(Par Christopher Burke, Conseiller Principal à WMC Africa)
Le développement du chemin de fer à écartement standard (SGR) en Ouganda offre des opportunités transformatrices pour la République Démocratique du Congo (RDC). En améliorant les infrastructures de transport et la connectivité, le SGR libérera un potentiel économique important pour les provinces orientales de la RDC, longtemps confrontées à des défis logistiques pour accéder à des marchés et réseaux commerciaux fiables. Ce chemin de fer vise à relier biens et services, offrant une alternative aux coûts élevés et inefficacités ayant freiné les flux commerciaux.
L’économie de l’est de la RDC a souffert d’une dépendance au transport routier terrestre, coûteux et souvent peu fiable. Transporter des marchandises par route à travers un terrain accidenté entraîne des coûts d’entretien élevés et des retards, rendant les exportations congolaises moins compétitives sur les marchés internationaux. Le projet SGR de 2,9 milliards de dollars, construit par l’entreprise turque Yapi Merkezi, déplacera le fret en vrac vers le rail, réduisant les coûts de transport de 50 %.
Cette réduction facilitera le transport de matières premières comme les minerais et le bois, ainsi que les produits agricoles à destination et en provenance de la RDC. Les provinces orientales, riches en ressources telles que l’or, le cobalt et l’étain, auront un meilleur accès aux marchés nationaux et internationaux, renforçant ainsi l’économie locale.
L’amélioration de la logistique facilitera les opérations transfrontalières pour les entreprises et permettra à la RDC de participer plus activement aux activités économiques régionales. Avec une route commerciale plus fiable et rentable vers l’océan Indien via le port de Mombasa, la RDC diversifiera ses exportations au-delà des matières premières, en produits à valeur ajoutée comme le bois transformé et les produits alimentaires. Cette transition soutiendra les industries telles que l’agriculture et la fabrication légère, facilitant l’augmentation de la production et l’accès à de nouvelles opportunités commerciales. Le secteur agricole, employant plus de 60 % de la main-d’œuvre congolaise, bénéficiera grandement d’une infrastructure de transport améliorée, réduisant les pertes post-récolte et facilitant l’accès aux marchés régionaux.
Les postes-frontières comme Mpondwe et Bunagana deviendront plus efficaces, stimulant l’activité économique et le commerce transfrontalier le long de ces corridors. La participation de la RDC aux Projets d’Intégration du Corridor Nord (NCIP) renforcera également l’accès aux réseaux commerciaux et influencera les discussions politiques qui façonnent la coopération économique au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE). Le NCIP se concentre sur l’intégration des infrastructures régionales, y compris les chemins de fer, les pipelines et les systèmes TIC, facilitant la circulation des biens, services et personnes entre les États membres.
L’inclusion récente de la RDC dans la CAE, dont la population totale dépasse 300 millions d’habitants, renforce davantage l’intégration économique du pays. L’alignement sur les cadres politiques régionaux offrira à la RDC un meilleur accès aux marchés régionaux. Le pays bénéficiera également de projets d’infrastructures conjointes, comme le SGR, qui amélioreront l’environnement logistique à travers l’Afrique de l’Est. Cette connectivité accrue diversifiera les marchés d’exportation et réduira la dépendance de la RDC envers ses partenaires commerciaux traditionnels.
En plus des avantages économiques, l’électrification du SGR en Ouganda soutient la durabilité environnementale. Le passage du transport routier au rail réduira considérablement les émissions de carbone — le transport ferroviaire produisant jusqu’à 75 % d’émissions en moins par tonne de marchandise transportée par rapport aux camions.
Cette transition réduira également la congestion routière et les dommages causés aux routes par les poids lourds, économisant ainsi des millions de dollars en coûts d’entretien routier. Ces avantages environnementaux s’inscrivent dans les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et aideront la région à respecter ses engagements internationaux, tels que ceux de l’Accord de Paris.
Un transport abordable et fiable renforcera la sécurité alimentaire régionale en améliorant le flux de biens essentiels, notamment les céréales, engrais et semences.
Cela stabilisera les prix des denrées alimentaires et réduira la vulnérabilité aux chocs d’approvisionnement. L’infrastructure améliorée soutiendra également la livraison d’intrants essentiels pour des projets de grande envergure, facilitant le développement et la réduction de la pauvreté dans les zones reculées de la RDC.
Le chemin de fer stimulera l’économie en soutenant les secteurs clés. Les entreprises minières opérant dans les provinces riches en minéraux de la RDC bénéficieront d’un meilleur accès aux centres de traitement et aux points d’exportation, leur permettant de mieux concurrencer sur les marchés mondiaux.
Le cobalt, un composant clé des batteries de véhicules électriques, sera plus facile à transporter, renforçant encore la compétitivité de la RDC sur le marché croissant des énergies propres. La capacité du chemin de fer à transporter des marchandises en vrac encouragera également l’établissement d’industries de transformation le long du corridor, ajoutant de la valeur aux matières premières et générant des emplois.
L’efficacité accrue des chaînes d’approvisionnement réduira les goulets d’étranglement et facilitera les flux commerciaux dans toute la région. Les zones industrielles et centres commerciaux situés le long du corridor ferroviaire renforcera encore la connectivité, créant de nouvelles opportunités pour les entreprises en Ouganda et en RDC. Ces développements sont essentiels à la croissance économique à long terme de la RDC, car ils réduisent la dépendance aux réseaux routiers souvent perturbés par l’insécurité et un mauvais entretien.
La participation à des projets d’infrastructure régionaux comme le SGR réduira la vulnérabilité de la RDC aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et aux chocs externes. L’établissement de routes commerciales alternatives atténuera les risques liés à l’instabilité politique et aux catastrophes naturelles affectant les corridors de transport clés. L’infrastructure améliorée renforcera également les liens avec les pays voisins, favorisant la stabilité politique et les intérêts économiques partagés.
Le SGR offre à la RDC une opportunité de surmonter ses défis logistiques de longue date et d’exploiter pleinement son potentiel économique. Le pays sera mieux positionné pour tirer parti de ses vastes ressources naturelles afin de favoriser une croissance durable et d’améliorer les conditions de vie de ses citoyens. Grâce à une connectivité renforcée, des options commerciales diversifiées et une base industrielle renforcée, la RDC est prête à devenir un acteur clé sur les marchés régionaux et mondiaux, consolidant sa place dans le paysage économique de l’Afrique de l’Est.
FIN
Christopher Burke est Conseiller Principal chez WMC Africa, une agence de communication et de conseil basée à Kampala, en Ouganda. Fort de près de 30 ans d’expérience, Christopher a travaillé sur des questions de développement social, politique et économique, axées sur l’environnement, l’énergie, l’agriculture, la gouvernance foncière, les relations internationales et la consolidation de la paix en Asie et en Afrique.