Judith Suminwa Tuluka investie Première Ministre de la RDC
*‘’Comment allez-vous, Madame : – créer un marché financier au profit des investisseurs en RDC ? – rendre convertible le Franc Congolais sur le plan international, c’est-à-dire, faire accepter le Francs congolais comme moyen de paiement international ? – amorcer la bancarisation de la monnaie nationale en collaboration avec la Banque Centrale du Congo ? augmenter le niveau du crédit et des dépôts au profit des agents économiques ? – rééquilibrer géographiquement la répartition des liquidités et de financement de l’économie entre provinces ? – réduire la part du dollar américain qui représente aujourd’hui 85% du crédit à l’économie ? – renverser la proportion de « 85% de dépôts bancaires en dollars américains contre 15% seulement qui sont en monnaie nationale » ?
renverser la proportion du crédit à l’économie représentant 95% en dollars américains contre 5% seulement de crédit est en Franc Congolais » ? Pour terminer, nous proposons à la Première Ministre, en collaboration avec l’Institution Président de la République, de programmer la révision de la Constitution voir le changement de celle-ci, pour permettre au pays : 1) de régler le problème de bicéphalisme de l’Exécutif ; 2) de définir par la nouvelle clé de répartition, les ressources courantes du Gouvernement central entre celui-ci et les provinces et de redéfinir un nouveau mécanisme de versement au profit des provinces’’, s’interroge Victor Bindu, au nom de Nouvel Elan de l’ex-Premier Ministre Adolphe Muzito, en marge du débat autour de l’épineuse question du programme d’action gouvernementale et de ses chances d’aboutissement dans le contexte d’aujourd’hui marqué essentiellement par la recrudescence de la violence, l’escalade des tirs croisés dans l’Est du pays et dans la crise socio-économique alors que les caisses du Trésor Public peinent à supporter le poids de l’installation de la série de nouvelles institutions.
INTERVENTION DU NOUVEL ELAN SUR LE PROGRAMME DU GOUVERNEMENT A L’ASSEMBLEE NATIONALE
– Honorable Président du Bureau de l’Assemblée Nationale, – Honorables Membres du Bureau de l’Assemblée Nationale, – Honorables Députés, – Excellence Madame la Première Ministre, – Excellences Mesdames et Messieurs Membres du Gouvernement, Je prends la parole comme non inscrit, au nom de mon parti, le Nouvel Elan, pour apporter notre contribution aux débats sur le programme du Gouvernement. Je présente mes félicitations à Madame la Première Ministre et à tous les membres de son Gouvernement pour leur nomination et pour le programme qu’ils présentent ce jour à la Représentation nationale.
Honorables Membres du Bureau de l’Assemblée Nationale, – Honorables Députés, Notre intervention comprend deux parties. Dans la première partie, nous formulons nos observations sur le programme du Gouvernement et soulevons quelques questions à l’intention de la Première Ministre. Dans la deuxième partie, nous présentons quelques propositions à l’intention du Gouvernement.
Honorable Président de l’Assemblée Nationale, – Honorables Membres du Bureau, – Honorables Députés, 1) Le cadrage macroéconomique du programme du Gouvernement pose quelques questions. En effet, nous constatons que ce suit : a)La pression fiscale varie entre 16% en 2024 et 18% en 2028 ; b)Le PIB varie de 75 milliards de $US en 2024 à 104 milliards de $US en 2028 ; c)Le budget en recettes internes varie de plus au moins 12 milliards de $US en 2014 à 18 milliards de $US en 2028, considérant le taux de change de 1 $US à 2.800 FC. d)Le budget en recettes extérieures est quant à lui à plus au moins 3 milliards de $US en moyenne par année au courant du quinquennat.
Constat : la pression fiscale du Gouvernement est très faible. Le Gouvernement aurait pu miser sur des reformes des régies financières pour améliorer son efficience fiscale et mobiliser plus des ressources internes et augmenter ainsi davantage son budget.
2) A propos des coûts des investissements que comptent réaliser le Gouvernement au cours du quinquennat, nous relevons : a)que la part liée au programme SinoCongolais dans la reconstruction de la RDC reste faible ; b)que la part liée aux emprunts extérieurs est ainsi faible, face à la grande capacité d’endettement extérieur du pays ainsi qu’à sa capacité de remboursement.
Honorables Députés, S’agissant de la participation du programme Sino-Congolais, l’Etat Congolais a mis à la disposition des partenaires chinois deux mines que les chinois exploitent, et cela depuis 10 ans, mais il persiste toujours de zones d’ombre, quant à la contrepartie et à la contribution du programme sino-congolais au financement de l’économie congolaise.
Aujourd’hui, le pays reste toujours sans routes, sans chemins de fer après s’être appauvri de deux mines pendant plus de 10 ans, au profit des Chinois. Mais, votre Gouvernement compte recevoir des chinois un montant de 324 millions de $US par an. Nous voulons que le Gouvernement nous fasse un peu plus de lumière sur cette coopération.
Quant aux projets issus de 6 piliers du Gouvernement, La ventilation des projets susvisés s’avère indispensable afin de permettre à la Représentation nationale de bien suivre les ministères spécifiques qui auront la mission d’exécuter lesdits projets. 3) A propos du financement de l’économie congolaise
– Honorables Députés, Normalement le financement de toute économie est couvert par le budget de l’Etat ainsi que le marché financier à court, moyen et long terme. Nous constatons, Honorables Députés, que dans le programme du Gouvernement, il n’est pas fait allusion, par celui-ci, de la proportion du financement du secteur financier au profit de l’économie.
