(Par le Prof. Patience Kabamba)
Le philosophe allemand Oswald Arnold Gottfried Spengler (1880), qui a écrit deux livres sur le déclin de la civilisation occidentale, concluait ainsi : la civilisation s’effondre non pas à cause d’une force extérieure, mais suite à une faiblesse intérieure.
Au Congo, nous avons pris l’habitude de condamner les incursions de l’armée rwandaise, dont les soldats se transforment en milice de « M23 ». Récemment, des ambassadeurs occidentaux ont été invités par les ministres de la défense et des affaires étrangères pour leur expliquer l’intervention en cours du Rwanda au Congo. Les ministres ont produit des images satellite montrant, selon eux, des éléments de l’armée rwandaise traversant la frontière congolaise. Les récents discours du Président de la République ont suivi la même ligne, dédouanant l’Occident pour charger le Rwanda de tous les maux dont souffre la RDC. Bref, pour le gouvernement congolais, le Rwanda est la source de toutes les difficultés du Congo.
En fait, selon les mots de Spengler, la racine des souffrances du Congo ne vient pas des forces extérieures au Congo, mais des faiblesses et des dysfonctionnements au sein de notre gouvernement.
Pour preuve, je cite le rapport du Centre de recherches sur les finances publiques et le développement local (CREFDL) du 5 octobre 2023. Dans ce rapport, on apprend entre autres que 2,9 milliards de dollars ont été utilisés sans autorisation préalable du Parlement ; dans le cadre d’une alliance douteuse entre la Banque centrale, le ministère des Finances et le Président de la République, par le biais de procédures d’urgence, la BCC a déboursé 1,3 milliard de dollars ; les dettes d’une valeur de 5 millions de dollars ont été remboursées sans attestation préalable de la Direction générale de la dette publique (DGDP) et le salaire du Président de la République a finalement été payé à hauteur de 14,2 millions de dollars. Le CREFDL a également dénoncé le manque de transparence dans le travail rémunéré, qui a entraîné des dépenses de 900 millions de dollars. Enfin, le groupe de contrôle a déploré l’absence de rapport explicatif sur les dépassements budgétaires en 2022 ; la Présidence de la république avait dépassé de 9 000 pour cent son budget en 2022l. Quant aux Jeux de la Francophonie, ils devraient coûter 48 millions de dollars, mais, ils ont coûté 324 millions de dollars à la République Démocratique du Congo. Le ministre des Finances en est fier, mais n’en a pas honte, car cela prive des milliers de Congolais des moyens de se nourrir, de se vêtir, de prendre soin d’eux-mêmes et d’envoyer leurs enfants à l’école.
Une infime minorité bénéficie des finances de l’État au détriment de la grande majorité qui vit avec moins d’un dollar par jour. Je pense que cette incroyable gabegie financière est la source de nos malheurs, pas l’invasion des troupes rwandaises qui sont simplement les conséquences de la gabegie congolaise. Je suis un anthropologue intéressé par la paléontologie. Pendant des milliers d’années, les humains étaient des chasseurs-cueilleurs. Il cueillait des fruits, pêchait et chassait. La chasse est la forme de cueillette la plus élevée. Les chasseurs obtiennent de la nature ce dont ils ont besoin pour le cycle d’autoreproduction des sociétés de chasseurs-cueilleurs. Les chasseurs-cueilleurs ne consomment pas plus que ce dont ils ont besoin. Une harmonie logique existe au sein du peuple congolais. Quand quelque chose est pris en excès, cela signifie qu’il est également retiré à des milliers d’autres. Les 14,2 millions de dollars que nous versons au président en salaire détruisent toute harmonie sociale entre les Congolais et empêchent la reproduction de notre communauté. Cette communauté vit en unité dialectique avec la terre congolaise qui lui permet de produire des cultures et des minerais et de rencontrer des poissons, du gibier, de l’or et du cobalt, en ne prenant que ce dont elle a besoin. Au Congo, l’harmonie dialectique de l’équivalence est perturbée par le dysfonctionnement de l’État. Le Congo est actuellement géré de telle manière que tout ce qui reste humain et organique en nous est détruit.
Dans cette logique, MDW anticipe les prochaines élections et appelle à un changement de gouvernement. Mettons au pouvoir au Congo des gens qui ne peuvent prendre du trésor public que ce dont ils ont besoin. Le Congo n’a pas besoin d’un président avec un salaire de 14,2 millions de dollars. Le Congo n’a pas besoin d’un ministre qui reçoit 35 000 dollars par mois du trésor public. Le Congo n’est pas obligé de payer 3 milliards de dollars sans l’approbation du Parlement. À l’avenir, le Congo n’aura plus besoin d’élus qui reçoivent 21 000 dollars par mois alors que leurs citoyens qui les élisent souffrent d’une pauvreté indescriptible. L’intelligence se traduit par un sens d’anticipation, dit Bordiga. Regardons le Congo en 2024 après les élections. Le parlementaire est censé gagner 5 000 $ avec une voiture de service et un ticket d’essence mensuel. Ils doivent vivre dans leurs États respectifs. Si l’Assemblée nationale doit se réunir, les bureaux parlementaires doivent être transformés en Chambres à coucher des élus. Les professeurs d’université doivent recevoir le même salaire que leurs députés avec l’engagement de publier au moins un article chaque année qui fait progresser la recherche vers des solutions pour notre pays. La recherche doit être cohérente avec les besoins locaux et nationaux. Le salaire maximum dans la république doit être de 6 000 dollars et le président de la république bénéficiera de privilèges de transport et de cérémonies, mais il n’aura que quatre conseillers à sa disposition. Le salaire minimum sera de 1 500 $. MDW estime qu’une nouvelle ère politique au Congo est plus que nécessaire et que les élections offrent l’occasion d’élire des candidats capables de restaurer l’harmonie de l’égalité détruite par le gouvernement actuel.