Xi Jinping, Président de la République Populaire de Chine a marqué par sa présence le 15ème sommet des BRICS tenu en Afrique du Sud du 22 au 24 août 2023. L’un des 3 Chefs d’Etat à y avoir pris part aux côtés de ses homologues brésilien Luiz Inácio Lula da Silva et sud-africain Cyril Ramaphosa ainsi que du Premier ministre indien Narendra Modi et du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, il s’est distingué par son esprit d’ouverture à l’égard de tous les pays présents, particulièrement les Etats africains. Il s’est d’ailleurs adressé le 24 août 2023 à eux lors du Dialogue des dirigeants chinois et africains, se déclarant « très heureux de revoir face à face mes amis africains cinq ans après pour procéder à des échanges sur l’amitié et la coopération sino-africaines. Je vous remercie d’être venus au dialogue et je voudrais adresser mes salutations cordiales aux dirigeants africains qui ne sont pas présents aujourd’hui »…
Qualifiant à juste titre le continent noir de « terre d’espoir au 21e siècle », Xi Jinping a mis l’accent sur les avancées, réalisées au cours des 60 dernières années, « à grandes enjambées vers une Afrique indépendante, unie, forte et intégrée, en démontrant la force de l’Afrique dans la lutte pour préserver le multilatéralisme et défendre les intérêts communs des pays en développement ».
Il s’est félicité de la progression solide de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, citant en exemple le lancement de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) avec la coordination des organisations sous-régionales.
« L’Afrique devient un pôle important doté d’une influence mondiale », a-t-il fait observer.
De son premier déplacement sur le continent en 2013 au dernier en date, il s’est écoulé une décennie au cours de laquelle il a retenu « le principe de sincérité, de résultats effectifs, d’amitié et de bonne foi pour les relations sino-africaines ».
Il a souligné que combien cela a « œuvré à la lumière de ce principe avec nos amis africains pour puiser la force dans l’esprit d’amitié et de coopération Chine-Afrique, avancer résolument sur la voie de la solidarité et de la coopération, défendre fermement la justice malgré les aléas internationaux et nous entraider face aux impacts de la COVID-19 ».
Ainsi, sous son mandat, les relations sino-africaines ont-elles été portée à « de nouvelles hauteurs et dans la nouvelle phase de la construction conjointe d’une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau ».
Xi Jinping a affirmé par la suite que « La Chine avance aujourd’hui vers la réalisation de l’objectif du deuxième centenaire, à savoir faire de la Chine un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines qui soit prospère, puissant, démocratique, hautement civilisé, harmonieux et beau d’ici le centenaire de la fondation de la Chine nouvelle et promouvoir sur tous les plans le grand renouveau de la nation chinoise par la modernisation à la chinoise ».
Aussi, en a-t-il appelé à l’union des efforts entre la Chine et le continent africain « en vue d’une nouvelle Afrique pacifique, unie, prospère et forte » et à la création d’un environnement qui soit favorable « réalisation des visions de développement de l’une et de l’autre ».
D’où les trois crédos consistant, le premier, à « Favoriser ensemble un ordre international juste et équitable », le deuxième à « Préserver ensemble un environnement mondial de paix et de sécurité » et le troisième « Bâtir ensemble une économie mondiale ouverte et inclusive ».
Pour le premier crédo, il est, entre autres, question de « faire valoir l’esprit de solidarité, porter le véritable multilatéralisme, rejeter sans équivoque les vestiges du colonialisme et toutes sortes d’actes hégémoniques ».
Pour le deuxième, exhortation est faite à l’Afrique d’œuvre à l’objectif de « faire taire les armes ». « Nous sommes prêts à travailler avec l’Afrique pour traduire en actes la nouvelle vision de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable, préconiser la résolution de divergences et de conflits par le dialogue et la coopération, et favoriser le règlement politique des points chauds régionaux et internationaux, de sorte à préserver la paix et la stabilité dans le monde », a déclaré le Chef de l’Etat de la Chine.
Pour le troisième crédo, l’objectif est « briser les barrières et non ériger des murs, rechercher l’ouverture et non la fermeture ».
TRILOGIE SOUTIEN A L’INDUSTRIALISATION, MODERNISATION DE L’AGRICULTYRE ET DEVELOPPEMENT DES TALENTS
Le Président Xi Jinping est pour la multiplication des voies menant à la modernisation. Il s’est convaincu que « Les peuples africains sont les mieux placés pour dire quelle voie de développement est la plus adaptée à l’Afrique ».
