C’est un événement d’une portée historique qui s’est ouvert hier, jeudi 9 octobre 2025 au Palais du Peuple. La Première Ministre, Judith Suminwa Tuluka, représentant personnellement le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a officiellement lancé les travaux de la première édition du Forum National des Droits Humains. Pendant trois jours, ce cadre d’échanges va réunir les plus hautes autorités du pays, la Société civile et les partenaires internationaux pour bâtir une stratégie commune face aux défis majeurs : l’évaluation de la situation des droits fondamentaux, l’implémentation de la justice transitionnelle et, surtout, le plaidoyer pour la reconnaissance mondiale du « Génocost » commis en République Démocratique du Congo.
La cérémonie d’ouverture, rehaussée par la présence du Président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde, du Président intérimaire de l’Assemblée Nationale, Jean-Claude Tshilumbayi, et du Président du Conseil Supérieur de la Magistrature, Dieudonné Kamuleta, a été marquée par des discours forts, traçant la feuille de route d’une nation déterminée à faire face à son passé douloureux pour construire un avenir de paix.
Dans son allocution, la Première Ministre, Judith Suminwa Tuluka, a rappelé avec force que la vision du Président de la République place la dignité humaine au centre de toute action gouvernementale. « La protection et la promotion des droits humains sont au cœur de notre vision de développement et de cohésion nationale. Elles constituent le socle de notre ambition de bâtir une République forte, respectée et fidèle à ses engagements internationaux », a-t-elle déclaré.
Enumérant les avancées significatives sous le magistère de Félix Tshisekedi, telles que la gratuité de l’enseignement de base, la couverture santé universelle et la promotion de la parité, elle a insisté sur le caractère indispensable de la justice transitionnelle. « C’est une étape clé pour apaiser les blessures du passé, reconnaître les torts, réparer les préjudices et instaurer une paix durable. C’est un défi, mais aussi une nécessité pour bâtir une société plus juste », a-t-elle martelé, soulignant que ce forum se veut une « plateforme d’action » et non un simple lieu de débats.
Le cri d’indignation de Me Samuel Mbemba
Intervenant avant la Cheffe du Gouvernement, le Ministre des Droits Humains, Me Samuel Mbemba Kabuya, a livré un discours poignant, mêlant hommage et indignation. Tout en saluant l’engagement et la détermination du Chef de l’Etat, il a confronté l’idéal universel des droits humains à la tragique réalité congolaise.
Citant René Cassin : « Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’Homme seront violés », il a dénoncé le deux poids, deux mesures de la Communauté Internationale. « Comment expliquer le silence du monde quand 10 millions de Congolais sont massacrés ? », a-t-il interrogé l’audience, avant de dresser un tableau sombre des conséquences de cette hécatombe : femmes violées, orphelins, handicapés, déplacés internes, familles disloquées et projets de vie brisés.
Pour le Ministre, deux chantiers sont désormais existentiels pour la nation congolaise : l’implémentation de la Justice Transitionnelle et le plaidoyer pour la reconnaissance du Génocost, un néologisme désignant à la fois le génocide et le pillage économique systématique qui l’accompagne.
Me Samuel Mbemba a également profité de cette tribune pour dénoncer avec véhémence ce qu’il qualifie de « campagne médiatique visant à ternir l’image du FONAREV », le Fonds National pour les Réparations des Victimes. Selon lui, cette campagne de dénigrement n’est pas une coïncidence.
« Vous constaterez que cette campagne coïncide avec le moment où le FONAREV a commencé le plaidoyer pour la reconnaissance des génocides commis en RDC. Il est facile de déceler l’origine de cette attaque acerbe : l’auteur de ces génocides que nous dénonçons, le Rwanda de Paul Kagame », a-t-il accusé sans détour, citant en preuve un tweet critique du Ministre rwandais des Affaires Étrangères.
Evoquant la mémoire des massacres de Mwenga, Kasika, Makobola, Kishishe et tant d’autres, il a affirmé que ces drames constituent une mémoire collective douloureuse qui doit nourrir le combat pour la justice et la vérité. L’un des objectifs majeurs du forum est ainsi de consolider les données et d’unifier le narratif congolais pour porter ce plaidoyer avec une seule voix, forte et documentée.
Les travaux se poursuivront jusqu’au samedi 11 octobre, avec des panels thématiques où experts et acteurs de terrain débattront des stratégies concrètes. Les recommandations qui en sortiront sont attendues comme le véritable point de départ d’une action concertée pour que, enfin, justice soit rendue au peuple congolais.
Nathan Mundele
DISCOURS DE SON EXCELLENCE SAMUEL MBEMBA KABUYA MINISTRE DES DROITS HUMAINS, À L’OUVERTURE DE LA 1ÈRE ÉDITION DU FORUM NATIONAL DES DROITS HUMAINS
Madame la Première Ministre, Cheffe du Gouvernement, Représentante personnelle de Son Excellence Monsieur le Président de la République ;
Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale ;
Excellence Monsieur le Président du Sénat ;
Monsieur le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature ;
Excellence monsieur les Ministres ;
Distingués invités, en vos titres et qualités respectifs ;
Mesdames et Messieurs,
L’affirmation selon laquelle les êtres humains naissent libres et égaux est le principe fondamental de l’Article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce principe stipule que tous les individus sont nés avec les mêmes droits et la même dignité, sans distinction de race, de sexe, de religion, d’origine ou de toute autre caractéristique.
