‘‘Histoires étonnantes du Congo’’, tel est le titre du nouvel ouvrage de l’auteur Valérien Mulangu Tshitshi, éducateur spécialisé à Paris, ayant fait des études en Communications sociales à l’Université Catholique du Congo.
Cet ouvrage est la somme de plusieurs nouvelles : 5 histoires passionnantes, tournant toutes autour des thématiques qui rythment la vie des Congolais et des Kinois, en particulier.
On se croirait presque autour d’un feu, écoutant un griot, conter des histoires fabuleuses qui se seraient dérouler dans le temps, servant de sagesse et de source d’intelligence.
Entre mysticisme, jalousie, convoitise, tyrannie, etc. bien des thèmes ont été exploités par Valérien Mulangu dans ce livre édité par Edilivre.
Dans la première histoire intitulée ‘‘Le fantôme de l’école Mboloko’’, l’auteur développe l’aspect de la spiritualité dans la vie des Kinois. Croyants ou pas, la plupart des Kinois finissent par y accorder du crédit dans bon nombre des circonstances, en particulier les femmes.
Ce récit passionnant d’un fantôme en quête de paix, met en avant l’idée que ce que l’on sème, l’on finit par le récolter mais parfois, c’est la progéniture qui en souffre. Ce récit se passe dans le quartier Yolo, dans la commune de Kalamu où un jeune garçon du nom de Kalombo dit Kalo, fils d’un des hauts dignitaires de la ville se retrouve assassiné après sa session d’étude du soir par le gardien de l’école du nom de Mobomi. Cette tragique mort a précédé la découverte du trafic de chanvre auquel se livrait le gardien par Kalombo qui le menaça de tout révéler. Mais bien au-delà, ce récit met en valeur le côté spirituel qui agite le quotidien des Kinois. Le jeune Kalo tué, deviendra un fantôme qui hante l’établissement en quête de paix. En effet, enterré par son assassin, sa famille n’avait jamais pris connaissance de sa mort et continuait des recherches jusqu’à la révélation quelques années plus tard des élèves internés pour la préparation du bac qui voyaient son fantôme, en particulier le cousin de celui-ci du nom de Kamu.
S’en est donc suivie une série de révélations, allant d’un homicide involontaire commis par le père de Kalo quelques années plus tôt, qui expliquerait la mort par ricochet de son fils jusqu’à la prise de connaissance de tous du meurtrier de Kalo lors d’une séance d’exorcisme organisée au sein de l’école.
‘‘La morale de l’histoire voudrait nous faire comprendre, à chacun de nous, qu’il faut se contenter du peu que l’on possède. Surtout ne pas envier autrui car l’on ne sait réellement d’où provient sa réussite. Aussi, la curiosité est bien évidemment un très vilain défaut’’.
Conclusion du récit : ‘‘le maître chasseur’’ qui arrive à point, dans cet ère de quête de gain facile et de jalousie où chacun, en particulier les jeunes, veulent tout avoir sans le moindre effort, le moindre travail et très tôt à la manière du célèbre dicton ‘‘chance eloko pamba!’’
Cette histoire combine fétichisme, curiosité et envie. En effet, Ilunga, le maître chasseur est le meilleur du village à la chasse et attire toutes les femmes, y compris Muenya, convoitée par Tshitembu, un autre chasseur qui n’est pas aussi bon qu’Ilunga. Cette situation va pousser ce dernier à croire qu’Ilunga a un secret qui lui permet d’apporter autant de gibiers de la chasse. Lui vient donc l’idée qu’en le découvrant, il aura Muenya. Toutefois, après la découverte du fétichisme d’Ilunga, il est possédé par l’esprit de la calebasse, ce qui délivrera Ilunga mais fera regretter Tshitembu de sa convoitise et sa curiosité.
Les trois autres histoires n’en sont pas moins éducatives. Kanku et Mbuyi, l’histoire des jumeaux aux rêves et comportements opposés met en avant le désir ardent de plusieurs jeunes d’aller en Europe, en quête d’une meilleure vie. Parfois, plusieurs sont prêts à tout pour y arriver, comme si leur vie en dépendait, à l’instar de Mbuyi qui alla jusqu’à trahir son frère jumeau. Toutefois, sur place, la réalité est toute autre. Il faut travailler d’arrache-pied tout en faisant face à certaines sortes de discrimination.
L’histoire de la vieille Bibi est, quant à elle, celle d’une femme septuagénaire, qui reçoit régulièrement des cadeaux de ses petits-enfants, jusqu’à attirer le regard de deux escrocs déterminés à profiter de la naïveté de la vieille.
Ils concoctent alors un plan merveilleux afin de vendre la parcelle de celle-ci. Une initiative qui sera avortée à la dernière minute.
Enfin, l’histoire de l’Okapi, un animal illustratif de la RDC porte sur une histoire plus vieille que le monde : la quête du pouvoir ! Entre trahisons, guerre, révolte et tyrannie, le cocktail est prêt pour un récit charmant.
Déborah Nitu