Les errances éthiques des responsables politiques permettant que la démocratie en Rdc devienne l’objet de scandales et l’insatisfaction sociale croissante d’une plus grande portion de la population peuvent générer un nouveau type de menace.
Il faut donc s’inquiéter sur le risque que court le régime actuel s’il n’y a pas de solutions efficaces dans l’architecture mise en place qui ne produit qu’indigence, exclusion sociale, marginalité. Il faut sortir de cette description qu’on entend aujourd’hui en RDC : « C’est pire que l’année passée, c’était mieux avant ».
Certes, la manière de faire la politique actuellement au Congo ne consolide pas la reconstruction nationale comme ce fut à notre époque avec ce leitmotiv : « Tous ensemble, reconstruisons notre pays ».
En termes de responsabilité sociale, il faut souligner que l’éthique touche aux valeurs de la société comme l’un des vecteurs du développement et l’absence de moral occasionne la décrépitude sociale telle quelle peut s’observer par les fraudes, les mensonges, les fourberies, l’égoïsme éhonté.
En effet, à la lumière de l’impressionnante succession d’événements qui se sont produits ces derniers mois, il faut affirmer que la décadence de la politique comme partie de la décadence générale de la société est en marche en RDC et elle se définit par ces éléments : les détournements massifs des deniers publics, l’impunité, le népotisme, la spoliation des terrains, domaines appartenant à l’Etat ou aux villageois par des politiciens véreux, cinglés. Pourquoi le ministre de Sport sortant peut-il avoir du culot de vendre une partie des terrains du Stade de Martyrs ?
Pourquoi aussi d’autres politiciens radins de Kinshasa ont vendu le domaine de Mushie -Pentane dans le Bandundu ? Pour qui se prennent-ils ?
Ce modus vivendi est une marque du régime Fatshi.
Selon le bulletin « Kanyaka Rushwa » du CNPAV, près d’1 milliard de dollars américains a été détourné en 6 mois, des dossiers importants ont connu aussi des détournements massifs en l’occurrence ceux de la construction des stations d’adduction d’eau impliquant Mr Nicolas Kazadi qui a été mis au placard pour échapper à la justice, Jeux de la Francophonie , Taxe RAM…Les congolais ne veulent plus de ces hommes politiques qui affaiblissent la démocratie en jouant avec l’avenir des millions des citoyens . Comme disait Churchill : « la démocratie est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres ».
Le reproche s’adresse au gouvernement qui s’enfonce dans l’impopularité.
La démocratie n’est pas un lieu où on obtient un mandat déterminé sur des promesses et puis, où l’on en fait ce qu’on veut. Il devrait y avoir une relation constante entre les élus et le peuple, ce n’est pas le Parlement ou le Sénat qui doit régner, c’est le peuple.
Le régime qui articule le déclin économique par la spoliation matérielle, la mal gouvernance économique aggrave la pauvreté.
Quand le président congolais suggère l’émergence d’une classe moyenne comme solution de la lutte contre la précarité, c’est une idée lunaire.
Il n’existe pas de définition officielle de la classe moyenne. Il est possible de tenter de dresser le portrait des classes moyennes selon différents indicateurs notamment leur place dans la hiérarchie sociale liée à leur statut d’emploi. Sociologiquement on peut considérer cette classification regroupant les professions : les artisans, les ouvriers, les instituteurs, les professions intermédiaires de fonction publique, les professions intermédiaires administratives et commerciales.
On peut souligner que cette catégorie sociale est celle des revenus se situant autour du revenu médian. A fortiori c’est mal réfléchi de corroborer que la lutte contre la pauvreté passe par la consolidation de la classe moyenne. Il faut des emplois décents assortis de salaires décents, équitables pour lutter contre la pauvreté et promouvoir l’inclusion sociale. Le pouvoir d’achat des congolais ne donne pas la possibilité de répondre à la quantité de biens et services que le revenu permet d’acquérir.
Depuis plus de décennies, il n’y a pas de volonté politique de faire changer la vie des citoyens, la société est très fracturée entre le monde urbain et rural. Les populations des pans de la République ne doivent pas être des laissés-pour-compte.
Malheureusement, c’est l’état de catastrophe nationale à l’intérieur du pays et la pauvreté reste très élevée.
Quant à la guerre à l’Est, seules des grandes déclarations ou intentions ne suffisent plus, il faut sortir de la logique de l’éternel assisté pour rabattre de manière permanente les cartes en infligeant un coup magistral aux rebelles du M23.
Précédemment nous avons proposé voies et moyens pour que les Fardc ne soient plus dans une position de faiblesse puisque pour négocier il faut un rapport de force. On dit que le militaire est subordonné au politique, les échecs d’une armée nationale sont imputables au chef de l’Etat tout comme l’insécurité qui sévit à Kinshasa ou dans le Kwamouth et Bagata.
Le gouvernement congolais n’a pas de raisons pour se défendre puisque l’incurie du pouvoir est éloquente et nous exigeons que des gens qui ont souvent l’air d’être sorti de nulle part doivent dégager. Si ces incompétents sont tous pourris, peut-être que leurs marques aussi. Le dégagisme pour se débarrasser de la nomenklatura actuelle mafieuse appartenant à une race des vipères est un processus auquel tous les patriotes doivent accorder un intérêt particulier parce que le pays nous appartient tous, que cessent le détournement et le « je m’en-foutisme » qui ont dépassé les limites de l’acceptable.
La légitimité du régime actuel peut connaître un basculement à cause de gros déficits démocratiques, de la mal gouvernance, de l’incurie du pouvoir, de l’incapacité des responsables politiques de ne pas imposer la sécurité dans la capitale ou de pacifier l’est du pays et surtout de l’absence de cohésion nationale.
Professeur Florent Gabati
