Me Jean Yoko Yakembe, son autre regard…
*Aujourd’hui, le deuil que sa famille biologique et ses proches ont tenu en la résidence privée, plus précisément au n°16 de l’avenue Katako-Kombe sur les hauteurs de Binza/Macampagne, se déporte vers le Hall du Palais du Peuple, à Lingwala. Ayant été à maintes reprises Commissaire du Peuple issu du District de Kabinda, Député élu à Lubao, Conférencier, Concertateur et Conseiller de la République, Me Jean Placide Yoko Yakembe a droit aux obsèques dignes ainsi qu’aux hommages dus à son rang d’un homme qui, tout sa vie durant, se consacré aux différentes législatures au sein des Assemblées et autres activités parlementaires et politiques de la RD. Congo. Christophe Mboso N’kodia Pwanga, le Président de l’Assemblée Nationale, l’a si bien compris lorsqu’en consacrant cet espace du Hall du Palais du Peuple à ses furérailles, il immortalise cette illustre personnalité influente sur la scène politique qu’il aura incarnée, en traversant à pied, à vélo, à moto, par avion ou, même, par voiturette, des générations et des générations. A tout prendre, il y a lieu de noter qu’au-delà de la veillée mortuaire ponctuée des témoignages, des discours et des animations, le clou de ces obsèques intervient demain, le samedi 7 octobre 2023, lors de l’audience solennelle au Palais de Justice où le corps de Me Yoko devenu sa vie et place dans un linceuil sera acheminé pour le delier de son serment d’Avocats, avant, évidemment, la séance académique des Professeurs de l’Université de Kinshasa qui, elle, rappelera à la mémoire collective sa dimension scientifique en tant que BIDOC en droit, depuis la fin de ses études en 1968-1969 à Dijon en France. Tous les honneurs seront dédiés également à sa tendre épouse, Dr Yoko Chritiane Mailllet, une française de Grenoble, née de nouveau en RD. Congo, depuis 1970. Ses enfants dont l’aîné Patrice Muabi Yoko, Isabelle Cardorelle Kiseme Yoko, Thérèse Kisopa Yoko, Guelord Yoko, Rogrigue Yoko, Placide Yoko, sans oublier le Lieutenant Yoko Mayele qu’il vient de rejoindre, grâce à l’aiguillon de la mort, dans l’au-delà.
La petite histoire …
Le 30 septembre 2023, la RDC a perdu l’un des ses plus grands juristes avec le décès à Kinshasa de Me Jean Placide Yoko Yakembe à l’âge de 84 ans. Né le 12 décembre 1939 à TSHOFA, dans la province de Lomami, plus précisément dans le territoire de Lubao, Me Yoko a consacré sa vie au droit et à la justice en RDC.
Long trajet…
Son parcours exceptionnel commence dès ses études de droit, où il envisage dans un premier temps de devenir magistrat, inspiré par les performances des grands Avocats de la profession, tels que Me Croquet, qui avait défendu Joseph Kasa-Vubu lors d’un procès pour la révolution du Congo. Cependant, sa vie prend une tournure politique lorsqu’il est réquisitionné pour le cabinet du Premier Ministre Moïse Tshombe. Ce changement de voie marque le début d’une carrière riche et influente dans le domaine juridique congolais.
De la politique à l’avocature, une décision cruciale
Après avoir occupé le poste de représentant permanent adjoint auprès des Nations Unies à Genève, Me Yoko opère le choix de revenir à Kinshasa et de se lancer dans une carrière politique. Puis, il est nommé Commissaire d’Etat au Travail et à la Prévoyance Sociale en 1977, marquant le début de son engagement dans la défense des droits des travailleurs congolais.
