« C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.
Chères lectrices, chers lecteurs,
- Cet article est une analyse bibliologique du communiqué de presse de l’Inspection Générale des Finances du 27 avril 2023. Sur un support papier où les éléments bibliologiques tels que République démocratique du Congo, Présidence de la République et Inspection Générale des Finances traduisant non seulement la sommité institutionnelle, mais aussi et surtout le sérieux et l’importance de sa communication, l’Inspection Générale des Finances a présenté, le 27 avril 2023 devant les différents responsables des services de l’Etat et les médias, les conclusions de sa mission d’audit du fichier de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat.
- Il ressort de la lecture de ce communiqué qu’il y a eu 145.604 agents payés disposant des numéros matricules incorrects fantaisistes et fabriqués pour le besoin de la paie, 93.356 agents qui partagent un même numéro matricule avec d’autres agents également payés, 53. 328 agents disposant à eux seuls plus d’un numéro matricule dans le fichier avec le même nom, 43.725 agents payés sans que leurs noms ne figurent sur les listes déclaratives provenant de leurs services d’origine et 961 agents chargés du traitement de la paie se retrouvent sur les listes de paie de plusieurs ministères. Plusieurs d’entre eux sur plus de 15 listes de paie. Sur le plan financier, l’IGF fait observer un manque à gagner mensuel, subi par le Trésor Public, estimé à CDF 148. 999.749.440,95.
- Au-delà de ce manque à gagner stigmatisé par l’IGF, il y a lieu de dénoncer, à la lumière de l’anthropobibliologie du travail, l’absence d’alliage structures – missions et objectifs pour lesquels ces structures ont été créées. Il s’agit là de la débâcle administrative. Pourtant, l’administration est, selon Mwayila Tshiyembe (2002 :188), la colonne dorsale, voire le bras séculier de l’Etat au moyen duquel ce dernier gouverne la société. J’imagine que c’est au regard de cette fonction essentielle et vitale de l’administration que les écrits documentaires font état de l’existence en République démocratique du Congo, depuis le 12 avril 2021, d’une Vice Primature en charge de la fonction publique, Modernisation de l’administration publique et Innovation du service public. C’était donc l’ordonnance n°21/012 du 12 avril 2O221 qui a consacré cette nouvelle appellation au ministère de la fonction. C’était une invention de la nouvelle image de la Fonction Publique et de l’Agent public de l’Etat pour un service public digne de ce nom et ancré dans la culture d’éthique du travail, du progrès, de la vérité et de la justice. La modernisation de l’administration publique était donc liée au passage effectif de la pensée exprimée à la praxis, de la parole à l’acte.
- Hélas, plus d’un an d’existence de la vice primature susmentionnée, les conclusions de la mission d’audit du fichier de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat ont révélé aussi l’absence d’une prise de conscience d’être citoyen dans le chef de certains agents de l’Etat. Pourtant, la prise de conscience d’être citoyen est, selon Martin Bakole wa Ilunga (1985), une condition indispensable au fonctionnement de l’Etat et de l’Administration publique au service de développement.
- La modernisation de l’administration publique et l’innovation du service public avaient besoin d’être portées par des agents nouveaux, des agents chez qui l’exercice de la fonction administrative est fondé sur le strict respect des prescriptions documentaires, des agents guidés et animés par l’esprit de justice, d’équité, de bonne gouvernance et d’éthique du travail.
- Voilà pourquoi, la moindre des choses que l’on attendait du Vice Premier Ministre en charge de la fonction publique, modernisation après la publication du communiqué, ci-haut cité, était la permutation de certains animateurs de la chaine administrative impliquée dans le traitement de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat au niveau du ministère de la fonction publique, à défaut de leur suspension, pour être dans la Vision du Chef de l’Etat de modernisation de l’administration publique et innovation du service public.
