Après audition par la Commission des Affaires Etrangères du Sénat français, le Sénateur Christophe Lutundula, président de la Commission des Affaires Étrangères du Sénat de la République Démocratique du Congo a, au cours de l’émission Entretien sur RFI, fait le point sur l’évolution de la situation sécuritaire dans la partie Est du pays. Il a plaidé pour que la communauté internationale renforce les sanctions contre le Rwanda et son président afin d’obtenir que « la résolution 2773 du Conseil de sécurité, la demande unanime de la communauté internationale de cessez-le-feu, le retrait des troupes rwandaises de la RDC et de mise en œuvre du plan de démantèlement des FDLR, pour que tout cela soit appliqué, que ça devienne des réalités ». Son passage à Paris intervient dans le cadre d’une mission de travail conduite par le Président du Sénat, Sama Lukonde.
« En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, acteur influent qui participe au leadership de l’Union européenne et avec laquelle la RDC se retrouve au sein de la Francophonie, la France a un rôle important à jouer dans ce conflit persistant dans l’Est de la République Démocratique du Congo », a déclaré Christophe Lutundula.
Cette rencontre des deux Chambres des deux pays partenaires constitue un moyen pour la partie congolaise de porter sa voix auprès de ses collègues afin de les sensibiliser pour que la France assume totalement ses responsabilités et que son gouvernement participe activement à cette démarche.
Le processus de Luanda, un cheval blanc ?
« Je ne pense pas que c’est un échec parce que le Président Lourenço a accompli sa mission qui consistait à maintenir le dialogue entre le Rwanda et la RDC afin de résoudre les conflits qui les opposent.
Et aujourd’hui, grâce au Président Lourenço nous avons obtenu des résolutions acceptées par toutes les parties. Si le Président Kagame n’avait pas refusé de venir à Luanda le 15 décembre dernier on aurait signé et serait passé maintenant à la phase de l’exécution », a précisé l’ancien chef de la diplomatie congolaise.
Une précision de taille qui vient lever l’équivoque d’un échec engagé dans la médiation angolaise depuis le début des pourparlers entre les deux parties aux conflits.
Cinq anciens présidents dans une seule médiation
Pour Christophe Lutundula, il serait souhaitable d’éviter de recommencer à zéro ce qui a déjà atteint une certaine évolution dans le processus. Car, pour lui, plusieurs chefs cuisiniers dans la préparation d’un seul repas peut entrainer un retard dans la cuisson. Une crainte bien plus réelle.
« Il faut craindre la lenteur alors qu’il y a une urgence à la fois politique, sécuritaire et humanitaire », a-t-il fustigé.
Fusion des deux accords de Luanda et de Nairobi, une erreur fatale à esquiver
«La fusion n’est pas une bonne chose à mon avis. Luanda et Nairobi sont complémentaire, certes, mais sont distincts », a déclaré Christophe Lutundula.
La fusion de ces deux accords comporte des conséquences énormes qui peuvent obstruer le processus de paix tant désiré par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, et par lui, tout le peuple congolais.
«Donc, vous les fusionnez, première conséquence et qui est dangereuse : c’est que cela veut dire qu’on légitime les arguments du président Kagame qui a toujours dit « pas de problème, c’est un problème entre Congolais » et lui, il est dédouané. La deuxième conséquence, elle n’est pas des moindres, si ou tant qu’on n’a pas encore trouvé un compromis avec le M23. L’Armée rwandaise est fondée à rester en RDC alors que nous savons que le compromis avec le M23 ne peut passer que si le président Kagame avalise, c’est-à-dire que s’il contient les désidératas, le président Kagame notamment d’avoir un espace d’exploitation économique, un espace d’influence. C’est ça les conséquences qu’on ne peut pas minimiser », a-t-il déploré.
Le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté est non négociable.
Le M23 n’existe pas. C’est l’armée rwandaise, c’est une évidence qui ne se discute plus. Que le Rwanda sorte de la RDC parce qu’on nous dit que c’est un problème congolo-congolais et qu’on nous laisse résoudre nos problèmes !
César Nkangulu
