Le Dr. Pasteur Cosma Wilungula Balongelwa, ancien Directeur général de l’Institut Congolais pour la Conservation de la nature (ICCN), a rejeté dans leur intégralité les allégations non fondé portées contre lui par le département d’Etat américain et qui valent une sanction d’inéligibilité d’entrée aux Usa. Il dénonce fermement le libellé de la sanction indiquant « la corruption dans une affaire de trafic présumé d’espèces protégées. Il est co-accusé avec un ancien haut responsable de l’Iccn et un fonctionnaire en exercice. Tous les trois fonctionnaires sont déclarés « inéligibles à l’entrée aux États-Unis ». Mais que cache cette décision que d’aucuns s’interrogent sur son fondement ? Cosma répète qu’il va se consacrer « à faire triompher sa bonne foi » et « à faire valoir son bon droit dans l’opinion nationale et internationale. Bien que les accusations puissent être qualifiées de non fondées à ce sujet, l’ancien DG de l’ICCN regrette le fait qu’aucun détail n’a été fourni par la diplomatie américaine. « S’il s’avère corrompu, qui serait le corrupteur ? Cela s’est passé quand ? Et par où serait passé l’argent? » s’est interrogé le pasteur Cosma. ‘’Je refuse de croire qu’il puisse s’agir d’une décision politique prise dans la précipitation dans des officines obscurs afin d’entacher une vie dédiée à la protection de la biodiversité en RDC ’’, détaille l’ancien Directeur général de l’Iccn.
Pour cette grave accusation, au siège de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) de Kinshasa en République démocratique du Congo, c’est le silence radio depuis l’annonce des sanctions américaines visant trois de ses anciens responsables dont l’ex-directeur général Cosma Wilungula Balongelwa. En plus de Cosma Wilungula, le département d’État américain a sanctionné aussi Léonard Muamba Kanda, ancien chef de département de l’Autorité de gestion de la RDC pour la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages en voie d’extinction (CITES) et Augustin Ngumbi Amuri, directeur-coordinateur de l’Autorité de gestion de la RDC pour la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages en voie d’extinction (CITES) et conseiller juridique de l’ICCN.
Le communiqué publié le 16 août par le Département d’Etat américain souligne que ces trois responsables congolais sont « inéligibles à l’entrée aux États-Unis en raison de leur implication dans des actes de corruption importants. En tant que fonctionnaires responsables de la protection des espèces sauvages, ils ont abusé, selon le département d’Etat américain, de leurs postes officiels en s’impliquant dans le trafic de chimpanzés, de gorilles, d’okapis et d’autres espèces sauvages protégées de la RDC, principalement vers la République populaire de Chine, en échange de pots-de-vin ». La diplomatie américaine estime que les agissements de ces trois responsables congolais constituent des « actions criminelles transnationales corrompues (qui) ont sapé l’état de droit et la transparence du gouvernement en RDC ainsi que les efforts de longue date de conservation des espèces sauvages ». Elle ajoute que « l’action d’aujourd’hui montre que les États-Unis se tiennent aux côtés de la RDC contre ceux qui s’évertuent à perpétuer le trafic des espèces sauvages et préconisent l’obligation de rendre des comptes incombant aux fonctionnaires corrompus et aux criminels transnationaux », souligne-t-on.
Kinshasa satisfaite de la mesure?
Au ministère congolais de l’Environnement, aucune réaction officielle n’a été faite. Une source proche du dossier au ministère nous confie que « les autorités congolaises seraient contentes de cette décision du département américain. Selon elles, cela vient confirmer les sanctions qui ont été prises, notamment contre l’ancien directeur général de l’ICCN. Cela fait deux ans qu’il n’est plus à l’ICCN. Aujourd’hui, le Département d’état va dans le sens des autorités congolaises, cela nous réjouit », confie cette source à Trtafrika.
