En République Démocratique du Congo (RDC), la Société Nationale d’Électricité (SNEL S.A) se trouve à un carrefour stratégique. En dépit d’une crise financière et opérationnelle qui s’éternise, la gouvernance actuelle de l’entreprise, menée par la Direction générale, marque des avancées significatives grâce à une bonne gestion et des partenariats internationaux.
Une situation complexe mais en amélioration
Par manque des moyens colossaux, cette entreprise du Portefeuille de l’Etat éprouve des difficultés pour renforcer, davantage, ses capacités et améliorer, sans relâche, son rendement en termes des services à offrir aux populations.
D’après des experts, si la SNEL produit, à ce jour, 90% de l’électricité en RDC, cela ne représente que 3% de la consommation annuelle d’énergie du pays, dominée par le marché du makala (bois-énergie) qui est estimé à 4 milliards de dollars par an soit près de 10 millions de dollars par jour.
L’endettement de la SNEL, 3 milliards de dollars (4,5% du PIB en 2023) dominé par les prêts chinois et bilatéraux (clients miniers) est difficilement soutenable, car près de 60% des recettes actuelles sont consacrées au service de la dette. C’est-à-dire que la SNEL traverse, depuis plusieurs décennies, une grave crise financière et opérationnelle qui se traduit par un déficit de l’offre et un service à la clientèle non satisfait.
Elle accuse, dans ce cadre précis, un déficit structurel de capacité estimé à 5 GW, qui entraîne, en permanence, des niveaux de délestage se traduisant par des coupures de courant. Ces délestages sont amplifiés par la surcharge des équipements déjà vétustes ou insuffisants, les sabotages des installations de SNEL, le vol des câbles de cuivre et des cornières des pylônes ainsi que l’explosion des raccordements frauduleux.
Malgré ces contraintes, des signaux encourageants se dessinent. Depuis janvier 2024, la SNEL a réduit son recours aux crédits à court terme, abaissant son encours de dette de 60 %. Par ailleurs, des projets pilotes de digitalisation comme l’application SNEL & Moi visent à renforcer le recouvrement des recettes et à moderniser la relation client.
Plusieurs défis à relever
Des partenaires internationaux au rendez-vous
Pour transformer ce potentiel en résultats concrets, la SNEL s’appuie sur des partenaires de renom tels que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, et des agences comme la JICA et la KfW. Ensemble, ils finalisent des programmes de financement ambitieux pour relever le taux d’électrification.
Un contrat de performance signé avec l’État promet également des réformes structurelles : paiement des créances publiques, restructuration de la dette, et régularisation des concessions. Ce partenariat constitue une avancée majeure pour améliorer la gouvernance et la rentabilité de l’entreprise.
Des projets structurants pour l’avenir
Ils sont multiples. D’abord, la digitalisation du service à la clientèle Snel & Moi. Ensuite, la finalisation de la construction du barrage de Katende et des réseaux de transport associés vers Kananga (Kasaï central), Mbuji-Mayi (Kasaï Oriental) et Mwene Ditu (Lomami). Réhabilitation et l’extension du barrage de Mobayi Mbongo ainsi que la construction de la ligne de transport Mobayi-Mbongo – Businga – Gemena et réseaux urbains associés du Nord et Sud Ubangi ainsi que de la Mongala.
Par après, la construction des centrales hydroélectriques sur la rivière Luapula (Haut Katanga) ainsi que des réseaux de transport associés vers Tanganyika (Bendera) et Sud Kivu (Ruzizi 1, 2 et 3) et Interconnexion avec le réseau de Transport Sud… Sans oublier la construction de la centrale hydroélectrique de Wania Rukula et des réseaux de distribution associés dans les provinces de la Tshopo, du Sankuru (Lodja), du Maniema (Kindu) et du Nord Kivu (Walikale) ainsi que des nouvelles centrales hydroélectriques de la rivière Inkisi (en attendant la structuration du programme Grand Inga3) + construction de la ligne Maquela Do Zombo (Angola) – Kwilu (Kongo central) et de la ligne Maluku – Kikwit.
Dans le même ordre d’idées, un partenariat stratégique à nouer avec John Cockerill pour redynamiser la recherche et développement.
Une vision d’avenir en péril ?
Si les efforts de redressement inspirent de l’espoir, des menaces subsistent. La pression fiscale accrue, via une nouvelle parafiscalité, risque de freiner ces avancées. L’urgence est donc de maintenir cet équilibre fragile tout en accélérant les réformes.
Avec des objectifs ambitieux et un cadre de financement renforcé, la SNEL se positionne comme un acteur clé de la transformation énergétique en RDC. Reste à voir si ces initiatives pourront, à terme, allumer durablement la lumière dans chaque foyer congolais.
Vivement l’implication du Gouvernement
Pour rappel, le 20 septembre 2024, le Gouvernement avait adopté une nouvelle politique générale des entreprises publiques. La SNEL, pour sa part, a signé un contrat de performance avec l’Etat afin de poursuivre son redressement qui repose notamment sur la régularisation de ses titres et concessions, le paiement des créances et des consommations de l’Etat, la restructuration de sa dette, une réévaluation des investissements, une meilleure communication, la digitalisation du service à la clientèle et de la gestion des réseaux urbain couplée à la conquête des parts de marché du bois-énergie (4 milliards $), un programme de renforcement des capacités ainsi qu’un plan de relève axé sur le cœur de métier et les NTIC.
La nouvelle politique proposée par le Ministre du Portefeuille et adoptée par le Gouvernement repose sur 10 axes parmi lesquels dont les investissements et activités, le financement, les participations, la fiscalité et la parafiscalité et la trésorerie pour ne citer que ceux-là. Le plan opérationnel 2024-2026 a été actualisé pour prendre en compte les résultats attendus de l’Etat propriétaire sous la houlette du Ministre du Portefeuille.
Il appartient donc aux dirigeants d’accélérer les stratégies pour permettre la matérialisation de la vision du Président Félix Tshisekedi, en appuyant la mission de la Société nationale d’électricité (SNEL S.A), pour le bien-être des congolais.
La Pros.