Face à la crise multiforme que traverse actuellement la RDC, marquée par l’occupation illégale d’une partie du territoire national, Jean-Marc Kabund, Président de l’Alliance pour le Changement, son propre parti politique, a dévoilé son plan de sortie de crise. Au cours d’une conférence de presse tenue, hier, mardi 4 novembre 2025, à Kinshasa, il a vivement souligné la nécessité de la tenue urgente d’un dialogue national inclusif. Pour lui, ce dialogue voulu sincère est un appel patriotique assumé et constitue un mécanisme essentiel pour redessiner la charpente de la cohésion interne, barrer la route à la balkanisation et renforcer la mobilisation autour des efforts de défense de la souveraineté du pays ainsi que de l’amélioration des conditions de vie des populations. Le Leader de la Coalition de la Gauche Congolaise soutient l’idée d’intégrer aux négociations le M23, y compris l’AFC, pour une issue heureuse de la démarche envisagée.
‘’La situation actuelle de notre pays prouve sans ambages que la RDC traverse une tragédie sécuritaire et humanitaire la plus atroce du 21ieme siècle. C’est pourquoi nous dénonçons avec force l’incapacité du pouvoir en place à restaurer la paix sur l’ensemble du territoire national et dans les trois provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et l’Ituri. Ce que nos compatriotes de l’Est vivent est inacceptable et mérite non seulement l’attention du reste de la RDC, mais aussi des actions concrètes pour que ces derniers retrouvent la paix et vivent en sécurité sur la terre de leurs ancêtres. On ne met pas fin à une guerre en se contentant de condamner, on ne restaure pas la paix en multipliant les voyages et les promesses sur les podiums. C’est pourquoi face à l’option militaire, mal pensée et mal exécutée et à une diplomatie de façade mise en place par le pouvoir actuel, nous proposons le dialogue inclusif comme solution à la crise sécuritaire et humanitaire qui secoue notre pays’’, a déclaré le Leader de l’A.Ch, devant la presse.
Mobilisation à partir du 15 décembre 2025
En cas de non prise en compte de son cri d’alerte, Jean-Marc Kabund menace de passer à une phase supérieure. Il a annoncé une grande stratégie de mobilisation des congolais à travers des manifestations de terrains à partir du 15 décembre prochain, pour pousser le pouvoir en place à assumer pleinement ses responsabilités. Durant sa communication, Jean-Marc Kabund-A-Kabund a, en outre, jugé inefficace la diplomatie engagée par le Président Félix Tshisekedi pour résoudre la crise sécuritaire dans l’Est du territoire national et régler durablement le conflit avec le Rwanda.
‘’On ne met pas fin à une guerre en se contentant de condamner, on ne restaure pas la paix en multipliant les voyages et les promesses sur les podiums. C’est pourquoi face à l’option militaire, mal pensée et mal exécutée et à une diplomatie de façade mise en place par le pouvoir actuel, nous proposons le dialogue inclusif comme solution à la crise sécuritaire et humanitaire qui secoue notre pays. Nous en appelons de tous nos vœux et rappelons qu’au stade actuel, le dialogue national inclusif n’est pas une option, mais un impératif catégorique. Compte tenu de cela, nous ne considérons pas le refus obstiné de Monsieur Felix TSHISEKEDI TSHILOMBO à convoquer un dialogue politique inclusif avec l’ensemble des forces vives et des acteurs armés comme un acte de patriotisme, mais par contre, comme une erreur grave caractérisée par une stratégie cynique qui consiste à conserver le pouvoir au-delà de son second et dernier mandat par un glissement à défaut d’un troisième mandat difficile à obtenir par le changement de la Constitution’’, a averti l’Ancien Premier Vice-président de l’Assemblée Nationale.
Halte aux changements cosmétiques
Jean-Marc Kabund a, par ailleurs, devant la presse, dressé un tableau inquiétant de la situation aussi bien économique et que sociale caractérisant la RDC à l’heure actuelle.
