Le plaidoyer pour la mise en place d’un réseau d’échange d’expérience sur les droits numériques a été fait, jeudi, par le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) de la République Démocratique du Congo (RDC), lors d’une conférence internationale consacrée à la protection des droits humains à l’heure de la numérisation de la société à Moscou, en Russie.
« C’est pourquoi la CNDH-RDC salue l’initiative du Médiateur des droits de l’homme de Moscou pour ce dialogue interinstitutionnel, plaide pour la mise en place d’un réseau d’échange d’expériences sur les droits numériques « , a déclaré Paul Nsapu, président de cette institution congolaise dans son intervention.
Il a aussi appelé à une solidarité numérique mondiale qui, pour lui, doit être capable de réduire les inégalités et d’assurer que la technologie serve l’humain et non l’inverse.
Pour lui, la révolution numérique que connaît le monde bouleverse profondément les modes de vie des humains, les économies, les systèmes éducatifs et les institutions dans la société.
Et de soutenir: « L’intelligence artificielle, les réseaux sociaux, la cybersécurité, la biométrie et la gouvernance numérique ne sont plus des sujets de demain. Ils façonnent déjà nos sociétés contemporaines.
Cette transformation, pour lui, porteuse d’espoir, s’accompagne aussi de nouveaux défis pour les droits de l’homme.
Il s’agit, a-t-il cité, la protection des données personnelles, le respect de la vie privée, la lutte contre la désinformation et les discours de haine en ligne, la prévention de la cybercriminalité, la réduction de la fracture numérique entre les peuples et les générations et, plus fondamentalement, la préservation de la dignité humaine.
La numérisation s’accélère en RDC
En RDC, pays vaste et jeune, selon le président de la CNDH, la numérisation s’accélère. Il a fait savoir qu’en mars 2023, l’ordonnance-loi n° 231010 portant Code du numérique a été promulguée, une stratégie nationale de développement du numérique a été adoptée par le gouvernement, alors la centrale électorale congolaise a eu à expérimenter progressivement l’usage des technologies dans la gestion des.
Il a également relevé comment les jeunes utilisent de plus en plus les réseaux sociaux comme espace d’expression citoyenne, et l’administration publique s’oriente vers la gouvernance électronique.
Ces avancées, pour Paul Nsapu, s’accompagnent des défis concrets, notamment la protection insuffisante des données personnelles, malgré l’existence d’un cadre législatif les risques de manipulation de l’information et de violation de la vie privée en ligne, l’accès limité d’une partie de la population, notamment en zones rurales, à Internet et aux outils numériques, et la nécessité d’une formation numérique éthique pour les acteurs publics et privés.
C’est pourquoi, face à ces défis, la CNDH-RDC, a-t-il dit, s’est engagée à sensibiliser les citoyens à leurs droits numériques, collaborer avec les institutions publiques pour renforcer la législation sur la cyber-sécurité et la protection des données, observer et documenter les violations des droits numériques, et promouvoir une inclusion numérique équitable qui ne laisse personne de côté.
« La numérisation ne crée pas de nouveaux droits, mais elle exige une nouvelle lecture des droits existants », a soutenu le président Paul Nsapu, rappelant que le droit à la liberté d’expression, le droit à la vie privée, le droit à l’éducation et le droit à la participation doivent désormais être garantis dans les espaces numériques avec la même rigueur que dans les espaces physiques.
« A cet égard, la CNDH-RDC partage la vision du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, selon laquelle les principes universels doivent guider la gouvernance du numérique : dignité, égalité, transparence, responsabilité et inclusion », a-t-il martelé.
Il a relevé, en outre, que la protection des droits de l’homme dans le contexte numérique n’a de sens que si elle repose sur une coopération internationale renforcée.
Il a, enfin, soutenu qu’aucune nation, aussi avancée soit-elle technologiquement, ne peut affronter seule les défis de la cyber-éthique et de la gouvernance mondiale du numérique.
« En définitive, la numérisation de la société ne doit pas être perçue comme une menace, mais comme une opportunité historique de renforcer la démocratie, la transparence et la participation citoyenne.
Cependant, elle ne sera bénéfique que si elle demeure centrée sur l’humain et guidée par les principes fondamentaux des droits de l’homme », a-t-il encore martelé.
Il a rappelé, pour conclure, ce qu’avait dit le Secrétaire général des Nations Unies: « Notre avenir numérique doit être humain par essence et inclusif par conviction ».
Ainsi, le président Paul Nsapu a réaffirmé l’engagement de la CNDH-RDC à travailler avec toutes les institutions sœurs présentes à cette conférence pour que le numérique soit un instrument d’émancipation et de dignité pour tous.
La Pros.
