Dans un élan de participation citoyenne aux efforts visant l’intérêt général, la Société civile, par le truchement du Réseau Gouvernance Economique et Démocratie (REGED), a procédé, samedi 21 décembre 2024, à la présentation de ses mesures visant à contribuer à l’amélioration de la gouvernance financière en RD. Congo. C’était au cours d’une conférence de presse tenue au niveau du Cercle de Kinshasa, situé à la Gombe. Appuyé par le Projet d’amélioration du recouvrement des recettes et de la gestion des dépenses publiques en RDC « ENCORE », REGED propose, en effet, des pistes de solution qui cadrent avec les besoins majeurs des congolais, soulignant les responsabilités essentielles du Gouvernement, mais également du Parlement, quant à la planification de développement.
A l’équipe de la Première Ministre Judith Suminwa, cette structure de la Société civile recommande, par exemple, des consultations pour l’élaboration d’un PNDS 2025-2029, au courant du 1er trimestre 2025 afin de permettre l’élaboration d’une Loi de finances rectificative 2025 qui tienne compte de véritables priorités à l’échelle nationale.
Au Parlement, REGED attire l’attention des élus du peuple sur une série d’aspects non pris en compte dans le cadre du Projet de loi de Finances 2025, y compris au niveau du Projet de Budget 2025.
La Société civile, qui a tenu 11 activités pour une analyse budgétaire approfondie et rencontré les dirigeants du pays, estime que sa démarche tire son fondement dans le Décret n°37/22 du 29 décembre 2022 portant gouvernance budgétaire, qui garantit aux Citoyens la participation à toutes les étapes du processus budgétaire.
D’un secteur à l’autre, des mesures fortes et courageuses méritent l’attention nécessaire des autorités.
Pour le secteur de l’éducation, REGED demande de ramener le budget à au moins 20% au lieu de 17.72% comme accordé dans le PLF 2025, en vue de se conformer aux engagements internationaux, dont l’ODD4 et le Protocol de Dakar. S’agissant du secteur de l’eau et de l’électricité, l’organisation plaide pour la construction, en 2025, de mini et micro-barrages hydroélectriques dans au moins une trentaine de territoires. Pour la sécurité, ce secteur capital pour le pays, REGED demande aux dirigeants d’allouer au moins onze milliards de francs congolais (11.000.000.000 FC). Ce qui porterait ce crédit, pour chaque Territoire, à au moins deux mille cent quarante dollars américains ($ 2.140) par mois, en vue de garantir la paix. ‘’Ceci est un véritable cri d’alarme que lance la Société Civile pour la sécurité du pays’’, a-t-on insisté lors de l’activité.
Observations pertinentes de Reged
‘’Le Projet de la Loi de finances (PLF) 2025 n’est basé sur aucun document programmatique. En effet, le PLF 2025 n’est pas en lien avec le PNDS 2024-2025 car, le Gouvernement a adopté le PNDS 2024-2028 le 6 décembre 2024, ce qui démontre que ce Projet de loi 2025 n’est basé sur aucun élément programmatique, car préparé bien en amont de l’adoption du PNDS et déposé à l’Assemblée nationale le 15 décembre 2024. Les CBMT 2025-2027 sur lesquelles devraient se baser les Lois de Finances 2025, ainsi que les CDMT correspondants ne sont pas fondés sur les priorités d’un PNDS élaboré et adopté avant la période concernée. Le PNSD 2024-2028 adopté par le Gouvernement a souffert d’un déficit de diagnostic participatif’’, a démontré, concrètement, Bishop Abraham DJAMBA SAMBA wa SHAKO, Directeur Exécutif et team Leader de REGED, devant la presse et quelques membres de la Société civile, au niveau de Cercle de Kinshasa.
La Pros.
CONFERENCE DE PRESSE
RELATIVE A L’ANALYSE BUDGETAIRE DU PROJET DE LOI DE FINANCES 2025 PAR LA SOCIETE CIVILE
Samedi 21 Décembre 2024, Cercle de Kinshasa, Commune de la Gombe
I. INTRODUCTION
L’analyse du Projet de Loi de Finances (PLF) par la Société Civile chaque année est devenue désormais en République Démocratique du Congo une pratique régulière et très attendue par les différentes institutions à savoir : le Parlement (Sénat et Assemblée Nationale), le Gouvernement, les Partenaires Techniques et Financiers, les médias et la population intéressés par cet exercice annuel, depuis que le Gouvernement a accepté de réformer les finances publiques en 2008.