- Car, l’une des causes de la débâcle de l’administration publique congolaise est donc la tendance à la personnalisation de la plupart des postes dans les services des administrations centrales et décentralisées. Alors que l’une de six caractéristiques de l’administration publique est selon GOULD (1975 :27) : « le fonctionnaire ne peut ni s’approprier le poste ni les ressources qui s’y attachent ».
- La personnalisation des postes dans l’administration publique a pour conséquence le rendement décroissant dont le principe est énoncé par Ivan Illich (1926 – 2012). Ce philosophe, devenu une figure importante de la critique de la société industrielle, montre qu’au-delà d’un temps d’activité (5 à7 ans) sur un poste de travail, l’efficacité professionnelle décroit au risque de devenir négative. Le rendement décroissant est donc un obstacle à la réalisation des objectifs et missions de la plupart des services de l’Etat en RDC.
- Revenons au communiqué susmentionné de l’IGF pour dire que sa lecture bien menée soulève la question sous jante de l’identification des agents et fonctionnaires de l’Etat par la maitrise et le contrôle de leur effectif.
- Au sujet des effectifs des agents de l’Etat, il importe de préciser que Christophe Tumba Ngalamulume, dans son Mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies intitulé « Evaluation bibliométrique et Interprétation bibliologique des correspondances administratives au Secrétariat Général du Ministère de la Fonction Publique de 1992 à 2001 » défendu à l’Université de Kinshasa en 2016, affirme qu’il existe une Direction de Contrôle des effectifs et éléments de paie au Secrétariat Général du Ministère de la Fonction Publique. En Chercheur Documentaliste, Tumba précise que c’est au niveau de cette Direction que « tout agent est immatriculé, suivi et où la régularisation de la situation salariale est traitée ».
- Lorsque l’on confronte l’information à la fois technique et scientifique, de ce Chercheur Congolais, à la triste réalité rendue publique par l’Inspection Générale des Finances sur la confusion relative à l’immatriculation et à la paie des Agents de l’Etat, l’on se rend vite compte que les animateurs de la Direction de contrôle des effectifs et éléments de la paie devraient être interpelés pour cette aberration administrative. Débâcle causée par le non-respect des lois et règlements de l’administration publique singulièrement les articles 3 point 15, 11 et 46 de la loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des services publics de l’Etat sur la procédure d’attribution des matricules et rémunérations aux agents.
- Avec espoir, confiance et détermination l’IGF écrit au dernier paragraphe de son communiqué : « sur instruction de Son Excellence Monsieur le Vice Premier Ministre en charge de la fonction publique, l’Inspection Générale des Finances va poursuivre avec l’Inspection Générale de l’Administration Publique le travail de nettoyage du fichier des effectifs des agents de l’Etat ». Il y a de quoi douter de la bonne compagnie de l’Inspection Générale de l’Administration publique pour le nettoyage du fichier des effectifs des agents de l’Etat. Car, depuis la publication de l’arrêté ministériel 059/ME/MIN/FP/2018 du 09 avril 2018, l’IGAP n’a mené aucune action susceptible d’arrêter les abus de certains animateurs véreux des services de l’administration publique. Certains Inspecteurs de l’IGAP seraient même expiateurs ou complices de la mauvaise gouvernance administrative.
- Si l’IGF peut assurer et rassurer dans le nettoyage du fichier des effectifs des agents, l’IGAP est mise à l’épreuve pour ce nettoyage et j’y reviendrai avec les informations de lectrices et lecteurs de la lettre sociale congolaise.
- J’ai fait ma part.
Si vous êtes intéressés par cette lettre sociale congolaise, rejoignez la coupe pleine au numéro + 243 994 994 872 pour appel normal, WhatsApp ou X et à l’e-mail jsphngandu@gmail.com pour la suite.
Fait à Kinshasa, le 30 août 2023
Jean Joseph Ngandu Nkongolo
Anthropobibliologue, Formateur Psycho Socio-professionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail
Tél : + 243 994 994 872