A ce jour, la part du crédit financier dans notre économie est de plus de 8 milliards de $US en ce qui concerne les dépôts bancaires à vue et plus de 2 milliards de $US en ce qui concerne les dépôts à terme. – Excellence Madame la Première Ministre, Comment comptez-vous relever ce niveau de dépôts qui ne représente que 5% aujourd’hui ? A ce jour, l’essentiel du crédit à l’économie s’évalue autour de Kinshasa et Haut Katanga s’accaparant respectivement les 63% et 28%, en ce qui concerne les dépôts bancaires à vue et les 24 autres provinces se répartissent la queue, soit 9 %. Quant à ce qui concerne les dépôts bancaires à terme, ils se chiffrent à 74% pour Kinshasa et 20% pour le Haut Katanga. Comment comptez-vous, Madame, augmenter le niveau du crédit à l’économie, améliorer les parts de 24 autres provinces et augmenter l’intérêt créditeur, actuellement de 5% pour inciter les dépôts et réduire l’intérêt débiteur
actuellement de 18% pour faciliter l’accès aux crédits à travers le pays ? 4) A propos de la décentralisation et de la répartition de 40% entre l’Etat et les provinces et entre celles-ci, les unes par rapport aux autres La part du budget de l’Etat réservé à la décentralisation est de 40%. Dans cette enveloppe Kinshasa prends 14%, le Haut Katanga, 10%, le Kongo central, 8% et les autres provinces se partagent le reste. Ce pourcentage est appliqué uniquement sur les recettes internes. Il en est de même pour le budget en ressources externes qui est essentiellement géré par Kinshasa. Comment comptez- vous, Madame, corriger cet état de chose ? 5) Concernant l’emploi L’idée de la création de 1,5 millions d’emplois en moyenne par an sur la période 2024-2028, nous parait peu ambitieuse pour un pays qui voit arriver chaque année 3 millions de jeunes sur le marché d’emplois.
6) A propos de la stabilité du Franc Congolais au courant du quinquennat passé, nous rappelons qu’alors que la Banque centrale a disposé d’un montant de réserve de change de 5 milliards de $US jamais réalisé par le pays, comment le Gouvernement a-t-il laissé la monnaie nationale se déprécier à ce niveau sans intervenir sur le marché de change ? Le pays a connu une double dépréciation de la valeur tant interne, par l’inflation, qu’externe de la monnaie, marquée par une dépréciation du Franc Congolais sur le marché de biens et services et de sa valeur externe par rapport à la devise étrangère. Nous aimerons savoir, Madame la Première Ministre, si votre Gouvernement ne laissera pas la Banque Centrale du Congo continuer à laisser baisser la valeur du Franc Congolais ou exiger que celle-ci injecte la devise internationale pour soutenir le Franc Congolais.
A propos de la mobilisation des ressources financières internes et externes, – Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, – Madame la Première Ministre, Pendant les 18 ou 20 ans du Régime de Kabila, l’Etat Congolais a vécu, en moyenne, chaque année, avec un budget de 3 milliards de $US en ressources propres. Celui-ci est parti de 800 millions de $US en 2003 pour atteindre 3 milliards en 2020, après une hausse passagère en 2014. Monsieur TSHISEKEDI en 3 ans a porté de 3 à 10 milliards de $US le budget en ressources propres, à partir de 2022. Aujourd’hui, Madame la Première Ministre, à travers votre Gouvernement, il veut porter le budget à 18 milliards de $US en 2028, soit une multiplication de celui-ci par 6, en 7 ans.
Sur ces 18 milliards de $US, notre parti, Nouvel Elan, vous propose ce qui suit : 1)Limiter à 13 milliards de $US au profit du fonctionnement de l’Etat et des rémunérations. 2)Au-delà des ressources externes que vous comptez mobiliser, disponibiliser 3 ou 5 milliards de $US de ressources interne au profit des infrastructures (routes, rails, points, aéroports,..).
Quant à l’affectation du budget de rémunération proprement dit, nous vous proposons, le doublement des rémunérations des agents, d’en bas, pendant tout le quinquennat, sans augmentation des rémunérations de cadres ou personnel d’en haut.
– Honorables Membres du Bureau de l’Assemblée Nationale, – Honorables Députés, – Excellence Madame la Première Ministre,
Nous formulons enfin, à votre intention les questions ci-après, comment allez-vous, Madame : – créer un marché financier au profit des investisseurs en RDC ? – rendre convertible le Franc Congolais sur le plan international, c’est-à-dire, faire accepter le Francs congolais comme moyen de paiement international ? – amorcer la bancarisation de la monnaie nationale en collaboration avec la Banque Centrale du Congo ? augmenter le niveau du crédit et des dépôts au profit des agents économiques ? – rééquilibrer géographiquement la répartition des liquidités et de financement de l’économie entre provinces ? – réduire la part du dollar américain qui représente aujourd’hui 85% du crédit à l’économie ? – renverser la proportion de « 85% de dépôts bancaires en dollars américains contre 15% seulement qui sont en monnaie nationale » ?
renverser la proportion du crédit à l’économie représentant 95% en dollars américains contre 5% seulement de crédit est en Franc Congolais » ? Pour terminer, nous proposons à la Première Ministre, en collaboration avec l’Institution Président de la République, de programmer la révision de la Constitution voir le changement de celle-ci, pour permettre au pays : 1) de régler le problème de bicéphalisme de l’Exécutif ; 2) de définir par la nouvelle clé de répartition, les ressources courantes du Gouvernement central entre celui-ci et les provinces et de redéfinir un nouveau mécanisme de versement au profit des provinces. Je dis.
Fait à Kinshasa, le 11 juin 2024.
Pour le Nouvel Elan,
Victor Bindu
Député National