Pour rappel, en août 2021, Eve Bazaïba, ministre congolais de l’Environnement, avait suspendu Cosma Wilungula de son poste de Directeur général de l’ICCN surtout pour mauvaise gestion. « Le monsieur a géré le patrimoine de l’Etat comme son argent privé, son argent personnel. Il a signé des contrats avec des partenaires sans rendre compte à l’Etat. Les fonds destinés à investir dans les aires protégées, il les aurait affectés vers des individus. En fait, il y a beaucoup de choses qui lui étaient reprochées. Aussi, il s’est permis d’envoyer certains animaux dans des parcs animaliers privés », glousse ce proche du dossier au Ministère congolais de l’Environnement. Alors que le monde entier lui a reconnu le mérite d’être le bon gestionnaire de la conservation de la nature que l’Afrique n’a jamais connu. Aussi, plusieurs prix et déclarations des diplomates américains et occidentaux le témoignent.
Un expert congolais des questions environnementales nous confie qu’en fait ce qui serait reproché à l’ancien directeur général de l’Institut congolais pour la conservation de la nature, c’est sa proximité avec Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo.
Du coup, on le soupçonnerait de lui avoir facilité l’obtention de quelques animaux pour son parc animalier de Kingakati, à Kinshasa.
Wilungula nie en bloc
Cosma Wilungula rejette en bloc toutes ces accusations et se dit victime de pression politique et tribale indique trtafrika à qui il s’est confié. Il ne nie pas le fait « d’avoir facilité à Joseph Kabila l’obtention des documents de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages en voie d’extinction (CITES) pour faire venir les animaux de la Namibie, Zambie, Afrique du Sud, etc., dans son parc animalier. Il confirme que Joseph Kabila a fait venir les animaux dans les normes ».
En ce qui concerne les accusations du Département d’État américain, l’ancien DG de l’ICCN regrette le fait qu’aucun détail n’a été fourni par la diplomatie américaine. « S’il s’avère corrompu, qui serait le corrupteur ? Cela s’est passé quand ? Et par où serait passé l’argent? » s’interroge-t-il.
Selon lui : « On ne peut pas vouloir parler d’un dossier sérieux sans donner les précisions. En clair, je n’ai jamais signé un permis Cites ou autorisé la sortie d’un animal quelconque. Ceux qui ont leur quota, ont droit d’obtenir des permis auprès des services attitrés pour les espèces de l’annexe 2, concernées par le quota. Les animaux pour lesquels ces sanctions ont été prises sont de l’annexe 1 » se défend l’ancien DG sanctionné. « C’est-à-dire qu’ils ne peuvent faire l’objet d’aucune transaction. Ils n’ont pas des prix commerciaux à part les échanges scientifiques entre établissements scientifiquement enregistrés au niveau du Secrétariat général de Cites à Genève en Suisse. Or, au niveau de Cites, aucun mouvement d’animaux n’est documenté depuis plus de 20 ans entre la RDC et la Chine », poursuit-il.
Au sujet des espèces concernées, le Dr. Cosma Wilungula affirme que la surveillance internationale de ces animaux ne laisse pas de place aux accusations portées contre lui. « Les espèces : Okapi, Chimpanzé et Gorille sont gérés et bien surveillés dans le monde via des organisations installées en Europe et aux États-Unis », fait-t-il valoir.
« Aucun okapi ne peut quitter l’Afrique pour la Chine. Le nombre d’okapi au monde en dehors de la RDC est bien connu. Si un pays a besoin d’un okapi, c’est l’organisation internationale présidée par Mr. John Lucas, un Américain, qui décidera de le lui donner. La RDC ne joue que le rôle de facilitateur entre les pays concernés. Et pour les Grands singes, gorilles et chimpanzés, il y a également une autre organisation appelée Grasp, qui fait la police mondiale, et les différents pays s’organisent. Ces animaux ne quittent plus la RDC depuis des années pour aller dans tout autre pays », explique l’ancien patron de l’ICCN.
Pour le Pasteur Wilungula, les accusations contre lui et ses deux collaborateurs sont non seulement sans fondement solide, pire, elles émanent de ceux qui, selon lui, veulent salir sa réputation et saper son travail pour la conservation de la nature en RDC.
« Les nombreux messages de soutien qui lui ont été transmis par les Organisations et associations nationales du secteur de l’Environnement et d’autres au niveau international l’ont convaincu à poursuivre son travail au service de l’intérêt général de la biodiversité. ‘’Rien ne me fera renoncer à cet engagement », conclut l’ancien DG de l’ICCN.
Peter Tshibangu