A l’ouverture de la 2ème édition du Global Gateway Forum, hier, jeudi 9 octobre 2025, Félix Tshisekedi s’est voulu à la fois ouvert, responsable et réaliste. Son intervention, empreinte d’audace et de sincérité, a révélé un besoin concret de changement. Dans un ton audible et ferme, le Président congolais Félix Tshisekedi a exprimé, à la face du monde, son intention de consacrer la réconciliation avec son homologue rwandais Paul Kagame et de marquer la normalisation des relations bilatérales entre Kinshasa et Kigali. Pour le Chef de l’Etat, le moment n’est plus à la division, ni à la guerre, mais, plutôt, à la paix et à la stabilité dans la région des Grands-Lacs.
‘’Aucun développement durable ne peut s’enraciner sans stabilité. Dans l’Est de la République démocratique du Congo, notre peuple subit une agression flagrante menée par des groupes rebelles lourdement soutenus par un Etat voisin, en violation du droit international de notre souveraineté et de notre intégrité territoriale. Mon discours avait prévu un plaidoyer et un appel à des sanctions contre ce pays. Mais, étant donné que j’ai vu le Président du Rwanda, je prends à témoin l’assistance ici présente et le monde entier qui nous suit à travers les réseaux pour lancer un appel à la paix, lui tendre et demander à ce qu’on arrête cette escalade. Monsieur le Président, vous le savez très bien, depuis que j’ai été élu en 2019 lors de mon premier mandat, je suis allé voir tous mes neufs voisins, plus particulièrement le Rwanda et l’Ouganda, pays avec lesquels nous avions des tensions, pour vous proposer de travailler ensemble, de rapprocher nos peuples, nos communautés pour le développement et le bien-être de celles-ci’’, a déclaré Félix Tshisekedi.
L’heure de la paix a sonné
Ses propos ont mis en exergue plusieurs faits désolants qui ont fragilisé, durant ces dernières décennies, le développement dans la sous-région. Pour y remédier, le Président congolais a demandé ouvertement à son homologue de faire preuve de dépassement de soi afin de privilégier les intérêts des populations aussi bien de la RDC que du Rwanda.
‘’A aucun moment, je n’ai affiché une attitude belliqueuse à l’égard du Rwanda ou de l’Ouganda ou d’un autre de nos neufs voisins. Aujourd’hui, nous vivons cette situation et nous sommes les deux seuls capables d’arrêter cette escalade. Je le dis en prenant à témoin notre Président de l’Union Africaine, Joao Lourenço, à qui je rends d’ailleurs un hommage particulier pour son implication dans cette crise et qui, comme vous le savez, était à quelques encablures de la régler définitivement. Mais, malheureusement, sans aucune raison, vous avez boycotté cette cérémonie alors que nous étions à 90% de recouvrer une paix durable. Mais, il n’est pas trop tard pour bien faire. C’est pour cela que je prends à témoin ce forum et, à travers lui, le monde entier, pour vous tendre la main à ce que nous fassions la paix des braves. Cela demande que vous donniez l’ordre aux troupes du M23 qui sont soutenues par votre pays d’arrêter cette escalade qui a fait suffisamment des morts. Nous les comptons par millions depuis des années. L’histoire nous jugera. Il est temps de tourner vers la paix et le développement. Je crois que l’Afrique, aujourd’hui, a besoin de passer à autre chose, Monsieur le Président Paul Kagame. Nous en sommes capables’’, a démontré le Commandant suprême des FARDC et de la PNC.
Vers un rapprochement…
Très concret et pragmatique, dans son intervention, le Président de la République a souligné sa disponibilité pour discuter, de manière plus engagée et directe, avec le Président rwandais Paul Kagame en vue de voir dans quelle mesure faire avancer la machine vers un terrain de réconciliation, de paix et de coopération.
‘’Prenons simplement le courage de nous regarder en face, de dire ce qui ne va pas et de prendre les bonnes décisions pour nos populations. Et donc, le plaidoyer que j’avais prévu pour appeler à des sanctions, je préfère le suspendre pour le moment, en attendant d’avoir la réponse du Président Kagame parce que j’ai vu également dans la salle l’Emissaire du Président Donald Trump, dont je salue l’implication dans la crise qui frappe mon pays et à travers lui, nos amis et frères du Qatar. Je crois que cet appel est la preuve que la République démocratique du Congo n’est pas belliqueuse, la République démocratique du Congo veut la véritable paix qui va entrainer la stabilité et permettre le développement de cette région qui, pour moi, est l’une des plus importantes régions du monde. J’espère que cet appel sera entendu par le Président Kagame et je lui dis ma disponibilité à discuter de cette situation… La République démocratique du Congo réaffirme son engagement d’opérationnaliser la feuille des routes émanant de l’accord de partenariat signé en 2023 et confirmer le vœu de le voir fondé sur les réalités d’aujourd’hui, les ambitions de demain et la mémoire des erreurs d’hier. Nous sommes prêts. Mais ce futur, nous voulons le construire ensemble, dès à présent, dans la transparence, dans l’équité et dans le respect mutuel’’, a témoigné Félix Tshisekedi, dans son discours, à la deuxième édition de Global Gateway Forum.
La Pros.
