Lambert Mende, ancien Ministre de la Communication et Médias, a brisé son silence pour analyser, de manière générale, l’attitude de l’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila. Il accuse Kabila d’avoir plongé le pays dans une sorte de chaos sans détour. Pour lui, le silence de l’ancien président Joseph Kabila face à l’aggravation de la crise sécuritaire qui prévaut dans l’Est du pays est la preuve à l’appui qu’il est l’auteur de ce mouvement rebelle et il contribue efficacement à la régression de notre pays.
«Pendant plus d’une décennie, j’ai été un témoin privilégié, à vos côtés, des performances et contre-performances de la gestion publique de notre pays. Je ne peux souscrire à l’idée, reprise dans votre message susmentionné, selon laquelle la dramatique régression actuelle de la République Démocratique du Congo serait exclusivement imputable à votre successeur, Félix-Antoine Tshisekedi », a-t-il recadré.
Et d’ajouter : « Une telle assertion, suggérant qu’il suffirait que le Président Tshisekedi quitte le pouvoir pour que le pays retrouve prospérité, croissance et développement, ne tient pas la route ».
Pour Mende, cette vision revient à occulter un faisceau important de causes profondes expliquant la situation actuelle du pays. Il pointe notamment le pillage systématique des ressources économiques de la RDC, mené selon lui « sur fond de déstabilisation forcenée par le Rwanda », un phénomène qui aurait traversé les régimes successifs de Mobutu, Laurent-Désiré Kabila, Joseph Kabila, et qui continue sous Tshisekedi.
« Ce dernier s’efforce tant bien que mal de démystifier ces légendes infamantes et inhibitrices », ajoute-t-il.
Mende affirme que certains passages du message de Joseph Kabila, ainsi que la posture qu’il adopte, lui donnent littéralement « la chair de poule ».
« Elle contraste avec l’un des axiomes favoris de votre père, Mzee Laurent-Désiré Kabila, qui répétait souvent : Ce qui est dit doit être fait. »
Il déplore également le silence de l’ancien chef de l’État au sujet de Paul Kagame, président du Rwanda, qu’il accuse d’incarner depuis près de trois décennies la guerre dans l’Est.
« Votre communication, qui passe sous silence le principal acteur de la dévastation de notre pays depuis 1996, m’a plongé dans une sorte de nausée métaphysique. J’ai la pénible impression d’avoir été littéralement entubé pendant des années », déclare-t-il.
Sous sanctions européennes durant le régime Kabila pour avoir défendu les intérêts nationaux, Lambert Mende s’interroge sur le silence de Joseph Kabila, à l’époque, vis-à-vis du Rwanda, notamment en ce qui concerne l’assassinat de Mzee Laurent-Désiré Kabila en 2001, où Kigali aurait été impliqué.
Il remet aussi en question les décisions prises sous Kabila à Sun City en 2002, concernant le mixage et le brassage des forces armées, estimant qu’elles ont ouvert la voie à une infiltration massive d’agents étrangers au sein de l’armée congolaise.
« Cela n’expliquerait-il pas en grande partie les faiblesses rédhibitoires que vous reprochez aujourd’hui à votre successeur ? Que gagnerait la RDC si ses dirigeants continuaient de dissimuler de tels dysfonctionnements ? »
En conclusion, Lambert Mende plaide pour un dialogue inclusif et structuré à l’échelle régionale afin de lutter contre l’extrémisme ethnique dans la région des Grands Lacs (RDC, Rwanda, Burundi, Ouganda).
Michel Okaso
