Lors de son passage, mardi 24 décembre dernier, à l’émission Face à face sur la Radio Top Congo, le Professeur Michel Bongongo Ikoli Ndombo, Docteur en philosophie politique, et ancien Ministre de la fonction publique et du Budget en République Démocratique du Congo, s’est exprimé sur la révision constitutionnelle. Alors que d’autres évoquent l’aspect politique à ce sujet, lui, a préféré se focaliser sur le social, où il a évoqué quatre points prioritaires au niveau social des travailleurs en RDC notamment, sur le plan économique, social, politique et juridique.
D’après lui, la Constitution est une expression écrite des préoccupations majeures d’un peuple à un moment donné, de l’histoire de son pays. Or, dans la situation actuelle, les préoccupations majeures de la population c’est l’amélioration des conditions de vie et du social.
Pour ce faire, il est question d’améliorer le salaire qui produit le social. C’est ainsi qu’il a fait une analyse sur l’initiative du Chef de l’Etat, qui demande au peuple congolais de réfléchir sur la réforme constitutionnelle, et à un des thèmes majeurs de cette réforme qui est le salaire.
‘’Il faut créer des mécanismes qui vont permettre que les salariés et les travailleurs ne soient plus à la merci des humeurs des politiques et des décideurs. Raison pour laquelle, aujourd’hui, nous avons à tout moment des revendications, des grèves, des frustrations, des violences sociales. Il faut donc avoir le temps au-delà de la passion, des émotions, réfléchir sur cette question centrale qui touche l’essentiel de la vie de la Nation’’, a glissé le Prof Michel Bongongo pendant l’interview.
Pour évoquer et justifier l’impératif de ce débat, Michel Bongongo a énoncé 4 arguments majeurs, autour desquels ceci devrait tourner notamment, l’économie, la politique, le social et le plan juridique.
En ce qui concerne l’argument économique, il a appelé à garantir une croissance durable exclusive, pour aider le pays à bien avancer.
‘’Pour réduire ou casser cette disparité qui est entre le fonctionnaire, Ministre et Président, il faut faire de la tension salariale un verrou constitutionnel, c’est-à-dire, qu’à l’issue du référendum, il y aura des articles, dispositions votés par le souverain primaire qui devront être exécutoires. C’est ainsi que les fonctionnaires et les travailleurs ne seront plus à la merci des décideurs politiques ou décideurs économiques. Il faut savoir que, tous les travailleurs ont droits à une rémunération égale sans discrimination. Dommage que ce principe ne soit pas dans l’actuelle Constitution, car celle-ci évoque de façon vague ce principe’’, a précisé le docteur en Philosophie politique.
L’ancien sénateur a soulevé 3 points concrets sur ce que la nouvelle loi suprême devrait prendre en compte en matière de ce point économique. Il s’agit de mécanismes de revalorisation de salaire en créant une commission de représentants de l’Etat pour veiller à cette revalorisation ; mettre en place un fond national pour garantir le salaire ; mettre en place un indice salarial national pour éviter les rapports entre le salaire du plus élevé au plus bas.
Par ailleurs, il estime que les politiques et les animateurs des institutions sont mieux payés par rapport aux fonctionnaires, bien que tous soient des travailleurs. A l’en croire, cette situation est due au salaire faible des travailleurs, qui ne sont pas motivés à améliorer leur production.
‘’Quand les travailleurs sont bien payés, ils deviendront productifs », a-t-il lancé.
Quant à l’argument social, qui est un renforcement de la cohésion sociale et la lutte contre la pauvreté, il a préconisé la garantie d’un salaire équitable.
Selon le professeur Michel Bongongo, il faut toucher à la Constitution pour revoir cette situation.
Sur l’argument politique, Il a évoqué la légitimité, la stabilité de l’Etat, qui dépendent de la volonté des citoyens. Pour lui, à ce stade, quand les citoyens, en particulier les travailleurs, se retrouvent dans le vécu quotidien, cela les pousse à travailler pour leur propre gain. Cependant, les institutions sont censées fournir des efforts pour que les travailleurs puissent avoir un bien-être et qu’ils s’identifient dans tout ce qui se fait dans le pays.
Pour clore le débat, dans son dernier point qui n’est rien d’autre que l’argument juridique, il a appelé à réduire les grèves, les conflits sociaux, renforcer la démocratie, renforcer l’état de droit et l’efficacité des droits sociaux.
‘’Il n’est que normal si nous entrons dans cette direction. Ça sera une occasion pour notre pays de confirmer ces engagements au niveau international’’, a-t-il explicité.
Avant d’ajouter : ‘’Mettre la République Démocratique du Congo en conformité avec les droits fondamentaux, on en parle avec OHADA depuis plusieurs années, protéger les travailleurs congolais contre les abus, c’est prévu par la loi, procéder aux verrouillages contre les manipulations etc… Tout cela est prévu, mais pas dans la Constitution. Aussi longtemps que ces points ne sont pas prévus dans la Constitution, tout le monde a une certaine liberté de faire ce qu’il veut’’.
Le Professeur Bongongo pense que si dans les jours à venir, la Constitution prévoit d’intégrer toutes ces choses citées, les travailleurs auront une arme qui leur garantit la sécurité. Il estime en outre que l’initiative prise par le Président sur la réforme constitutionnelle est une expression d’une volonté politique, et que cette volonté doit être commune, parce que la situation sociale de la population est désastreuse. Au regard de cette situation sociale des congolais, Michel Bongongo Ikoli Ndombo se dit favorable pour le changement car, pour lui, cela va constituer un nouvel esprit, une nouvelle mentalité dans le pays, surtout dans sa gestion.
Chimea Samy