La Société Civile s’est félicitée des efforts remarquables fournis par le Gouvernement pour répondre à ses incessantes requêtes de formaliser la mise en œuvre de la gouvernance budgétaire. En effet à partir de 2022, le Gouvernement a doté le pays d’un complément juridique de normes de pratique de gouvernance budgétaire par le Décret n°37/22 du 29 décembre 2022 portant gouvernance budgétaire.
Ce Décret garantit aux Citoyens la participation à toutes les étapes du processus budgétaire à savoir l’Elaboration, l’Examen et Adoption, l’Exécution et le Contrôle, reconnaissant ainsi, dans la foulée, le contrôle citoyen dans le système de contrôle des finances publiques congolaises.
DECRET N°37/22 DU 29 DECEMBRE 2022 PORTANT GOUVERNANCE BUDGETAIRE
Article 163 : Tout au long du cycle budgétaire, le Gouvernement, tant au niveau central que provincial, et l’organe exécutif local, associe le citoyen à la conception, la définition, à la mise en œuvre, au suivi, au contrôle et à l’évaluation des politiques, des projets ou des programmes publics et tient compte de son point de vue. La participation citoyenne permet à l’exécutif d’identifier les services et les niveaux des services qui répondent aux préférences du citoyen.
Article 164 : Le Gouvernement, tant au niveau central que provincial ou l’organe exécutif local garantit la participation du citoyen aux différentes étapes du cycle budgétaire en : 1. Se dotant des canaux de communication appropriées pour la diffusion des informations budgétaires ; 2. Mettant en place des mécanismes de consultations pour identifier la perception du public sur les choix budgétaires ; 3. Créant des cadres de concertation sur les questions budgétaires et fiscales ; 4. Favorisant la collaboration des citoyens dans la mise en œuvre et le contrôle de l’exécution des processus budgétaires ; 5. Rendant disponible, à bonne date, les documents du travail pour une participation citoyenne adéquate. |
…
Quoiqu’encore perfectible, cette reconnaissance par les institutions publiques du droit fondamental des citoyens de participer à la prise des décisions relatives aux budgets publics leur permet ainsi d’exercer leurs droits sociaux, économiques et culturels, réjouit la Société Civile.
La Société Civile continue à attirer l’attention sur le fait que ces avancées dans l’implication des Citoyens au processus budgétaire au niveau central n’ont pas encore entrainé toutes les Provinces et Entités Territoriales Décentralisées (ETD) dans cette voie. Il est donc temps et urgent d’étendre largement cette pratique à ces deux niveaux de gouvernance de notre pays. Toutefois, la Société Civile félicite sincèrement les Partenaires Techniques et Financiers, à travers le Projet d’amélioration de recouvrement des recettes et de la gestion des dépenses en RDC (ENCORE) financé par la Banque Mondiale et coordonné par le Comité de Pilotage et d’Orientation de la Reforme des Finances Publiques (COREF).
Que toutes les organisations de la Société Civile (OSC), qui contribuent par leur engagement à l’amélioration de la gestion des finances publiques en y apportant notamment la voix du Citoyen, trouvent ici nos encouragements par la publication du présent rapport.
Objectifs
Objectif général
L’objectif général de cette analyse de la Société Civile est de promouvoir la bonne gouvernance financière par l’amélioration de la transparence et de la participation citoyenne au débat sur l’examen du Projet de Loi de Finances.
Objectifs spécifiques
De manière spécifique, il s’agit pour les membres de la Société Civile de :
- Contribuer à la prise en compte au Budget 2025, par l’Assemblée Nationale et le Sénat, des points de vue et des aspirations prioritaires des citoyens dans leurs domaines d’intérêts ;
- Attirer l’attention des Honorables Députés et Sénateurs sur les aspects non pris en compte dans le projet de loi de Finances 2025 ;
- Mettre en évidences les éventuelles incohérences relevées dans le projet de Budget 2025 en rapport avec Cadre Budgétaire à Moyen Terme (CBMT) 2025-2027 et les soumettre au Parlement ;
- Attirer l’attention du Gouvernement sur la question de coulage de recettes qui ne permet pas à l’Etat d’avoir un budget crédible ;
- Mener un plaidoyer auprès des décideurs pour la prise en compte des revendications résiduaires de la population dans la Loi des finances 2025.
