Le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu s’est montré très critique envers les autorités congolaises. C’était dans son message du samedi 30 mars 2024, à l’occasion de la messe de Pâques. Ce dernier a fustigé le comportement des autorités congolaises qui, d’après lui, continuent de poser des actes susceptibles de pousser certains Congolais à la rébellion en lieu et place de former un front commun pour faire face à l’ennemi.
Cette sortie du Cardinal intervient au moment où des jeunes membres du PPRD de Joseph Kabila ont rejoint Corneille Nangaa au M23. Et le prélat catholique d’insister qu’un pays qui est attaqué, un pays qui se sait en guerre, la première chose à faire c’est de former ce qu’on appelle le font commun. Or, aujourd’hui le front commun n’existe pas. « Comment voulez-vous que des fils du pays ne partent pas d’ici, de Kinshasa pour rejoindre la rébellion à l’Est ? », s’est-il interrogé.
«Nous pouvons nous énerver, a-t-il poursuivi, contre ceux qui sont partis, nous pouvons les traiter de traîtres. Ils ont pris la cause de l’ennemi. Mais la question de fond est : pourquoi ces gens ont agi de cette manière ? C’est parce qu’au niveau d’ici, nous posons des gestes qui blessent les autres, ou continuons à poser des gestes qui blessent les autres. Nous continuons à poser des actes qui fragilisent la communion nationale, nous posons des gestes qui excluent les autres de la jouissance du gâteau national ».
Le N°1 de l’Eglise catholique à Kinshasa n’a pas manqué de fustiger l’attitude de la classe politique préoccupée au partage des postes des institutions alors que la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader à l’Est du pays. « Ça fait trois mois que notre pays est pratiquement paralysé pour la simple raison que toute la classe politique s’est invitée autour du grand gâteau que l’on est en train de se disputer, pendant que le pays est en guerre, pendant que l’ennemi avance. Tout ce qui nous intéresse, c’est la part du gâteau, comment nous pouvons nous retrouver au Parlement, au Gouvernement, à la tête des portefeuilles. Ce comportement est tout à fait incohérent si nous considérons la situation délicate, dangereuse de notre pays », a-t-il enchaîné.
Outre, le Cardinal a déploré le dysfonctionnement de la justice congolaise en indiquant : « En regardant notre pays, nous devrions nous émerveiller de l’œuvre de Dieu. Or, la RDC ressemble d’aujourd’hui à une terre de désolation, abandonnée. Ses forêts sont actuellement exploitées impitoyablement. Les eaux de ses rivières et de son fleuve sont polluées, à l’insouciance de tous, par des matières plastiques et autres. Des lors, deux pistes s’offrent à nous, peuples congolais. Il s’agit de la responsabilité et de l’engagement de chaque baptisé à degrés différents. D’une part, la Résurrection du Christ invite à prendre la violence sous toutes ses formes. Aujourd’hui, plus que hier, la terre des Congolais connait des violences et des insécurités indescriptibles. Par conséquent, cette situation accroit la misère dans la population : manque de nourriture, système sanitaire défectueux, absence de couverture sociale, insalubrité généralisée. Mais fêter Pâques, c’est mettre fin à ces violences et insécurités ; c’est permettre aux populations déplacées de l’Est du pays de retrouver la paix dans leurs milieux ».
Pour rappel, le Président de la République n’est pas resté indiffèrent devant cette situation qui plonge les Congolais dans l’angoisse. Lors du conseil du ministre tenu le vendredi 29 mars 2024, il a annoncé que le prochain Gouvernement doit redoubler d’efforts dans le souci de mettre fin à cette insécurité qui indispose le pays.
Jackson Mutamba