‘’Sur le plan économique, la situation reste alarmante en dépit des discours triomphalistes du pouvoir et notre économie demeure fortement dollarisée et extravertie. La RDC importe tout, de la boite d’allumette au poisson chinchard. La monnaie nationale est devenue un instrument de propagande politique en lieu et place d’être le reflet de notre souveraineté et le fondement de notre économie. Nous voyons le pouvoir faire de notre monnaie un instrument de spéculation, détruisant le pouvoir d’achat de la population déjà appauvri, qui voit son panier de la ménagère se vider, une véritable escroquerie à ciel ouvert. Les prix des denrées de base flambent, pendant que les dirigeants s’enrichissent de manière illicite et honteuse. Les investissements productifs sont absents, les infrastructures sont délabrées et les quelques réalisations observées, cachent un vaste réseau criminel de surfacturation et de détournement de deniers publics. La corruption est devenue la norme au sommet de l’État’’, a-t-il dénoncé, avec fermeté, face aux professionnels des médias.
La Pros.
Conférence de presse de l’Honorable Jean-Marc Kabund-A-Kabund Président National de l’Alliance pour le Changement et de la Plateforme Coalition de la Gauche Congolaise
Lieu : Kingabwa
Date : 04 novembre 2025 à 10h00
Mesdames et Messieurs de la Presse,
Je tiens à vous exprimer ma profonde gratitude pour votre présence en ce lieu, mais aussi pour le rôle que vous avez eu à jouer pendant les heures sombres de mon incarcération injuste. Votre engagement constant en faveur de la vérité et votre courage face à la répression méritent respect et considération.
Durant deux ans et demi passés à la prison centrale de Makala, je n’ai jamais cessé de suivre, avec une profonde émotion, le travail que plusieurs d’entre vous accomplissaient, parfois au péril de leur liberté, pour informer le peuple congolais sur la réalité de ma situation.
Vous avez refusé de vous taire devant l’injustice. Vous avez gardé vivante la flamme de la vérité. En cela, vous avez démontré que le journalisme, lorsqu’il est exercé avec dignité, demeure un pilier essentiel de la démocratie et un rempart contre l’arbitraire.
Vous avez été, sans le savoir, ma voix quand on avait voulu me réduire au silence, mon visage quand on avait voulu m’effacer, et ma dignité quand on avait tenté de me briser.
Chers chevaliers de la plume, je puis vous assurer que les épreuves et les injustices que j’ai traversées ne m’ont ni brisé, ni détourné de l’essentiel. Cette page est désormais tournée dans mon cœur et dans mon esprit. Permettez-moi à travers vos micros de réaffirmer solennellement le pardon que j’accorde à tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont causé du tort.
Comme l’a su bien dit Nelson Mandela : « la rancœur c’est comme boire du poison en espérant qu’il tue l’autre » fin de citation. Je ne nourris donc ni amertume ni ressentiment car je suis profondément convaincu que la haine enchaine tandis que le pardon libère. Je n’entretiendrai jamais l’idée de vengeance, je choisis la voie de la paix, de la dignité et de la responsabilité.
Mesdames et Messieurs,
La République Démocratique du Congo traverse l’une des périodes les plus douloureuses de son histoire récente. Sept ans bientôt depuis que Monsieur TSHISEKEDI TSHILOMBO a accédé à la magistrature suprême, le pays s’enfonce dans une dérive politique, morale, économique et institutionnelle sans précédent.
Sur le plan politique, nous assistons à la destruction méthodique des acquis démocratiques. La gouvernance actuelle se caractérise par le culte de la personnalité, la centralisation du pouvoir, la manipulation des institutions et la réduction de l’espace politique ainsi que la suspension en cascade des partis politiques de l’opposition.
Les opposants sont traqués, emprisonnés et/ou envoyés en exile, les voix dissidentes étouffées, et la justice transformée en instrument de répression. Mon propre cas en est une illustration parfaite : un procès politique monté de toutes pièces pour punir mon indépendance d’esprit et mon refus de la compromission.
Sur le plan économique, la situation reste alarmante en dépit des discours triomphalistes du pouvoir et notre économie demeure fortement dollarisée et extravertie. La RDC importe tout, de la boite d’allumette au poisson chinchard. La monnaie nationale est devenue un instrument de propagande politique en lieu et place d’être le reflet de notre souveraineté et le fondement de notre économie.