Méthodologies de l’Analyse
11 activités ont été réalisées dans le cadre de ce processus d’analyse budgétaire du PLF 2025 à savoir : (i) la réunion pédagogue, (ii) Suivi débat Général et vote de recevabilité du PLF 2025 à l’assemblée Nationale, (iii) Analyse du PLF 2025, (iv) Rédaction responsable du rapport d’analyse, (v) Dépôt du rapport à l’Assemblée nationale et au Sénat, (vi) Suivi recommandations du rapport d’analyse du PLF 2025 à l’ECOFIN de l’Assemblée nationale, (vii) Atelier d’actualisation du rapport d’analyse, (viii) Suivi Débat général et vote de recevabilité au Sénat, (ix) Suivi recommandations à l’ECOFIN du Sénat, (x) Atelier d’intégration du PLF 2025 et (xi) Conférence de presse.
Constats de la Société Civile
Ci-après sont déclinés les constats majeurs de la Société Civile
I. OBSERVATION GLOBALES
I.1. Pont sur le lien avec le PNDS 2024-2028
Le Projet de la Loi de finances (PLF) 2025 n’est basé sur aucun document programmatique1.
- En effet le PLF 2025 n’est pas en lien avec le PNDS 2024-2025 car le Gouvernement a adopté le PNDS 2024-2028 le 6 décembre 2024, ce qui démontre que ce Projet de loi 2025 n’est basé sur aucun élément programmatique car préparé bien en amont de l’adoption du PNDS et déposé à l’Assemblée nationale le 15 décembre 2024.
- Les CBMT 2025-2027 sur lesquelles devraient se baser les Lois de Finances 2025, ainsi que les CDMT correspondants ne sont pas fondés sur les priorités d’un PNDS élaboré et adopté avant la période concernée ;
- Le PNSD 2024-2028 adopté par le Gouvernement a souffert d’un déficit de diagnostic participatif.
La Société Civile en appelle au Gouvernement de réaliser des consultations de toutes les parties prenantes pour l’élaboration d’un PNDS 2025-2029 au courant du 1er trimestre 2025 afin de permettre l’élaboration d‘une Loi de finances rectificative 2025 qui tienne compte de véritables priorités des citoyens.
I.2. Points sur le cadrage macroéconomique
- La Société Civile s’interroge sur la fiabilité du cadrage macroéconomique qui ne reflète pas la réalité et estime que le Projet de Loi des finances 2025 est présenté avec des indicateurs macroéconomiques surestimés par rapport à leur réalisation. Cela entame la crédibilité budgétaire :
- Le taux d’inflation projeté en 2025 de 10,30 % est irréaliste. En 2024, la prévision s’élevait à 17,50% et l’environnement économique international et national n’a pas changé pour expliquer une baisse de 7,2 points de % en 2025. Cette situation impacte négativement les taux d’intérêt, l’activité économique et les prix sur les marchés donc une diminution du pouvoir d’achat si les revenus n’augmentent pas ;
- La pression fiscale projetée se situe à 14,4% en 2025. Celle-ci reste faible par rapport aux pays de la région. Pourtant, le taux moyen en Afrique est de 16,6%. La pression fiscale du Sénégal par exemple, le plus élevé en Afrique, a atteint 19 % en 2023.
