(Par André N. Mbongo, Porte-parole de l’APIC)
Alliance des Patriotes Intellectuels et Chrétiens, Chicago, USA.
Éveilleur de consciences, artisan d’un Congo nouveau
Une nation aux fondations vacillantes
Le Congo, vaste territoire aux richesses incommensurables, s’est lentement mué en un théâtre de désagrégation structurelle. Ce pays, qui aurait dû incarner l’espérance d’un continent tout entier, demeure figé dans une dynamique de régression, marqué par la déliquescence des institutions, l’effritement des valeurs collectives et la désorientation morale.
Que l’on se trompe ou non, cette vérité s’impose : tout est à refaire.
L’implosion des institutions : de l’État à la façade
L’État congolais, dans sa configuration présente, ne remplit plus ses fonctions régaliennes. Il n’est plus qu’une ombre, une façade administrative déconnectée de la réalité sociale.
L’effondrement est généralisé : éducation, justice, santé, sécurité — aucun pilier ne tient debout.
L’école, autrefois creuset de l’ascension sociale, est devenue un marché de troc où s’échangent certificats, complaisances et opportunismes. La famille, socle de transmission des valeurs, vacille, privée de repères stables. Dans ce naufrage, la jeunesse erre, orpheline de modèles et d’horizons.
La composition des gouvernements : la médiocratie érigée en norme
La formation des gouvernements successifs illustre une politique de cooptation clanique où ni compétence, ni intégrité, ni intérêt national ne guident le choix.
À chaque remaniement, l’allégeance prime sur la vision, l’équilibre des factions sur l’exigence d’excellence. Ministères confiés à des mains inexpérimentées, administrations placées sous l’autorité de novices sans cap — ainsi se perpétue le règne d’une médiocrité institutionnalisée.
La corruption : une gouvernance par le vice
Autrefois scandale isolé, la corruption est devenue le mode opératoire dominant.
Elle irrigue tout l’appareil de l’État, s’affichant sans honte : détournements, marchés truqués, nominations partisanes… Tout cela n’est plus caché, mais assumé au nom d’un prétendu réalisme politique.
Chaque semaine, de nouveaux scandales surgissent, aussitôt étouffés par le cycle infernal de l’oubli et de l’impunité. En RDC, la corruption n’est plus tolérée : elle est protégée.
Fragmentation identitaire et tribalisation de la politique
Le projet national s’étiole dans le repli ethnique. L’appartenance tribale supplante la compétence, le patriotisme se dissout dans des logiques claniques.
Les postes publics se distribuent selon des quotas ethniques ou des calculs géostratégiques, nourrissant frustrations et méfiances. Ainsi se brise, peu à peu, le tissu national.
Une souveraineté bradée : la dépossession organisée
Les failles structurelles de l’État ouvrent grand les portes à une recolonisation déguisée.
Multinationales prédatrices, groupes armés, puissances étrangères opèrent à ciel ouvert dans un pays dont les frontières ne sont plus maîtrisées et les ressources échappent à toute gestion souveraine.
Ce n’est plus seulement un déficit de gouvernance : c’est un abandon volontaire de souveraineté.
L’effondrement éthique : le vide moral comme héritage
Au-delà des crises politique, économique ou sociale, la RDC traverse une crise éthique profonde.
La notion même de bien commun semble effacée des consciences. Le mensonge, l’individualisme et la cupidité remplacent la justice, la vérité et la responsabilité.
Même les institutions religieuses, jadis gardiennes de la conscience collective, s’enlisent dans les compromissions. Un évangile de convenance remplace la parole prophétique. La foi se réduit à un ornement culturel, déconnecté des urgences sociales.
Certaines églises sont devenues les tribunes d’oligarchies autoritaires, hypothéquant au vu et au su de tous le patrimoine hérité de fondateurs qui, en période coloniale, avaient bâti sur une vision libératrice.
Vers une éthique de la redevabilité : pour une renaissance nationale
Le seul chemin de salut est celui d’une métanoïa nationale, une conversion morale profonde, une rupture radicale avec le cynisme ambiant, une réappropriation du devoir citoyen.
Ce redressement ne viendra ni d’un homme providentiel, ni d’une génération magique, mais d’un sursaut patriotique qui naît dans chaque conscience.
Refuser la corruption, dire non à la complaisance, briser le silence complice : tels sont les premiers gestes de reconstruction.
Le paradoxe d’un pays chrétien en déroute
Il est paradoxal que la RDC, majoritairement chrétienne, s’enfonce dans l’abîme.
Ce paradoxe se nourrit d’un christianisme folklorique, tribal, instrumentalisé au profit d’intérêts politiques ou communautaires. Les églises, gangrenées par les logiques claniques, bénissent l’ordre injuste au lieu de le dénoncer.
Elles valident les puissants, sanctifient l’injustice et prônent une spiritualité sans transformation réelle.
L’appel aux “Zachée”
Dans un pays où se multiplient pseudo-professeurs, docteurs d’apparat, experts improvisés, archevêques d’un jour et prophètes d’un soir ; où l’argent achète titres et dignités, où l’on corrompt le recteur pour se faire proclamer savant -il est temps que naissent des “Zachée” politiques, religieux et intellectuels, porteurs d’une conscience droite et d’un sens aigu du bien commun.
Et pour le chrétien, il faut rappeler cette vérité inéluctable : Dieu, à qui chacun rendra compte, ne peut être corrompu ni réduit à nos savoirs et à nos volontés.
Conclusion : conscience et responsabilité
Il est temps de se regarder en face, de reconnaître notre part dans le chaos national et de s’engager, non dans les discours, mais dans la métamorphose concrete. Il s’agit, au fond, d’une affaire de conscience. Car une science sans conscience n’est que ruine de l’âme.
Oui, tout est à refaire. Mais tout reste à bâtir. Mettons-nous au travail !