Dans cette optique, la Chine est disposée à assurer à l’Afrique un accompagnement conséquent. « Depuis des années, la Chine a aidé l’Afrique à construire de nombreuses infrastructures d’interconnexion et développé de larges coopérations avec l’UA et les organisations sous-régionales, avec la construction des projets panafricains emblématiques comme le Centre de Conférence de l’UA et le siège du CDC africain », a déclaré en substance le N°1 Chinois, réaffirmant la volonté de son pays à travailler avec l’Afrique au renforcement de l’articulation de leurs stratégies de développement.
Pour ce faire, Pékin va s’appuyer « sur la coopération dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » et le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) et en synergie avec l’Agenda 2063 de l’UA… ». Et de renchérir : « La Chine continuera de soutenir les efforts de l’Afrique visant à parler d’une seule voix dans les affaires internationales et à rehausser sa place internationale, tout comme de travailler « activement au Sommet du G20 du mois prochain à ce que l’UA devienne membre à part entière du G20 » et de soutenir « l’adoption de dispositions spéciales permettant de répondre en priorité aux aspirations de l’Afrique sur la question de la réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies, non sans demander aux institutions financières multilatérales de renforcer le droit à la parole des pays africains.
Xi Jinping a avancé trois propositions rendues en ces termes : primo «La Chine lancera l’Initiative pour le soutien à l’industrialisation de l’Afrique » ; secundo, « La Chine lancera le Programme d’assistance à la modernisation de l’agriculture de l’Afrique » et, tertio, « La Chine lancera le Plan de coopération sino-africaine pour le développement des talents ».
Pour la première proposition, il est question de mobiliser « des ressources de sa coopération avec l’Afrique et l’initiative des entreprises chinoises pour soutenir le développement du secteur manufacturier et la réalisation de l’industrialisation et de la diversification économique du continent », y compris la mise en œuvre des « neuf programmes » du FCSA et de l’orientation des « ressources en matière d’aides, d’investissement et de financement vers les projets d’industrialisation ».
Pour la deuxième, le but pour la Chine est d’accompagner « l’Afrique dans l’extension de ses cultures céréalières », encourager « les entreprises chinoises à accroître leurs investissements dans l’agriculture en Afrique » et renforcer « la coopération sur les technologies agricoles, dont celles liées aux semences, en vue de contribuer à la transformation et à la montée en gamme de l’agriculture en Afrique ».
La Chine annonce la tenue du 2ème Forum sino-africain sur la coopération agricole en novembre 2023 à Hainan.
Pour la troisième proposition, la Chine se prononce pour un programme de formation, chaque année, de « 500 directeurs et enseignants performants des écoles professionnelles » et « 10.000 talents qui maîtrisent la langue chinoise et les compétences professionnelles », outre l’invitation réservée à « 20.000 officiels gouvernementaux et professionnels techniques des pays africains à des séminaires ou forums ».
Ce n’est pas tout. Pour renforcer les capacités africaines dans les domaines-clés des sciences, de l’éducation et de l’innovation, la Chine, a révélé le Président Xi Jinping, veut mettre « en œuvre le Programme de coopération entre 100 établissements d’enseignement supérieur chinois et africains et lancera 10 projets pilotes entre les instituts de recherche chinois et africains partenaires ».
Face aux problèmes de déficit de développement, de réponse au dilemme de sécurité et de renforcement de l’inspiration mutuelle entre civilisations, le Président de la République Populaire de Chine a annoncé plusieurs initiatives auxquelles il porte beaucoup d’importation. Il s’agit, respectivement, de « l’Initiative pour le développement mondial, de « l’Initiative pour la sécurité mondiale » et de « l’Initiative pour la civilisation mondiale ».
Aussi, a-t-il préconisé la promotion de la paix, du développement, de la coopération et du bénéfice mutuel ; ce qui a pour effet positif d’œuvrer « à la construction de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité ». Il s’est réjoui du large soutien reçu des dirigeants africains.
Résultat : en 2024, la Chine organise la conférence du FCSA considérée comme « une nouvelle occasion pour la Chine et l’Afrique de se réunir et d’envisager le développement futur ». Pékin en attend beaucoup. Ce qui a fait dire à Xi Jinping : « Je suis convaincu que la Chine et l’Afrique feront rayonner davantage leur amitié traditionnelle, approfondiront leur solidarité et coopération, et favoriseront un développement vigoureux de leur coopération dans différents domaines ».
En guise de mot de la fin, Xi Jinping va déclarer : « L’engagement commun de la Chine et de l’Afrique à promouvoir la modernisation permettra certainement de créer un avenir plus radieux pour les peuples chinois et africains et de donner l’exemple dans la construction de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité ».
Simon Mutombo