrets d’y remédier.
Suivant les travaux récents de politologues renommés, il préconise de remettre à l’honneur un grand principe de démocratie qui a connu son apogée dans l’Athènes classique : celui du tirage au sort » (Note de l’Editeur) Nous devrions faire preuve de créativité, d’inventivité, d’imagination créatrice pour désigner les personnes qui répondent au profil et qui sont capables de travailler en équipe pour le bien-commun.
C’est ici le lieu de se poser la question : comment faisaient nos ancêtres pour désigner les dirigeants de la communauté ? du village ? Pourquoi, par exemple, ne pas penser ici au système de tirage au sort ?
Mobilisation des ressources financières pour bâtir le Congo de nos rêves
La mobilisation des ressources financières devrait faire suite aux programmes d’action que nous voulons réaliser dans notre pays. En ce qui concerne les programmes et stratégies d’action, les congolais réunis en dialogue pourront baliser le chemin en proposant les grands principes fondamentaux qui doivent guider le choix des actions prioritaires à mener pour la construction du nouveau Congo : actions d’éducation et de formation humaine, civique et patriotique, actions visant la construction d’une armée républicaine et d’une police qui protège le peuple, actions visant la mise en place d’une politique de l’emploi et des salaires équitables permettant de vaincre la pauvreté, bref, actions pour l’amélioration du vécu quotidien du congolais.
Au cours de ce Forum, le peuple congolais, unanime, procédera à une évaluation sans complaisance et en vérité de ce qui se passe dans notre pays et confrontera cela avec la vision et prendra les décisions qui s’imposent pour la construction de ce nouveau Congo.
Les moyens financiers pour mettre en application ces décisions coulées en plan d’action viendront des congolais eux-mêmes. La création d’un Fonds National pour la Reconstruction du pays pourrait être cette structure qui va permettre de mobiliser les ressources financières nécessaires pour la construction d’un nouveau Congo, un Congo Plus Beau qu’avant. Une structure dont la gestion devra être confiée à des personnes intègres à la moralité éprouvée.
Qui prendra l’initiative de convoquer ce Forum ou de mettre le peuple congolais en état de forum ?
Ce temps de forum sera une décision prise par le Chef de l’Etat en accord avec tout le peuple congolais qui veut être acteur de son histoire, maître de son destin.
Après avoir écouté le peuple et délibérer avec les responsables des corps constitués, le Chef de l’Etat convoquera le Forum par une ordonnance présidentielle qui en fixera les objectifs et les modalités d’organisation. Il désignera aussi une équipe de travail pour organiser et conduire les travaux de ce forum. En guise de conclusion En guise de conclusion, il conviendrait de dire que le Bon Sens sera la boussole pour la conception, l’organisation et la tenue de ce FORUM PATRIOTIQUE POUR LA REFONDATION DE LA NATION.
Un forum qui ne sera pas, comme par le passé, une rencontre entre les politiciens et les leaders de la société civile mais une mobilisation de toute la population congolaise dans un effort personnel et communautaire de réflexion et d’action. Il sera d’abord un état d’esprit qui engage tous les congolais, ceux qui sont au pays et ceux qui sont dans la diaspora.
Mu par le Bon Sens et pétri de Citoyenneté, chaque compatriote et citoyen congolais devra s’approprier les cinq questions et leur donner une réponse personnelle. D’où la nécessité de traduire ces cinq questions dans nos langues locales pour permettre à chacun de se les approprier.
Ensuite, les congolais se mettront ensemble, au niveau des rues, des quartiers, des communes, des villes, des provinces et enfin, au niveau national pour répondre à ces questions.
Enfin, un groupe de personnes dont trois ou cinq par provinces, se retrouvera à Kinshasa ou dans une autre ville du pays, par exemple à l’Est du pays, où les congolais sont massacrés, pour une assemblée plénière de mise en commun de toutes les réponses du peuple congolais et d’élaboration d’un document final qui sera comme le référentiel de tout congolais en général et, en particulier, de tout congolais qui veut s’engager pour le service de la communauté nationale, une sorte de pacte social ou de charte qui régira la vie de la Nation.
Pour accomplir ce travail, on pourra accorder à ce groupe une ou deux semaines de temps.
L’avènement de ce Nouveau Congo marquera le triomphe du Bon Sens et de la Citoyenneté responsable. Je vous remercie !