Nous voyons le pouvoir faire de notre monnaie un instrument de spéculation, détruisant le pouvoir d’achat de la population déjà appauvri, qui voit son panier de la ménagère se vider, une véritable escroquerie à ciel ouvert.
Les prix des denrées de base flambent, pendant que les dirigeants s’enrichissent de manière illicite et honteuse. Les investissements productifs sont absents, les infrastructures sont délabrées et les quelques réalisations observées, cachent un vaste réseau criminel de surfacturation et de détournement de deniers publics. La corruption est devenue la norme au sommet de l’État.
Sur le plan social, notre peuple est abandonné à lui-même. Les fonctionnaires vivent sans espoir, attendant avec incertitude et dans la plupart des cas jusqu’au 39ième jour du mois pour être payé.
Les enseignants et les médecins sont clochardisés, la jeunesse est abandonnée, livrée au chômage et à la délinquance. La famine bat le record dans tout le pays avec une exacerbation dans les provinces de l’Est et du Kasai. L’État ne protège plus, il opprime. La promesse du changement, tant chantée pendant 37 ans de lutte, s’est muée en cauchemar collectif.
La RDC n’est plus gouvernée : elle est gérée à vue, dans l’improvisation, la confusion et le mensonge. C’est ce constat amer qui justifie plus que jamais la nécessité d’une alternative politique crédible, fondée sur la vérité, la justice sociale et la restauration de la dignité nationale.
Mesdames et Messieurs,
Le drame le plus insoutenable demeure celui que vivent nos frères et sœurs dans l’Est de la République qui, depuis plus de deux décennies, paient le prix du silence. Cette partie de notre pays est une blessure nationale. Des vies y sont fauchées et des familles déchirées. Nos morts ne sont pas des statistiques, ce sont des mères, pères, des enfants, jeunes, des soldats, des citoyens, des congolais.
Aujourd’hui, la rébellion AFC/M23, appuyée militairement par le Rwanda, continue d’occuper des portions entières du territoire national. Des centaines de milliers de Congolais sont déplacés, vivant dans des camps des déplacés dans leur propre pays dans des conditions inhumaines, sans assistance humanitaire.
Les ADF/ NALU ont été tout simplement éloignés de la frontière Ougandaise par l’opération conjointe FARDC-UPDF et continuent d’égorger les populations congolaises. La province de l’ITURI est aussi en proie à l’insécurité, plusieurs vies humaines y sont fauchées tous les jours par les groupes armés. La RDC compte à ce jour plus de 250 groupes armés qui tuent et pillent la population, violent les femmes et exploitent les minerais, qui malheureusement alimentent les chaines d’approvisionnement des grandes multinationales des pays occidentaux.
À cela s’ajoute le phénomène MOBONDO dans le Grand Bandundu et la périphérie de Kinshasa. Ces bandits opérant avec des armes de chasse tuent et extorquent la population jusque dans la ville de Kinshasa. Toute la question est de savoir comment notre armée qui fait montre d’incapacité à mettre fin à l’activisme de ces bandits munis d’armes blanches et armes de chasse, pourra-t-elle en venir à bout à des groupes armés structurés et organisés pour certains bénéficiant du soutien des pays voisins ? Tout ceci laisse entrevoir des signes d’une insécurité généralisée et d’un État défaillant au bord de l’implosion.
Le pays est en train de se fragmenter se dirigeant tout droit vers sa balkanisation, pendant que ceux qui ont juré de le protéger s’adonnent à la politique du déni et de la diversion. Personnellement, je ne suis pas surpris de la situation dans laquelle se trouve notre pays, car j’avais tiré la sonnette d’alarme en 2022. Toutefois, je dois avouer que je suis moi-même dépassé par la trajectoire que prend le pays actuellement.