I.3. Points sur les recettes et les dépenses A. De l’évolution budgétaire
1 Ministre de la Communication et des médias, Compte rendu de la 25e réunion ordinaire du Conseil des ministres du 6 décembre 2024, page 11
- A la lecture du PLF 2025, la Société Civile note que le Budget du Pouvoir central en CDF
(Budget général + Budgets annexes + comptes spéciaux) a augmenté de 37 %, de 2023 à 2024 et de 12% de 2024 à 2025. Les comparaisons faites dans une monnaie stable, notamment en Dollar US, montrent que ce même budget a augmenté de 14 % de 2023 à 2024, et à seulement 6 % entre 2024 et 2025 ;
- Le PLF 2025 adopté par la commission mixte paritaire Assemblée Nationale et Sénat prévoit en équilibre, en recettes et en dépenses le montant de 51 553 541 670 141 CDF soit 17 449 750 091,44 USD au taux budgétaire moyen de 1$=2954,4 CDF. La Société Civile constate que ces prévisions ne sont pas conformes à la tranche annuelle 2025 du PAG
2024 – 2028 évalué à 55 542 720 000 000 CDF (18.800.000.000 USD) soit un GAP de 1 350 249 908,56 USD ;
B. Situation des recettes
- Le PLF 2025 prévoit des recettes de 72 717 628 246 CDF, soit 24 613 332 USD qui proviendraient de la vente des permis de conduire. En 2020, le Ministère des Transports avait présenté un besoin d’impression de 5 000.000 de permis de conduire dont 1 500.000 devraient être produits en 2021 et générés 90.000.000 de USD. En comparant les prévisions du PLF 2025 et les besoins réels exprimés par le Secteur, la Société civile constate que ces recettes demeurent faibles. Se référant à l’arrêté interministériel n° 0021/CAB/MIN/TVCD/2023 et n° 019/CAB/MIN.FIN/2023 du 02 août 2023 portant fixation du taux et modalité de répartition des recettes issues de droit relatives à la délivrance de permis de conduire biométrique sécurisé avec puce à percevoir à l’initiative du Ministère des transports, voies de communication et de désenclavement, la quotité réservée au trésor public est de : 15,4 USD pour le véhicule à 2 ou 3 roues, 28,6 dollars pour le véhicule de 3,5 Tonnes, 39,6 USD pour le véhicule de plus de 3,5 Tonnes. Se référant à cette nomenclature et au potentiel de l’acte générateur, la Société Civile note que le Trésor publique pourrait mobiliser une moyenne des recettes de 123 493 920 000 CDF, soit 41 800 000 USD pour 1.500.000 permis de conduire comme prévu en 2021 vendus à un cout moyen de 27,9 USD par permis. Si on réfère au besoin total ci-haut cité (5.000.000 de permis), l’Etat encaisserait une moyenne des recettes de 411 646 400 000 CDF soit 139 333 333 USD.
C. Points sur les dépenses
- Les prévisions des crédits budgétaires des équipements pour 2025 représentent 64% des investissements contre 36% des crédits budgétaires alloués aux constructions, réfections, réhabilitations, additions d’ouvrages et d’édifices et acquisition immobilière. Le désenclavement du territoire national n’a pas ainsi été priorisé par rapport au besoin urgent de convertibilité en routes, chemin de fer, aménagement des réseaux de navigation fluviales et lacustres, aéroports … ;
- Pour différents institutions et ministères, les équipements sont pour la plupart des véhicules de fonction logée dans équipements divers (11 635 909 491 253 CDF, soit 80,65% des crédits des équipements). Alors que les besoins prioritaires de la nation sont
des équipements militaires (46 778 788 361 CDF, soit : 0,32% des crédits des équipements) et des infrastructures socio-économiques de base ;
- La Société Civile constate que l’Etat subventionne un grand nombre d’entreprises et établissements publiques disposant de l’autonomie de gestion, des ressources propres sans même que ces entreprisse et établissements publics aient à présenter leurs états financiers (Budgets annexes) ;
- La gestion des comptes spéciaux n’est pas rationnelle car ce sont des comptes créés par la loi de finance et son annuels. Ils ne devraient pas avoir des charges du personnel.
I.2. OBSERVATIONS SUR LES SECTEURS PRIORITAIRES
La Santé
- Les crédits alloués au secteur de la santé sont de 5.923,3 milliards CDF et représentent 13.05% du budget général dans le PLF 2025. Ce qui constitue une régression de 0.06% par rapport au projet de Loi rectificative exercice 2024. Ces prévisions constituent une violation du Protocole d’Abuja de 2001, que la RDC a souscrit, l’invitant à allouer 15% des fonds publics au secteur de la Santé ;
L’Education
- La part du budget alloué au secteur de l’Education s’élève à 8 042 360 209 165 CDF, soit 17.72% des dépenses publiques prévues pour 2025. Ces prévisions sont en régression de 0,72% par rapport à l’exercice 2024 et de 2,28% par rapport à l’engagement international du gouvernement. En effet, depuis 2022, contrairement aux engagements de Dakar et de l’ODD4, la part du budget alloué au secteur de l’éducation nage en deçà du plafond de 20%. Cette évolution se présente de la manière suivante : 16, 77% en 2022, 18,49% en 2023, 18,44% en 2024 et 17,72% pour 2025, alors qu’il avait déjà atteint 21, 77% en 2021.
- Cet état de chose entame non seulement la crédibilité du Gouvernement vis-à-vis de tous ses partenaires, mais il a aussi sur la mise en œuvre de la politique de la gratuité de l’enseignement amorcée depuis 2019. Cette régression aura certes, une incidence négative sur la qualité de l’éducation, les conditions de vie et du travail de l’enseignant.