Cependant, c’est avec la fin de la guerre du Shaba que Me Yoko prend une décision cruciale pour sa carrière. Il décide de devenir Avocat afin de jouir d’une plus grande autonomie dans son travail. Il rejoint le cabinet de son ami Antoine ALEVROFAS, où il apprend le métier sous la supervision de Me Nseka. Après avoir prêté serment, il ouvre son propre Cabinet d’Avocats à Kinshasa, qui ne cessera de croître en rénommée, au fil des années.
Une bataille pour la propriété et la justice
L’histoire de l’acquisition du terrain où se trouvait le cabinet Yoko est empreint d’obstacles et des luttes pour la justice. Après avoir obtenu une concession le long de l’avenue de la Justice, son contrat de location a été annulé par le Ministre des Affaires Foncières de l’époque, Sukadi Bulayi, au profit du Général Lundula. Une autre parcelle à Macampagne lui a été également arrachée.
Heureusement que la situation a changé lorsque Sukadi Bulayi a été déchargé de ses fonctions et remplacé par le Bâtonnier Yoka Mangono, qui prit, quant à lui, la décision de restituer le terrain à Me Yoko.
Ce dernier a su transformer ce terrain en un bâtiment de quatre niveaux qui abrite aujourd’hui le Cabinet Yoko et Associés, juste l’imposant immeuble Intelligent, au numéro 5448 de l’avenue de la Justice, dans la commune référentielle de la Gombe.
Vers l’avenir, une résidence de rêve
Au cours de sa vie, Me Yoko n’a cessé de viser l’excellence et d’afffronter de nouveaux défis. Il verra ainsi dans la Société Nationale d’Electricité SNEL, une opportunité unique d’expansion pour son cabinet d’Avocats.
Grâce à sa présence en tant qu’Administrateur et Conseiller juridique de la SNEL, le Cabinet Yoko, aujourd’hui à la dimension éléphantesque, devient de plus en plus important et jouit d’une notoriété exemplaire aussi bien à Kinshasa qu’en Provinces.
Mais, au-delà de sa carrière professionnelle, Me Yoko avait un rêve qui ne le quittait pas depuis son plus jeune âge, celui de construire sa résidence sur la concession du Royal. D’où, son terrain situé au N° 5448 de l’Avenue de la Justice avait capté son attention dès 1961, alors qu’il était encore étudiant en première année de droit. Après de nombreux rebondissements, il parvient finalement à construire un immeuble de quatre étages qui abrite aujourd’hui le Cabinet Yoko et Associés, avec pas moins de 117 Avocats congolais travaillant sous sa direction.
Une carrière plurielle au service du droit
La carrière de Me Yoko est marquée par une diversité de domaines d’intervention. Son cabinet a accueilli une clientèle variée, allant des travailleurs licenciés aux personnalités politiques et d’affaires de premier plan. Il a défendu avec succès les intérêts de nombreux clients. Il a également eu l’occasion de représenter des personnalités telles que le Procureur Général de la Cour d’Appel de Kisangani, y compris tant d’autres ayant été victims d’abus de pouvoir ou lesés.
Dans une autre affaire marquante, Me Yoko a joué un rôle décisif en aidant une femme belge, Madame Florence Ceneseshal, qui avait adopté une fillette congolaise et faisait face à des difficultés. Son intervention auprès des autorités avait permis à Madame Ceneseshal de retrouver sa liberté et de regagner son pays.
Le cabinet Yoko et Associés est ainsi devenu un lieu incontournable pour de nombreux clients, allant des travailleurs licenciés aux personnalités politiques et d’affaires. Me Yoko a défendu avec succès les intérêts des habitants vivant le long des rails des Chemins de fer de l’Avenue de la Paix, ainsi que des sinistrés de Masina dont les maisons avaient été détruites.
Le Cabinet a également joué un rôle déterminant dans des affaires de détournement de biens saisis et de divorce, comme celle de Kabangi Aloïs qui a pu conserver son patrimoine sans le partager avec son ex-épouse.
