L’amphithéâtre Saint Pierre Canisius de Kimwenza, dans la commune de Mont Ngafula, a vibré le vendredi 11 avril dernier à travers une journée scientifique qui a été organisée par l’Université Loyola du Congo et la Faculté de Philosophie Saint Pierre Canisius. Des éminents Professeurs et Honorable Sénateur ont été conviés, tour à tour, pour exposer chacun avec un sous-thème, partant du thème général : ‘’La guerre et l’éthique de la paix en RDC’’.
Invité parmi les panelistes, le Professeur et Premier Ministre honoraire Augustin Matata Ponyo a partagé avec l’auditoire comblé des scientifiques autour du sous-thème : ‘’le rôle du leadership en contexte de guerre dans un pays en développement’’.
Remontant à l’origine du vocable ‘’leadership’’, l’orateur a révélé que ce mot a été définit au début du 20ème siècle. Mais, du point de vue politique, le leadership trouve sa source chez les princes des Eglises catholique, musulmane, bouddhiste qui étaient considérés comme dotés d’un pouvoir exceptionnel et des caractéristiques particulières venant d’un être suprême. Ainsi naquit la théorie des hommes exceptionnels, des hommes dotés d’un pouvoir particulier invisible par les hommes autour d’eux.
Par contre, la définition moderne relate qu’un leader peut être formé, battu et construit même si ce dernier n’a pas eu des caractères exceptionnels innés. « Cette personne battu aura donc la capacité à pouvoir influencer et inspirer les autres et les amener ainsi à croire en elle car, possédant la capacité de les amener vers des objectifs communs partagés à la fois par le leader et par les suiveurs », déclara l’ancien Premier Ministre.
Partager, inspirer, influencer et convaincre les gens constituent, selon Matata Ponyo, les traits ou mieux les caractéristiques communes du leadership.
La rareté de l’offre du leadership par rapport à la demande est assez considérable pour le Professeur des Sciences Economiques. Car, seulement un taux moyen de 2% des leaders est évalué à ce jour à travers le monde. Cela justifie donc cette rareté aussi inquiétante. Cela nécessite donc une formation de nouveaux leaders pour révolutionner le monde.
La guerre et ses origines
La guerre a deux origines majeures selon l’orateur : structurelle et conjoncturelle.
Structurelle, lorsqu’elle a des causes qui remontent sur plusieurs années et Conjoncturelle lorsque ses causes arrivent instantanément.
En situation de guerre, le leadership est appliqué selon qu’il s’agit des causes structurelles que conjoncturelles.
Importance de l’éthique de leadership face à la guerre.
« L’éthique constitue un élément clé de leadership », mentionne-t-il. Puis d’ajouter « qu’un leader est censé être à la recherche du bien commun, de l’équité et de l’intérêt commun ».
Il faut donc privilégier l’éthique. Car, estime-t-il, partout où l’éthique et la morale étaient absente, le leadership n’a pas été dans son contenu originel.
Différence entre manager et leader
«Un manager n’est pas nécessairement un leader. On peut occuper la fonction de Ministre, Premier Ministre, président d’une université, Président d’un pays sans être leader, vous êtes dirigeant. Parce que vous n’avez pas la capacité d’influencer les autres, de les inspirer, de les convaincre et de partager le même idéal avec eux. Un homme sans fonction officielle peut être leader parce qu’il exerce de l’influence sur les autres », a-t-il expliqué.
Causes de la guerre, cas de la RDC.
Partant des causes structurelles, le Professeur Augustin Matata cite l’étendue géographique, les frontières coloniales, les ressources naturelles minières et l’immensité des ethnies que contient la RDC peuvant être relevés comme causes des conflits persistants dans l’Est du pays. Parce que tous ces éléments évoqués ne peuvent être changés car hérités du Bon Dieu.
Les causes conjoncturelles peuvent être liées notamment aux déficit de leadership et de gouvernance. Et la nature de l’approche communicationnelle peut être l’élément conjoncturel de cette guerre.
Vraies causes de la guerre de l’Est
« Les origines des conflits qui perdurent dans l’Est du pays, contrairement à ce que les gens peuvent croire, ne sont pas liées aux richesses de notre pays, ni à la dimension ethnique tribale, ni à son étendue géographique. Parce qu’il existe des pays plus vastes que la RDC mais qui vivent en paix. Plus riche qu’elle existe aussi comme le Botswana dont le peuple est de loin plus riche que celui de la RDC est en paix. […] les vraies causes c’est ‘’la crise chronique de leadership et de gouvernance dans ce pays’’ », a indiqué l’ancien Premier Ministre devant un auditoire des têtes pensantes et bien faites.
Puis d’ajouter :
« Le leadership c’est cette capacité à pouvoir chercher le bien commun et à protéger son peuple. L’une des missions souveraines d’un responsable d’un pays c’est de protéger le peuple qui se trouve dans les limites frontalières de son pays. Et donc, lorsqu’on n’est pas en mesure d’assumer cette fonction il y a là un déficit de leadership et de gouvernance. Un pays qui assure la sécurité des biens et services et qui assure la sécurité de son peuple, ce pays a un leadership et une gouvernance nécessaire ».
« Tant que la RDC ne sera pas en mesure de rehausser son niveau de leadership en garantissant un leadership de qualité et une gouvernance de qualité à la dimension de ses richesses, cette guerre ne finira jamais », dixit l’opposant et Professeur Augustin Matata Ponyo.
Il faut donc refonder l’Etat sur base des hommes et des femmes capables d’influencer les autres et de changer la gouvernance, a conclu ce scientifique.
Un moment très enrichissant pour les étudiants qui ont pris part à cette journée scientifique car, à travers des exposés profonds d’éminents professeurs qui sont intervenus tour à tour au cours des panels organisés. Il s’agit de Professeurs Augustin Matata Ponyo, Jean-Marie Mutamba, Jules Kipupu, Muleni et de l’Honorable Sénateur Didier Mumengi.
César Nkangulu
