Qu’est-ce que ce monde sans journal et sans journaliste ? Le journaliste accompagne l’homme dans sa pérégrination au quotidien. Il lui fournit des informations qui l’aident à décider par rapport à ses activités, son agenda et aussi par rapport aux événements liés à son environnement et sa vie. Le village global serait une utopie sans la mission sociale du journaliste.
De tout temps l’homme a puisé l’essentiel de son information grâce à ce métier éminemment social sans lequel le monde serait brumeux. Le journalisme donne des repères, elle donne la matière, elle permet et alimente la démocratie et le pluralisme d’opinion. Il est une école qui fournit la connaissance et le savoir au peuple ; il guide ce dernier et l’éclaire sur les enjeux sociétaux. L’éclairage journalistique pousse le citoyen à se positionner face à la réalité sociale. Le journalisme est une bougie, une lampe, une ampoule. Il apporte la lumière, il éclaire. Il éveille et réveille, il stimule et oriente.
A voir la tournure que prend cette profession de nos jours, l’on se demande si c’est encore le même métier : les pourvoyeurs de fonds font parler les espèces sonnantes et trébuchantes et orientent indubitablement l’action des journalistes au point de leur faire perdre le réquisit de leur fonction.
Le journaliste a perdu tout esprit d’analyse. Il ne fait que reprendre ce qui lui est donné ou dicté par les acteurs sociaux, politiques ou économiques. Dans certaines circonstances, cela se négocie à coup de billets. Dans d’autres, c’est soit la paresse, soit l’ignorance de sa mission qui le pousse à reprendre mot à mot les communiqués ou les messages des institutions ou organisations. Où sont passés les journalistes ayant pour mission d’informer le public et de lui fournir la lumière nécessaire sur les faits de société afin d’agir en citoyen responsable ?
La mission journalistique ne disparaitra pas malgré l’évolution sociale et la révolution apportée par internet et les réseaux sociaux. On attend du journaliste qu’il continue de nous éclairer sur la multitude d’informations qui pullulent sur internet. On attend de lui qu’il démêle le vrai du faux ; qu’il fasse la synthèse des informations éparpillées pour fixer l’opinion sur l’évolution des faits.
On constate malheureusement que l’analyse et la vérification des faits ne sont plus à l’ordre du jour. On reprend in extenso les nouvelles, sans réécriture. L’information n’est plus traitée ; pourtant, c’est à ce niveau que s’éclairent les enjeux des faits relatés.
En effet, le journaliste n’est pas un perroquet qui redit ce qu’on lui dicte ; c’est le sens du terme psittacisme employé dans le titre de cette tribune. Le journalisme c’est une instance de remise en questions de notre mode d’action et de traitement des faits sociaux, politiques, économiques. Il est la conscience de la société, l’instance d’interpellation.
En ignorant ou en négligeant son rôle social, le journaliste contribue à la décrépitude, à la déliquescence de la société. Le psittacisme bafoue les principes journalistiques.
Professeur Jean-Marie Bomengola
Université catholique du Congo