Mesdames et messieurs,
La situation actuelle de notre pays prouve sans ambages que la RDC traverse une tragédie sécuritaire et humanitaire la plus atroce du 21ieme siècle. C’est pourquoi nous dénonçons avec force l’incapacité du pouvoir en place à restaurer la paix sur l’ensemble du territoire national et dans les trois provinces du Nord-Kivu, SudKivu et l’Ituri. Ce que nos compatriotes de l’Est vivent est inacceptable et mérite non seulement l’attention du reste de la RDC, mais aussi des actions concrètes pour que ces derniers retrouvent la paix et vivent en sécurité sur la terre de leurs ancêtres.
On ne met pas fin à une guerre en se contentant de condamner, on ne restaure pas la paix en multipliant les voyages et les promesses sur les podiums. C’est pourquoi face à l’option militaire, mal pensée et mal exécutée et à une diplomatie de façade mise en place par le pouvoir actuel, nous proposons le dialogue inclusif comme solution à la crise sécuritaire et humanitaire qui secoue notre pays.
Nous en appelons de tous nos vœux et rappelons qu’au stade actuel, le dialogue national inclusif n’est pas une option, mais un impératif catégorique. Compte tenu de cela, nous ne considérons pas le refus obstiné de Monsieur Felix TSHISEKEDI TSHILOMBO à convoquer un dialogue politique inclusif avec l’ensemble des forces vives et des acteurs armés comme un acte de patriotisme, mais par contre, comme une erreur grave caractérisée par une stratégie cynique qui consiste à conserver le pouvoir au-delà de son second et dernier mandat par un glissement à défaut d’un troisième mandat difficile à obtenir par le changement de la Constitution.
Nous sommes convaincus que, mû par la peur de quitter le pouvoir en 2028, il laisse délibérément la guerre se poursuivre pour justifier un glissement anticonstitutionnel au-delà du délai légal.
Malheureusement, ces calculs politiques machiavéliques sont mis en place sans la moindre compassion pour nos compatriotes dans l’Est et au mépris total des vies humaines qui tombent chaque jour qui passe.
Nous disons, Trop de sang a coulé, Trop de souffrances ont été infligées, Trop de promesses ont été trahies. Le temps du dialogue national inclusif est arrivé. Un dialogue national sincère, courageux et sans théâtre. Un dialogue pour sauver des vies et mettre fin aux souffrances de nos compatriotes.
Nous appelons à la responsabilité de tous les acteurs politiques, de la société civile, des églises et des mouvements citoyens pour exiger un dialogue véritablement inclusif, sans exclusion, afin de sauver notre pays du chaos.
Le moment est donc venu pour chaque Congolais d’assumer ses responsabilités et de jouer pleinement son rôle devant l’histoire. C’est ainsi que nous demandons à Monsieur Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO de convoquer sans tergiverser le dialogue car chaque jour qui passe devient un supplice pour nos compatriotes dans l’Est. Si cela n’est pas fait dans un bref délai, nous allons lancer dans les semaines à venir, une série d’actions pacifiques jusqu’à la convocation dudit dialogue avant qu’il ne soit trop tard.
C’est pourquoi nous demandons aux kinoises et kinois de se mobiliser et de répondre massivement à la marche pacifique que nous projetons pour le lundi 15 décembre 2025 à partir de 10h. Nous appelons les Congolaises et congolais à la prise de conscience pour sauver nos compatriotes dans l’Est, car nous ne pouvons pas rester insensibles à leur souffrance, face à un pouvoir incapable de mettre militairement un terme à cette crise et en même temps refuse de dialoguer.
Dans ces conditions, ce refus de convoquer un dialogue traduit tout simplement l’abandon de nos compatriotes dans l’Est à leur propre triste sort et la haute trahison vis-à-vis de la nation. Cela relève d’un cynisme éhonté car le pouvoir entretient cette situation de partition de fait de notre pays pour justifier la non organisation des élections générales prévues constitutionnellement en 2028.
Je demande aux congolais de ne pas considérer cet appel comme une posture politique, mais un appel patriotique venant du fond de mon cœur car ce que nos compatriotes endurent en ce moment est cruel et insupportable.
En ce qui nous concerne, nous continuerons à nous battre pour la démocratie, la justice, la paix, la dignité, le bien être partagé et la souveraineté de notre peuple.
Fait à Kinshasa, le 04 novembre 2025