Ce principe est la base du droit international des droits de l’homme ou des droits de l’homme tout court et, est présent dans tous les traités majeurs, soulignant l’importance de l’égalité et de la dignité pour tous.
Ce principe fondamental, qui a donné lieu à un corpus abondant d’instruments juridiques est censé être la clé de fraternité et de la paix entre les humains. Mais, hélas !
Lorsque René Cassin disait : « Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’Homme seront violés en quelque partie du monde que ce soit ».
Will Durant, lui, disait, dans un style de dérision : « La nature n’a pas lu la déclaration universelle des droits de l’homme. Elle continue à nous faire naître inégaux ».
Sur le plan international, l’on est plus attentif et plus attentif pour les droits des uns mais autant ceux autres. Sinon, comment expliquer le silence du monde quand 10 millions de Congolais sont massacrés, 10 millions de victimes survivantes parmi lesquelles les femmes violées, les enfants devenus orphelins, des personnes devenues handicapées physiques du jour au lendemain, des déplacés internes, des exilés ; Bref des femmes et des hommes comme vous et moi qui ont tout perdu du jour au lendemain et se retrouvent dans la rue, des familles disloquées et des projets de vie brisés.
En effet, entre les prévisions textuelles et la réalité, il y a souvent un faussé. Il faut la volonté politique pour que texte et contexte rhument ensemble.
En République Démocratique du Congo, ce principe est traduit par une majeure partie de la Constitution de 2006 telle que modifiée à ce jour et par plusieurs textes législatifs et réglementaires.
Tout le mérite est pour Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat et Garant de la Nation Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO pour son engagement et sa détermination pour la promotion et la protection des droits humains en République Démocratique du Congo. Lequel engagement est matérialisé aujourd’hui avec fidélité, humilité mais aussi et surtout avec efficacité par Son Excellence Madame la Première Ministre, Cheffe du Gouvernement Judith SUMINWA TULUKA.
En effet, dès son accession à la Magistrature Suprême, le Président TSHISEKEDI a entrepris le renforcement des mécanismes classiquement de promotion et protection des droits humains en RDC et a donné application à plusieurs dispositions de la Constitution en réalisant notamment la gratuité de l’enseignement de base, la maternité gratuite et la couverture sans universelle.
À côté de cela, il a initié l’implémentation de la Justice Transitionnelle et le Plaidoyer pour la reconnaissance du GENOCOST. Deux chantiers existentiels pour nous, nation congolaise.
Mesdames et Messieurs,
Ce forum est le point de départ de la collaboration efficace entre les pouvoirs publics entre eux et la société civile dans la promotion et la protection des droits de l’homme en général, et dans l’implémentation de la Justice Transitionnelle et le Plaidoyer pour la reconnaissance du GENOCOST en particulier. Aussi, devons-nous réfléchir, suivant les instructions du Président de la République, au plan stratégique sur le plaidoyer pour la reconnaissance du GENOCOST.
Ce forum se veut non seulement un salon de rencontre entre acteurs des droits de l’homme mais aussi un cadre de concertation et de construction des idées nobles au tour des thématiques, tels que repris dans le programme.
A l’issue de ce forum, il est important que nous puissions consolider les données en possession de chacun de nous pour que nous ayons le même narratif pour le plaidoyer et le même chiffre.
Mesdames et Messieurs ;
Depuis un temps, nous assistons à une campagne médiatique visant à ternir l’image du FONAREV, cet Etablissement public qui accomplit, avec dévouement et professionnalisme, sa mission en faveur des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre l’humanité.
Vous constaterez que cette campagne coïncide avec le moment où il a commencé le plaidoyer pour la reconnaissance des génocides commis en RDC. Il est facile de déceler l’origine de cette attaque acerbe, l’auteur de ces génocides que nous dénonçons, le Rwanda de Paul KAGAME. Cela se traduit par le twitte de son Ministre des affaires étrangères qui a eu à critiquer véhément les activités de FONAREV.
Cette campagne cherche à nous distraire de ce combat noble, la reconnaissance des génocides commis en RDC.
Mwenga, Kasika, Makobola, Kamituga, Kishishe, Tingi Tingi, Rutshuru et tant d’autres localités portent encore les traces de ces drames humains. Ces événements ne relèvent pas simplement du passé, ils constituent une mémoire collective douloureuse qui nous booste à continuer ce combat pour que justice et vérité puissent prévaloir.
Mesdames et Messieurs,
Je vous invite au sens élevé du patriotisme et vous souhaite plein succès à ce forum dont les recommandations guideront nos actions communes.
Je vous remercie.
