Le Gouvernement Congolais a demandé au Conseil de securité d’instruire le Secrétaire Général de l’ONU ainsi que toutes les institutions du système onusien concernés de signer et d’appliquer le plan de transition revisé de la MONUSCO dans la perspective du démarage de son retrait à la fin de l’année en cours. C’est par le biais de Christophe Lutundula, Ministre des Affaires étrangères et de la Francophonie que le 1er septembre, le Gouvernement congolais a exprimé son souhait de ramener le début du retrait de la MONUSCO à la fin de cette année en lieu et place de l’année prochaine.
Cette décision s’explique par la gravité de la crise securitaire accentuée à l’Est de la RDC.
En effet, après 25 ans de présence sur le sol congolais, d’abord en tant que MONUC et ensuite en tant que MONUSCO, et plusieurs dizaines de milliards de dollars depensés, il est clair que cette mission onusienne n’a pas réussi à faire face aux conflits armés qui déchirent la RDC, si bien qu’il est légitime de se demander à quoi elle sert. La MONUSCO est devenue donc un problème à résoudre aux yeux de la population congolaise plutôt qu’une solution à cette crise.
Dans le « LIVRE BLANC, AGRESSION AVEREE DE LA RDC PAR LE RWANDA ET CRIMES INTERNATIONAUX COMMIS… » qu’il a publié en décembre 2022, le Gouvernement congolais a demontré la veracité et la gravité de ces crimes en droit international public et en droit international pénal, a demandé à la communauté internationale de sanctionner leurs auteurs, sans succès. Les derniers massacres de civils par le M23 se sont faits sans que les rebelles ne soient inquiétés par la MONUSCO qui a de ce fait manqué à une de ses principales missions statutaires.
Ni la Communauté internationale ni la MONUSCO n’ont été à même de rassurer la population congolaise, ce qui a été un point de rupture de la confiance de cette dernière envers elles.
Pour rappel, c’est en 1999 que le Conseil de Securité crée la Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo, MONUC pour maintenir la liaison avec toutes les parties à l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Toutefois, les faiblesses de la MONUC s’étaient révélées au grand jour par une succession d’événements pendant lesquels elle n’avait pas été en mesure de protéger les civils. Entre autres, la prise de Bukavu par les rebelles de Jules Mutebusi en 2004, les affrontements entre les armées rwandaise et ougandaise dans la ville de Kisangani en juin 2000… encore moins d’endiguer l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC.
En 2010 est créée la MONUSCO avec comme mandat originel de contribuer pendant une période de transition définie à la stabilisation de la RDC, pays post conflit.
Pourtant malgré le deploiement d’au moins 16.000 militaires et policiers pour soutenir les efforts du Gouvernement, le cycle infernal des massacres de la population ne s’est pas arrêté.
L’inefficacité de la MONUSCO dans l’accomplissement de sa mission s’explique par différentes causes, entre autres, les ambiguités de son mandat et des positions du Conseil de securité ainsi que l’inadéquation des moyens mis à sa disposition en comparaison à la crise qu’elle est appelée à résoudre.
En effet, elle est utilisée comme une mission de maintien de la paix alors que la RDC est à la quête de celle-ci. Aussi, le conflit est attisé par un Etat membre de l’ONU à savoir le Rwanda que le Conseil de securité n’a pas condamné, préférant envoyer une mission de paix sans mandats ni moyens adéquats pour regler un conflit armé entre deux Etats.
D’ailleurs, dans une sortie médiatique, le Secrétaire Général de l’ONU avait reconnu « l’incapacité de la MONUSCO à affronter le M23 doté d’armes sophistiquées qu’elle ne possède pas ».
Par ailleurs, Christophe Lutundula avait plaidé lors d’une séance du Conseil de Securité en faveur de la dotation des moyens conséquents à la MONUSCO afin qu’elle remplisse la mission lui donnée.
Une demande non rencontrée puisqu’en décembre 2022, le Conseil de sécurité a renouvellé le mandat de la MONUSCO sans tenir compte des recommandations faites, ce qui n’a fait qu’alimenter la méfiance de la population congolaise.
C’est pour cela que pour apaiser les tensions entre lui et la population congolaise, le Gouvernement congolais a décidé d’accélerer le plan de retrait de la MONUSCO qui doit se faire par la mise en place de certaines activités préparatoires telles que l’élaboration du chronogralmme de retrait par l’Etat-Major des FARDC et Commandement des Forces de la MONUSCO, la définition des modalités pratiques du transfert graduel des activités entre la MONUSCO, les autres programmes corollaires et le Gouvernement, la diminution progressive des effectifs de la MONUSCO et l’élaboration conjointe par le Gouvernement et la MONUSCO de la feuille de route opérationnelle de la transition.
Déborah Nitu