Après « Les Collabos », « Fanon l’Insoumis », « Lumumba profané », « Kasavubu. Le vendu », « Congo-Belgique. Entente impossible », « Tshombe. La honte de l’Afrique », « Tshisekedi. Est-ce l’homme qu’il faut ? » et tant d’autres livres de référence, le libre-penseur, chercheur émérite, Pasu Lundula éventre le boa en vue d’extirper et mettre à nu le christianisme. Comme de coutume, une série d’interrogations sont énumérées dans la quatrième de couverture : « Le christianisme est-il la voie du salut éternel ? Est-il une religion fraternelle ? Qu’a-t-il apporté à l’homme de couleur ? Jésus est-il le Sauveur de l’Humanité ? Pourquoi le péché originel est-il un gros point d’interrogation ? La Bible est-elle la parole de Dieu ? Qu’est-ce que le Vatican ? … »
Cet ouvrage de près de 350 pages a une bibliographie riche. Tel un vieux « rat » des bibliothèques, l’auteur a rongé plusieurs livres tels que « L’Essence du Christianisme » de Ludwig Feuebarch, « Les Inventions du Christianisme » de René Remond, entretien avec Marc Leboucher, « Jean-Paul II » écrit par Bernard Lecompte. La table de matières est alléchante avec des chapitres non sans controverse : Trois papes au scalpel (Jean-Paul II, Benoît XVI, François) ; Les charlatans (Branham, Abd-Ru-Shin, Moon, Bonnke) ; La haine des Noirs ; La prêtraille nègre (Malula, Youlou, Tchidimbo, Muzoxera ; Monsengwo ; Tutu ; Ambongo. On a achevé de l’imprimer en août 2023.
« LE CHRISTIANISME sans cagoule » comporte trois préfaces (2014, 2020, 2023). Dans cette troisième édition, Pasu Lundula a mis en exergue le témoignage de celui qui est allé plus loin, que les autres, dans l’intensité de l’expression du sentiment éprouvé, en l’occurrence, Ray Sendwe. « Je tiens à vous remercier pour le livre Le Christianisme sans cagoule qui m’a éveillé voire délivré », a écrit ce lecteur. L’écrivain résume ces quelques mots en un seul : « Pathétique ».
Dès l’entame du premier chapitre, « Le procès », Pasu Lundula récidive dans les tirs à boulets rouges en ces termes : « Le Vatican est le berceau du suprématisme blanc : il reste englué dans ses préjugés idiots sur les Noirs qu’il a toujours considérés, non pas à l’image de Dieu, mais du Satan. Le Blanc a toutes les raisons du monde pour être chrétien car le christianisme est le palladium de la race blanche à l’époque. Le christianisme est le socle du suprématisme blanc », lance-t-il. Dans les paragraphes suivants, l’auteur va encore plus loin en arguant que le Vatican est un Etat repu qui a des actions qui s’élèvent à des milliards de dollars dans les multinationales comme Shell, General Motors, General Electric et a massivement investi chez les Rothschild.
Selon Pasu Lundula, l’Eglise catholique est une multinationale plus puissante et plus dangereuse, pour les pays d’indépendance récente, que toutes les multinationales réunies. Sans langue de bois, cet écrivain affirme que la doctrine chrétienne a été l’arme idéologique du colonialisme, et qu’elle est la soupape de sécurité du néocolonialisme ; sa mainmise sur l’éducation, dans les pays en développement où l’Eglise chrétienne est prédominante, lui a permis de dompter l’esprit des autochtones.
Lundula peint dans un tableau sombre les trois récents papes qui se sont succédé au Vatican. Quoique qu’il reconnaisse, néanmoins, que François a suscité un immense espoir chez les catholiques par sa résolution de réformer le Vatican et de dépoussiérer l’Eglise en épousant les grandes questions de notre temps, comme la répartition des richesses, l’équité et la justice, la modernité, le rôle et la place de la femme, la nature du mariage, etc. Il revient aussi sur la récente visite du Souverain pontife au pays de Lumumba. C’est un livre très intéressant.
Pasu Lundula dit que William Marion Branham est un charlatan. « Sa doctrine, qui dérive du pentecôtisme, inspire les néoconservateurs yankees, les Bush et leur clique, cette bande des fous enragés qui ont plongé l’Humanité dans l’effroi par leur délire messianique. », écrit-il à la page 118. Des propos très durs. L’écrivain cite trois autres charlatans dont Moon et Bonnke. Dans la foulée, il donne un coup de projecteur sur la prêtraille nègre qui a pondu en 1956, au moment où des secousses indépendantistes secouaient l’Afrique, un document qui fit grand bruit : Les Prêtres noirs s’interrogent.
Pasu Lundula crie dans cet ouvrage, de toutes ses fibres, son horreur du christianisme. Dans son dernier mot, il s’interroge à nouveau comme suit : « Qu’apporte le christianisme à l’homme de couleur ? Non, mille fois non, le christianisme n’est pas la grande école de la fraternité humaine ; il n’est ni une religion fraternelle ni une religion d’égalité non plus : il est au service exclusif de la race blanche ; n’a-t-il pas proclamé solennellement, de Saint Augustin à Pie X en passant par Bossuet, le principe de l’inégalité de droit divin ? Cet axiome reste le fondement même de la religion chrétienne. Le reste, c’est du taratata. » Il invite ses lecteurs à retenir ces deux cruelles évidences : 1. L’humanisme chrétien est une hypocrisie qui sent mauvais ; 2. Le christianisme est une doctrine du mal. A chacun de juger.
James Mpunga Yende