L’Agriculture, Elevage et Développement Rural
- Installation des brigades de mécanisation agricole (Acquisition d’équipement agricole pour la mécanisation agricole/SENAMA : Selon le CBMT 2025-2027, le financement pour l’acquisition des tracteurs et l’installation des 92 brigades de mécanisation est de 430.846.432.785 CDF (108.953.680,10 USD) sur 3 ans, soit 143.615.477.589 CDF (48 610 708,63 USD) par an. Le PLF 2025 ne prévoit que les crédits de 43.037.982.792 CDF (14.567.419 USD). Il se dégage un gap de 100.577.494.793,00 FC (34.043.289,6 USD) non pris en compte par le Gouvernement ;
- Par ailleurs, la Société Civile constate que dans le document 10 Programme d’investissements publics 2025-2027, page 41, le Gouvernement a prévu des crédits de 162 346 688 835 FC (54.950.815,34 USD) sur 4 ans pour le programme brigades de mécanisation agricole. Avec ces prévisions, on ne peut mettre en place que 34 brigades sur 92, alors que la RDC a 80 millions de terre cultivable et 70% de la population est rurale et travaille dans ce secteur ;
- Réhabilitation des routes de dessertes agricoles : l’Office National de Voies de Dessertes Agricoles (ONVDA) a sollicité des crédits pour la réhabilitation et l’entretien de 10.000 Km de routes de dessertes agricoles en 2025. Le PLF 2025 prévoit avec ces crédits, l’ONVDA ne peut réhabiliter que 229 Km, représentant 0,3% de routes en terre stabilisée sur les 87.300 Km de la RDC. A cette allure : Il faudrait 381 ans pour réhabiliter tous les réseaux routiers agricoles.
L’Eau et Electricité
- La Société Civile constate que, pour ce qui est de l’accès à l’électricité, l’État s’est appuyé sur le programme PDL-145T, auquel 14.449.161.475 FC (soit 4 908 314,6 USD) ont été alloués pour la construction de 144 mini centrales solaires. Cela représente une moyenne de 34.085,5 USD par ouvrage. Ces prévisions restent dérisoires si on les compare au coût standard d’une installation de 100 kWh, estimé à environ 75.000 euros (soit 81.791,63 USD) selon une étude de Terre Solaire publiée en septembre 2024. Rappelons qu’actuellement, moins de 10 % de la population a accès à l’énergie, alors que les besoins sont énormes, notamment dans les industries minières, manufacturières et agroalimentaires.
Les Ressources Naturelles
- L’analyse comparée des recettes du ministère des mines pour les années 2023, 2024 avec les projections pour l’exercice fiscal 2025 enregistre un accroissement très significatif, évalué à plus ou moins 55 % de croissance. Toutefois, le retard observé dans l’exploitation du logiciel LOGERAD par l’intégration de tous les actes générateurs des recettes du ministère des mines ne permet pas la maximisation des recettes du ministère ;
- La Société Civile déplore la non prise en compte du secteur de l’exploitation artisanale dans les priorités du Gouvernement. Il convient d’allouer des crédits pour l’encadrementdes coopératives minières.
- S’agissant des hydrocarbures, Le PLF 2025 prévoit les prévisions des recettes à hauteur de 245 695 568 640,89 CDF. La Société Civile reste préoccupée par la faible contribution du secteur au budget de l’Etat. Cela résulte de l’absence de contrôle opérateurs et de la maitrise du volume réel des flux pétroliers exploités par les entreprises privées sous contrats avec l’Etat.
