En prélude à la 30ème Conférence des Parties (COP30) qui se tiendra en novembre prochain à Belém, au Brésil, le Gouvernement congolais passe à la vitesse supérieure. Lors d’un briefing spécial co-animé dans la soirée d’hier, jeudi 23 octobre 2025, le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, et la Ministre de l’Environnement, du Développement Durable, et Nouvelle Economie du Climat, Marie Nyange Ndambo, ont dévoilé une série d’initiatives stratégiques. Celles-ci ont pour objectif de consolider le leadership de la République Démocratique du Congo sur la scène climatique mondiale, unifier la voix de ses acteurs et attirer les financements nécessaires à la préservation de son immense patrimoine écologique.
C’est dans le cadre d’un exercice de redevabilité que les deux membres du Gouvernement ont présenté la feuille de route de la RDC pour ce grand rendez-vous mondial. Loin de faire de la figuration, la délégation congolaise se prépare à porter des projets ambitieux et structurants, notamment, le projet visionnaire du Couloir vert Kivu-Kinshasa, et le programme fédérateur « la forêt, c’est nous ». Ces initiatives visent à transformer le potentiel écologique du pays en opportunité concrètes, tant pour les populations locales que pour la planète.
D’entrée de jeu, le Ministre Patrick Muyaya a planté le décor, réaffirmant le statut unique de la RDC dans l’équation climatique mondiale.
« Nous allons parler du climat de la forêt, parce que vous savez que la République Démocratique du Congo est un pays solution, donc un pays qui est réputé et connu mondialement pour ses forêts, mais aussi pour son énorme patrimoine. Nous voulons faire un focus sur les préparatifs du rendez-vous annuel du climat, la COP, mais aussi la semaine congolaise du climat, pour montrer comment on combine toutes les initiatives. Le Président de la République a lancé l’idée sur le couloir vert Kivu-Kinshasa, et il a eu l’occasion de le présenter dans des grandes conférences internationales. Ce projet représente beaucoup en termes d’opportunités à la fois pour les Congolais, mais aussi pour les partenaires internationaux. Il est important que nous sachions distinguer les types des forêts dans nos milieux respectifs, et adopter les comportements qu’il faut pour en assurer la protection, et pour que ces forêts rendent les services qu’il faut à la Nation », a-t-il affirmé.
L’une des annonces phares est l’organisation, dès le lundi 27 octobre, de la toute première Semaine Congolaise du Climat. Pour la Ministre Marie Nyange, cet événement est une étape indispensable pour garantir que la RDC parle d’une seule et même voix à Belém. Fini le temps des actions dispersées, l’heure est à la concertation et à la construction d’une feuille de route nationale inclusive.
« Aujourd’hui, à travers le monde, les questions de la forêt, les questions de l’environnement, les questions du climat sont des questions participatives. Public, privé, société civile travaillent ensemble pour construire des solutions. Et donc, nous ne pouvons pas aller à Belém sans les dialogues, la concertation entre les parties prenantes. C’est ça l’objectif premier de cette activité-là. Il est important d’avoir une feuille de route nationale, de sorte que les participants à la COP, partout où ils seront, puissent porter le même discours ».
La Ministre a souligné que cette semaine sera aussi l’occasion de clarifier des concepts clés comme la « nouvelle économie du climat », afin que chaque acteur, de la base au sommet, comprenne son rôle et sa contribution potentielle.
Le Couloir vert Kivu-Kinshasa : une initiative visionnaire
Au cœur de la stratégie congolaise se trouve le projet monumental du Couloir vert Kivu-Kinshasa. Décrit par la Ministre comme une initiative visionnaire du Président de la République, ce projet est une première mondiale. Il s’agit de créer une immense aire protégée communautaire de plus de 500 000 km², s’étendant du Nord-Kivu jusqu’à Kinshasa.
Marie Nyange a expliqué l’ampleur et le caractère unique de ce couloir qui abrite plus de 200 000 km² de forêts primaires, une rareté à l’échelle planétaire.
« C’est la première fois qu’on va avoir une aire protégée communautaire. Ça signifie que vous travaillez pour la conservation de la biodiversité, la protection de la forêt, mais en même temps, vous travaillez pour la promotion de l’économie verte et vous travaillez également et surtout pour les communautés dépendantes des forêts. C’est rare au monde, même dans les pays qui se disent forestiers, cette potentialité-là, on ne la trouve qu’au Congo. Et donc, conscient de cette réalité, le Président de la République a estimé qu’on va avoir pour la première fois dans cet espace, l’activité économique qui permettra d’améliorer le social mais en veillant sur la protection de la biodiversité. C’est une première », a-t-elle déclaré.
‘’La forêt, c’est nous’’
Constatant que les interventions des partenaires techniques et financiers manquaient de coordination et que les résultats sur le terrain restaient mitigés, la Ministre de l’Environnement a conçu, avec l’expertise nationale, le programme « la forêt, c’est nous ». Ce programme vise à restaurer le leadership de l’Etat congolais dans la gestion de ses propres ressources forestières.
L’idée, c’est de créer un cadre national qui définit les priorités du pays, territoire par territoire, afin de guider les interventions extérieures.
« Je me suis dit, il faut doter l’Etat d’un leadership dans ce domaine. Et pour ce faire, il fallait concevoir un programme tenant compte des réalités de chaque forêt de la RDC, ce projet s’appelle : ‘’la forêt, c’est nous’’. Ça signifie que désormais, lorsqu’un partenaire arrive et qu’il veut travailler dans la foresterie au Congo, nous allons dire, voilà les priorités pour le pays. Ce programme qui est national, mais qui tient compte de nos 145 territoires, adresse des solutions à chacun de nos territoires, à chacun de nos forêts », a expliqué Marie Nyange.
Avec cette stratégie offensive et structurée, la RDC rappeler son statut de pays solution. Elle met en place les outils pour le prouver, le monétiser de manière durable et s’assurer que les premiers gardiens de ses forêts, ses propres populations, en soient les premiers bénéficiaires
La Pros.