Au service de tous
Me Yoko a été impliqué dans des négociations internationales pour le financement des projets énergétiques en RDC. En tant qu’administrateur et conseiller principal du PDG de la SNEL, il a établi des relations fructueuses avec différentes entreprises, telles que la Régideso, la Sonas, l’Inss, l’Onatra, la Sonal, l’Ofida, l’Ogefrem et l’Ocpt.
Malgré les difficultés rencontrées avec certaines des ces entreprises, Me Yoko a toujours été animé par la volonté de défendre les intérêts de la SNEL. Suite à l’accident tragique impliquant un avion, il a également contribué à sécuriser le patrimoine immobilier de la société et à engager des collaborateurs pour cette tâche.
Me Yoko a joué un rôle clé en tant qu’Avocat-Conseil de la Chancellerie des Ordres nationaux, où il a défendu les intérêts de l’Etat congolais. Il s’est engagé dans deS multiples affaires, dont celle de Rudahindwa, qui prétendait être propriétaire d’un immeuble appartenant à la Chancellerie. Grâce à ses compétences et à sa détermination, Me Yoko a réussi à contester cette prétention et à protéger les biens de l’Etat.
Il a également représenté son pays lors de négociations internationales cruciales pour le financement de projets énergétiques. Son engagement envers la promotion du développement énergétique en RDC était inébranlable.
Malheureusement, Me. Yoko a rencontré des difficultés dans sa vie professionnelle. Le Cabinet Yoko a été confronté à des différends de paiement avec certaines entreprises, compromettant ainsi sa capacité à continuer à offrir ses services juridiques essentiels. Ces défis n’ont, toutefois, pas entaché la réputation de Me Yoko en tant qu’Avocat intègre et dévoué.
Bien que Me Yoko ait été un Avocat engagé et plaidant avec conviction, il a également occupé des fonctions de qualité mais, aujourd’hui le cabinet Yoko et Associés fait face à de nouveaux défis notamment, en raison de la construction de l’Immeuble Intelligent en face de là où se trouve le cabinet.
Malgré cela, sa réputation reste intacte et sa valeur immobilière a considérablement augmenté. Si le cabinet décidait de vendre sa concession, il recevrait des offres en millions de dollars.
Un héritage et des défis pour l’avenir
L’héritage de Me Jean-Placide Yoko réside dans son dévouement envers la justice et la politique en RDC. Son parcours marqué par des succès professionnels et des combats pour les droits humains, restera un exemple pour les générations futures. Son cabinet d’Avocats continue à incarner les valeurs de justice, d’intégrité et de défense des intérêts de ses clients, perpétuant ainsi l’héritage laissé par cet homme d’exception.
Aujourd’hui, avec la disparition de Me Yoko, la RDC a perdu l’un des ses plus grands défenseurs de la justice et des droits de l’homme. Son héritage restera vivant dans les cœurs de ceux qu’il a aidés avec tant de dévouement et de compassion. Sa vie est un rappel constant de l’importance de la lutte pour la justice et de l’aide aux plus vulnérables.
Bien que le monde ait perdu un grand homme, son esprit et son legs continueront à inspirer la nouvelle génération d’Avocats congolais à poursuivre son travail acharné et son combat pour un système judiciaire juste et équitable. Me Jean Placide Yoko restera à jamais un héros au service de la justice dont l’impact positif sera ressenti, pour toujours, dans tout le pays et à travers le monde entier. Car, tous ses Avocats, visiblement, affectés et déterminés, feront des émules.
Aujourd’hui, alors que l’on pleure disparution impromptue de Me Jean Placide Yoko Yakembe qui, en même temps, fut un Albatros, un Patriarche de la communauté Songye et de l’Espace Grand Kasaï, toute l’humanité est appellee à lui rendre un vibrant hommage, en poursuivant son travail et s’engageant à rendre justice à ceux qui en ont le plus besoin. Sa mémoire vivra à jamais à travers la determination de participer à la contruction d’une e société plus juste pour tous.
La Pros.