Dans la capitale congolaise, un vent de changement souffle sur la condition féminine. Lors de la quinzaine dédiée à la jeune fille, des voix s’élèvent pour briser les chaînes du mariage précoce et promouvoir l’éducation comme levier d’émancipation.
La quinzaine de la jeune fille, un événement phare dans le calendrier sociétal de la RDC, a été marquée par des discours poignants et des appels à l’action. Sanguma T. Mossai, Président Ad intérim du Sénat, avec le soutien de figures notables telles que la première dame Denise Nyakeru Tshisekedi et le Président Félix Tshisekedi, a mis en lumière l’urgence de protéger les droits et l’avenir des jeunes filles.
Il n’a pas manqué de souligner l’engagement de la première dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, et du Président Félix Tshisekedi, qualifié de «champion de la masculinité positive ». Leur combat ? Mettre fin à une tradition qui bride l’avenir de milliers de jeunes filles, contraintes à l’union maritale avant même d’avoir atteint leur majorité.
Le phénomène est alarmant : des filles âgées de 15 à 17 ans sont précipitées dans le giron conjugal, un obstacle majeur au développement personnel et collectif. «C’est une terrible tragédie», déplore Mossai, qui insiste sur la nécessité d’une éducation gratuite et accessible à tous, pierre angulaire de la politique du Chef de l’État.
Mais, comment lutter contre cette pratique ancrée dans les mœurs ? Elodie Ntamuzinda, modératrice régionale du Réseau des femmes d’Afrique francophone, pointe du doigt la pauvreté et la misère comme moteurs de ces unions précoces. Elle appelle à une prise de conscience collective : il est impératif de sensibiliser les jeunes filles aux conséquences désastreuses des grossesses précoces sur leur santé et leur parcours scolaire.
La solution réside également dans l’amélioration de la protection sociale et la création d’emplois, vecteurs d’une autonomie financière qui éloignerait le spectre du mariage forcé. Ntamuzinda insiste sur l’importance de développer les compétences des jeunes filles, de leur permettre de revendiquer leurs droits et de dénoncer les violences subies.
Des lois plus sévères, des commissions de suivi, la vulgarisation et l’application rigoureuse de la législation sont autant de mesures préconisées pour éradiquer les mariages clandestins. La colonel Nénette Mukembe, elle-même exemple de réussite féminine dans un milieu traditionnellement masculin, réfute l’idée que les tâches ménagères soient la seule vocation des femmes.
La quinzaine de la jeune fille à Kinshasa est donc plus qu’un événement : c’est le symbole d’une société en mutation, qui aspire à offrir à ses filles un avenir où éducation et liberté sont les maîtres-mots. Un combat pour l’égalité qui ne fait que commencer.
Célestin Lubo