Etre nommé au Ministère de l’Economie dans le contexte politique, diplomatique, sécuritaire et social actuel n’invite pas à sabler le champagne, ni même à le sabrer pour la bonne et simple raison que le mandat décisif de Félix Tshisekedi Chef d’Etat, patron véritable de l’UDPS et Chef de file de l’Union Sacrée de la Nation, en est totalement tributaire.
En effet, tous les pays qui avancent de par le monde ont l’Economie pour régulateur de progrès : Japon, Chine, Inde, Corée du Sud, Singapour, Malaisie, Indonésie, Turquie, Qatar, Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis etc. Pour l’Asie ; Etats membres de l’Union européenne pour l’Europe en plus de la Russie et d’Israël ; Canada, Etats-Unis, Mexique, Brésil, Argentine…pour l’Amérique ; Australie et Nouvelle Zélande pour l’Océanie et Afrique du Sud, Botswana, Namibie, Kenya, Ethiopie, Nigéria, Ghana, Côte d’Ivoire, Maroc, Algérie, Egypte…pour l’Afrique !
Le Congo a eu son heure de gloire sous la colonisation lorsque la production agricole et la production minière, soutenues par des unités de production électrique, battait réellement leur plein grâce aux réseaux des voies de communications et aux circuits de distribution performants.
Tous les coins du pays étaient accessibles par des routes dites de desserte agricole sur lesquelles on pouvait circuler avec tous les moyens de locomotion.
Prendre le vélo, la moto, l’auto, le bateau, le train, l’avion était la chose la plus aisée qui soit. Les décisions prises au cours de ces 64 dernières années ont, globalement parlant, conduit à ruiner le tissu économique et social, et à impacter négativement la gouvernance institutionnelle.
La RDC exporte tout. Même, tenez bien, les devises !
Evidemment, organisée dans le cadre des négociations pour l’indépendance mais malheureusement minimisée par les délégués congolais certainement mal coachés, la table ronde manquée de Bruxelles de 1960 continue de produire ses effets négatifs notamment, le maintien du pays dans l’économie extravertie. Si, hier encore, l’extraversion se limitait à l’industrie extractive, aujourd’hui la situation s’est empirée en ce que la RDC « exporte tout ». Même, tenez bien, les devises !
A preuve, ce constat du Président Félix Tshisekedi lors du Forum Makutano en 2019 : « Environ 26.000 expatriés régulièrement inscrits auprès des services d’immigration contrôlent plus de 80 % de l’industrie et du commerce formel. Ces investisseurs paient en plus l’essentiel de l’impôt mobilisé par le pays ».
L’économie nationale : parent pauvre dans tous les fora politiques congolais
Daniel Mukoko Samba débarque au ministère de l’Economie en héritant de cette situation qui avait fait dire au Pr Katanga Mukumadi, en 1994, « Nous avons cru que c’était un bobo, nous constatons que c’est plutôt un cancer ».
Il venait d’être nommé Ministre des Finances et de l’Economie dans le Gouvernement Kengo issu des négociations de l’Intercontinental mettant fin au double schéma ‘’Conférence Nationale Souveraine/Conclave Politique de Kinshasa’’.
Or, ce cancer-là, les 13 Parlementaires (qui deviendront les pères fondateurs de l’Udps en 1982) l’avaient déjà diagnostiqué dans leur Lettre du 1er novembre 1980 au maréchal Mobutu. Bien avant eux, le Haut commandement militaire à la base du coup d’Etat de novembre 1965 en avait fait de la crise économique des 5 premières années de la 1ère République une des raisons de sa fronde. D’où la nationalisation opérée en 1968 et, plus tard, la zaïrianisation en 1973. Mais, il y a surtout le fameux contentieux belgo-congolais en 1961.
On retiendra pour la postérité que tous les fora ayant succédé à la CNS et au CPK entre 1991 et 1993, entre autres le Dialogue inter-congolais entre 2001 et 2003, la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement au Nord-Kivu et au Sud-Kivu en 2008, les Concertations nationales en 2013, le Dialogue de la Cité de l’Union africaine et les Négociations du Centre interdiocésain en 2016 ainsi que la Consultation présidentielle en 2020, ont traité l’Economie nationale en parent pauvre lorsqu’il s’est agi de traiter des crises politiques congolaises.
Daniel Mukoko Samba porte sur ses épaules tout le poids de ce mandat
Pourtant, la guerre de l’Est, dont l’effort obère sérieusement le budget national, ne cesse de révéler sa face véritable. Si les revendications sont politiques, les objectifs sont plutôt économiques. Chaque des belligérants se sert des armes pour se livrer au pillage des ressources naturelles et autres formes des richesses congolaises.
Les actes de corruption et de détournement des deniers publics que l’on déplore se commettent sur des recettes budgétaires générées par les activités économiques.
Les revendications d’ordre social émanant du souverain primaire ne peuvent être satisfaites qu’avec ces activités.
Mieux, les six axes définis par le Président Félix Tshisekedi dans son discours d’investiture du 20 janvier 2024 sont entièrement tributaires de l’économie pour leur réalisation.
On peut même ajouter avec conviction : la révision ou le changement de la Constitution préconisée par le Chef de l’Etat ne sera possible qu’à la condition de l’amélioration du tissu économique et social.
Puisqu’il en est pleinement conscient, Daniel Mukoko Samba porte sur ses épaules tout le poids du second et dernier mandat du Président de la République. De quoi le dissuader de sabrer ou de sabler le champagne car la rue congolaise devient de plus en plus exigeante…
Omer Nsongo die Lema/CP