Environnement
Les recettes prévues de ce secteur dans le PLF 2025 sont très faibles et pourtant dans un récent rapport de la Banque Mondiale (Rapport National sur les climats et le développement), il est dit que le couvert forestier de la RDC a une grande incidence sur les services écosystémiques mondiaux et nationaux. La valeur des 143 Millions d’hectares de foret sur pied de la RDC est estimée à 6.400 milliards de dollars avec une valeur locative annuelle estimée à 383 milliards de dollars à un taux d’escompte de 6%. En outre, les forêts de la RDC peuvent générer une valeur estimée entre 223 milliards et 98 milliards de dollars par an grâce au carbone stocké et aux services écosystémiques associés ( y compris les solutions fondées sur la nature) nécessaires pour atténuer les effets des catastrophes et renforcer la résilience des communautés de la RDC. Cette estimation se réfère tant aux bénéfices locaux que mondiaux y compris la production de bois, les services forestiers non ligneux et la valeur mondiale du stockage du carbones comparée des recettes du ministère des mines pour les années 2023, 2024
Les Infrastructures
- Pour les projets se rapportant à la connectivité des chefs-lieux des provinces et, la prise en charge de routes transfrontalières qui sont sous financement sur cession des actifs miniers (SICOMINES), le Ministère des infrastructures a exprimé ses besoins à hauteur de 4.224,8 milliards de CDF soit 1.430.000.000 USD alors que le PLF 2025 ne prévoit que 957.215.257.200 CDF, soit 323.996.499 USD. La Société Civile constate que ce montant demeure insignifiant pour la réalisation de ces projets ;
- La Société Civile constate également que sur Le projet de réhabilitation de 11 chaussées aéronautiques prévue dans le CBMT, seuls 5 chaussées ont été pris en compte dans le PLF 2025 avec un montant de 25.000.000.000 soit 5.000.000.000 CDF par aéroport.
La Sécurité
- Faible budget prévu au chapitre 25 806 (Comités locaux de sécurité et d’appui à la gouvernance sécuritaire) qui n’a bénéficié que d’une d’un milliard de Francs congolais (1 000 000 000 FC) équivalant à environ $us 338 478 (trois cent trente-huit mille quatre cent soixante-huit dollars américains), au taux budgétaire moyen (2025)
de 2954,4 Fc.
Réparti entre les 145 Territoires, ce montant donnerait environ cent quatre-vingt quinze dollars par mois ($ 195) par Comité de Sécurité du Territoire. Cela représenterait juste une course de moto pour le déplacement de certains membres du Comité de Sécurité œuvrant loin du Chef-Lieu du Territoire. Une course de moto, par mois, pour sécuriser nos territoires.
II. LES PRINCIPALES RECOMMANDATIONS ISSUES DE L’ANALYSE
Après analyse du PLF 2025, la Société Civile a formulé les principales recommandations suivantes :
Les Aspects Globaux
- Augmenter les prévisions de la ligne sur la vente de permis de conduire à 123 493 920 000 CDF, soit 41 800 000 USD pour 1.500.000 permis de conduire comme prévu en 2021 vendus à un cout moyen de 27,9 USD par permis. Si on réfère au besoin total ci-haut cité (5.000.000 de permis), l’Etat encaisserait une moyenne des recettes de 411 646 400 000 CDF soit 139 333 333 USD.
La Santé
- Augmenter les crédits alloués au Secteur pour atteindre 15% selon les accords d’Abuja pour prendre en compte les besoins exprimés par le secteur ;
L’Education
- Ramener le budget du secteur à au moins 20% au lieu de 17.72% comme accordé dans le PLF 2025, en vue de se conformer aux engagements internationaux, dont l’ODD4 et le Protocol de Dakar ;
L’Eau et Electricité
- Prévoir, pour l’année 2025, la construction de mini et micro-barrages hydroélectriques dans au moins une trentaine de territoires, nécessitant une augmentation conséquente des ressources ;
Les Ressources Naturelles
- Introduire tous les actes générateurs des recettes du ministère dans le logiciel LOGERAD pour la prise en charge de tous les assujettis et plus d’inclusion et de traçabilité des revenus collectes ;
- Procéder à la certification des réserves pétrolières pour accroitre les recettes de l’Etat
Environnement
- Prendre toutes les mesures préconisées par l’étude de la Banque Mondiale pour améliorer sensiblement les recettes du secteur de l’environnement
La Sécurité
- Allouer au moins onze milliards de francs congolais (11.000.000.000 FC) porterait ce crédit pour chaque Territoire à au moins deux mille cent quarante dollars américains ($ 2.140) par mois, par Territoire, ce qui pourrait représenter un minimum acceptable pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens par les Comités de Sécurité des Territoires.
Ceci est un véritable cri d’alarme que lance la Société Civile pour la sécurité du pays.
Fait à Kinshasa, le 20 décembre 2024
Bishop Abraham DJAMBA SAMBA wa SHAKO
Directeur Exécutif et team Leader de la Gouvernance Economique
La Société Civile en appelle au Gouvernement de réaliser des consultations de toutes les parties prenantes pour l’élaboration d’un PNDS 2025-2029 au courant du 1er trimestre 2025 afin de permettre l’élaboration d‘une Loi de finances rectificative 2025 qui tienne compte de véritables priorités des citoyens.