*La ville de Liège (en Belgique) célèbre, chaque 15 août, la fête de l’Assomption d’une manière atypique, mêlant religiosité et folklore, au grand émerveillement des Liégeois et des touristes étrangers toujours nombreux. Nous vous proposons un clin d’œil sur cette festivité digne d’inspiration.
15 août 2023. Liège se réveille sous un soleil prêt à bronzer qui veut, mais la ville est déserte. Les foules convergent plutôt vers le quartier d’Outremeuse, c’est-à-dire la partie au-delà de la Meuse, le fleuve qui traverse cette métropole wallonne. C’est là que, comme chaque année, les Liégeois célèbrent la fête de l’Assomption, la fête chrétienne qui commémore l’élévation de la Mère de Jésus au ciel.
Entre religiosité et folklore
Il est neuf heures et demie quand des foules se rassemblent près de l’église Saint-Nicolas. De là part, un quart d’heure plus tard, une procession. Au cœur de celle-ci se trouve une imposante statue de la Vierge Marie. La vierge noire. Elle fait partie d’une tradition qui date du Moyen Age européen, et qui représente la Vierge Marie par une sculpture à couleur sombre.
Des orants, des curieux, des nostalgiques, et que sais-je, tous avancent au rythme de la fanfare. La statue portée par des jeunes scouts sillonne quelques rues. Au passage, on peut voir de petites niches avec statue de la Vierge Marie ; des statues qui existent depuis des siècles, confie l’abbé Jean-Pierre Pire, Doyen de Liège.
Dans cette ambiance festive se mêlent religiosité et folklore. Une confusion, ou plutôt… une symbiose. Car, pour Madeleine, Liégeoise de naissance, « c’est comme ça que ça devait être, partout. Parce que quand le folklore s’en mêle, les gens n’ont plus peur. Ils osent exprimer ce qu’ils n’osent pas autrement… Et c’est du vrai ! C’est de l’authentique ! »
L’authenticité wallonne
Le Wallon. Une langue presque inusitée. C’est pourtant en cette langue qu’a été dite la messe qui a suivi la procession. Authenticité oblige. Le Wallon n’est plus utilisé qu’au cours de certaines messes à caractère culturel, comme celle-ci. Cependant, le célébrant du jour, l’abbé Jean-Pierre Pire en fait l’éloge : « Les gens aiment entendre leur foi exprimée en d’autres mots que le français, et souvent avec beaucoup plus de vigueur. La langue wallonne est parfois plus proche de l’Hébreux ; une langue très charnelle. Pour dire ‘‘Seigneur prends pitié’’, par exemple, dans la langue hébraïque et en wallon, c’est littéralement ‘‘Seigneur, fais-toi mal de nous autres. Aie mal à tes tripes pour nos fautes’’ ».
Une intention de prière, la seule lue en français durant la messe, était « pour les réfugiés et les sans-papiers d’Afrique vivant dans la grande précarité ici à Liège et en Belgique… » Signe d’une Eglise ouverte à l’autre, et attentive aux nécessiteux.
A la fin de la messe, le ‘‘ouf ti’’, cette interjection typiquement liégeoise marquant le soulagement, a été adaptée à l’air du negro-spiritual, pour accompagner le Magnificat.
Vive la fête !
L’église Saint-Nicolas est restée ouverte pour permettre aux gens de se recueillir, et d’offrir des fleurs à la vierge noire. Les prêtres ont clôturé leur tâche avec la bénédiction des amoureux à dix-huit heures. Ensuite, ils ont laissé la place à version séculière seule ; Liège by night…
Des processions, des concerts, des foires, des jeux, tout au son de la musique, voilà qui a électrifié l’ambiance de Liège ce 15 août. Et Liège a vibré au rythme marial, en la célébration de l’Assomption.
Prosper Mbumba
Journaliste indépendant (Depuis Liège).