C’est sous un soleil de plomb que le Ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a marqué de sa présence les locaux de l’Office Congolais de Contrôle (OCC) le vendredi 2 mai 2025. Loin d’une simple visite de courtoisie, cette descente sur le terrain s’inscrivait dans une volonté affirmée de redynamiser cet établissement public crucial, de jeter les bases d’un avenir plus performant et de galvaniser les agents et cadres pour qu’ils redoublent d’efforts au service du développement national.
Dans une adresse structurée et sans détour, le Ministre Paluku a d’abord tenu à clarifier le cadre institutionnel, rappelant les prérogatives essentielles de la tutelle ministérielle sur l’OCC. Il a détaillé les trois pouvoirs fondamentaux qui régissent cette relation.
‘’La tutelle a trois pouvoirs. Le premier pouvoir qu’a la tutelle, c’est l’autorisation préalable. C’est-à-dire, qu’il y a des choses qu’on peut faire ici par le Conseil d’Administration qui requiert d’abord que la tutelle donne l’autorisation préalable », a-t-il expliqué, ajoutant : « Le deuxième pouvoir, c’est le pouvoir d’approbation des décisions. Et nous avons un délai pour le faire, dépassé ce délai, et bien les décisions se transcrivent sur le site exécutoire. Nous pouvons, par un troisième pouvoir, nous opposer et annuler les décisions. Parce que nous estimons qu’elles ne répondent pas à l’intérêt général ou qu’il y a violation de certains nombres de principes et de textes’’.
Après ce rappel nécessaire, le Ministre a dressé un état des lieux lucide, voire sévère, de la situation au sein de l’Office. S’appuyant sur la vision du Chef de l’Etat exprimée lors des Etats généraux des entreprises publiques en décembre 2024, il a rappelé le rôle fondamental de ces entités.
‘’Le Chef de l’Etat a clairement indiqué que les entreprises d’Etat, les établissements publics, sont des piliers de la croissance économique. Et c’est comme ça que vous devez vous considérer, » a-t-il insisté.
Cependant, ce potentiel est miné par des maux profonds que le Ministre n’a pas hésité à nommer.
‘’Le premier problème que nous avons connu à l’OCC et à beaucoup d’entreprises, c’est qu’il n’y avait plus de mérite récompensé. Il suffisait d’appartenir à un groupe, soit à un clan, soit à une considération politique, pour devoir bénéficier des avantages pourtant reconnus dans les textes, » a-t-il déploré. « Et donc, ces questions de clanisme, d’éthnicisme, de privatisation des partis politiques, à l’OCC, ça doit suffire’’.
Face à ce constat, Julien Paluku Kahongya a annoncé une série de mesures fortes, destinées à remettre l’OCC sur les rails de la performance, de l’équité et de la rigueur notamment :
- Les Contrats de Performance Obligatoires : ‘’Désormais, tous les cadres vont signer un contrat de performance, » a annoncé le Ministre. Il a justifié cette mesure par l’impact financier des récentes promotions : « J’ai demandé au Directeur Général et au PCA, les grades que vous avez obtenus nous donnent une implication de 1 million 100 000 dollars chaque mois. Et donc, l’office doit trouver ces moyens-là supplémentaires. » Ces contrats concerneront tous les niveaux de responsabilité, y compris les Directeurs centraux.
- Contrôle Accru des Dépenses : Pour lutter contre les dérives financières notamment, le « phénomène de retour » des frais de fonctionnement envoyés en province vers Kinshasa, le Ministre a pris une décision ferme. ‘’Désormais, je vais mandater les collèges aux commissaires aux comptes de faire ce travail. Et il me donnera le rapport chaque mois. » Il a averti que des sanctions pénales pourraient suivre les sanctions administratives.
- Critère de citation dans l’avancement en grade : la promotion ne dépendra plus uniquement de l’ancienneté. ‘’A parti d’aujourd’hui, on introduit la cotation dans les critères d’avancements en grade, » a déclaré M. Paluku. « Si vous n’avez pas de bonnes côtes à plusieurs reprises, mêmes si vous avez passé beaucoup d’années à l’office, vous ne méritez pas la promotion’’. Il a aussi rappelé la nécessité de lier les recrutements aux vacances de postes réelles pour éviter de plomber la trésorerie.
- Mobilisation intensive des recettes : Conscient des défis financiers, 4 millions USD de dettes envers les formations sanitaires, 3 millions USD d’arriérés pour les retraités, le Ministre a lancé un ultimatum : ‘’Un délai de trois mois est donné à tous ceux qui sont commis à la mobilisation des recettes. En août, je vais effectuer une évaluation. Ceux qui ne seront pas performants, on va les mettre de côté’’.
- Digitalisation et Gratification : Pour moderniser les processus et réduire les risques de détournement, ‘’on va digitaliser l’OCC. On va dématérialiser le processus. » Parallèlement, pour encourager l’excellence, ‘’on va également instaurer le système de gratification, en remettant des primes aux plus performants. »
Le Ministre a martelé sa détermination à redresser l’Office :
‘’Je voudrais que le pouvoir que le Président de la République, son Excellence Félix Tshisekedi m’a donné ne permette pas à l’Office de sombrer. Je vais tout faire pour redresser et rénover l’OCC. Ceux qui vont souhaiter la mort de l’OCC, nous allons commencer par eux. Tout celui qui concoure à l’enterrement de l’OCC est impardonnable’’, a-t-il mis en garde.
Ces mesures feront l’objet d’une évaluation stricte. Une première en août 2025 pour vérifier leur mise en œuvre, suivie d’une évaluation complète en décembre par le Conseil d’Administration.
Prenant la parole lors de cet événement, le Dr Etienne Tshimanga Mukendi, Directeur Général de l’OCC, a salué la présence du Ministre, la considérant comme un témoignage de la vision du Chef de l’Etat pour la valorisation du capital humain.
‘’Votre visite, Excellence Monsieur le Ministre, est un encouragement pour tous les travailleurs de l’Office congolais de contrôle qui œuvrent quotidiennement avec abnégation afin d’atteindre nos objectifs communs,’’ a-t-il déclaré, tout en remerciant le gouvernement dirigé par la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka.
Il a souligné que la récente promotion cinquantenaire était une juste reconnaissance de la loyauté et de la compétence des agents, mais a appelé à redoubler d’efforts.
‘’Nous devons tous garder à l’esprit que les défis qui nous attendent exigent plus d’efficacité, d’innovation et de rigueur. L’Office congolais de contrôle doit rester compétitif et tourner vers l’excellence’’.
La rencontre s’est conclue par la remise symbolique d’attestations de promotion à quelques agents, marquant le début d’une nouvelle ère attendue à l’OCC, une ère où performance, mérite et rigueur devront être les maîtres-mots. Le message du Ministre en charge du Commerce extérieur était clair, l’heure n’est plus à la complaisance, mais au travail acharné pour la survie et la prospérité de l’Office.
La Pros.
