(Patience Kabamba)
Cette semaine, nous avions voulu nous éloigner des questions proprement nationales pour regarder les défis auxquels nous faisons face dans le monde actuel. À côté de la guerre en Ukraine qui absorbe l’attention du monde et les richesses des peoples – plusieurs milliards de dollars engagés des deux côtés pour une guerre voulue par un seul homme, monsieur Poutine associé à l’esprit va-t’en guerre de l’administration Biden. Des milliards de dollars qui auraient pu servir à l’éducation de la population noire américaine ou à la croissance de l’économie russe. De vastes ressources sont englouties dans cette guerre quasi fratricide voulue par la Russie contre son voisin Ukrainien. De la promenade de santé envisagée par la Russie, nous en sommes aujourd’hui à la deuxième année d’une guerre d’occupation des territoires ukrainiens par la Russie. La Russie est la seule qui peut arrêter la guerre qu’elle a commencée.
Le deuxième foyer de tension dans le monde est la guerre israélo-palestinienne qui a débuté après le massacre du 7 octobre 2023 des Israéliens par le Hamas, mouvement de libération pour les uns et groupe terroriste pour d’autres. Ces massacres, les plus graves contre les juifs depuis l’holocauste, ont provoqué une réponse à laquelle ne s’attendaient ni les Palestiniens innocents, ni le Hamas qui ignorait la détermination d’Israël à protéger son territoire et celle du Premier ministre Benyamin Netanyahu qui y a vu une opportunité de conserver son pouvoir en faisant ce qui fait l’unanimité en Israël, la protection de son État.
Le présent MDW voudrait réfléchir avec ses lecteurs sur l’origine idéologique de l’État d’Israël en se référant à la question juive de Karl Marx et à l’interprétation qu’en donne Abraham Leon. Nous allons tâcher de comprendre le mouvement sioniste à travers ses origines idéologiques.
Au début du XXe siècle, des mouvements historiques de libération avaient vu le jour partout dans le monde. Les peuples opprimés de quelque manière que ce soit voulaient se libérer. Le 8 janvier 1912, les Noirs sud-africains créaient le African National Congress, un mouvement de libération contre les affres de l’apartheid, une institutionnalisation d’un développement séparé entre les races et dont la race blanche était la première bénéficiaire et les Noirs au bas de l’échelle. D’autres mouvements de libérations avaient vu le jour sur le continent vers les années 1950 et ont en grande partie conduit aux indépendances de la plupart des pays africains. Le sionisme historique est donc quelque chose qui est né dans le cadre des luttes de libération. Les juifs étaient victimes des maltraitances dans toute l’Europe, de l’Angleterre à l’Allemagne en passant par la France et dans les pays ibériques. Le peuple juif faisait face à une grogne quasi généralisée à cause de ses succès commerciaux et même académiques. Le premier Juif professeur à Harvard aux USA était obligé de se convertir au christianisme pour avoir une charge horaire complète. En France, des attitudes anti-juives étaient légion, et des expressions comme « sale juif » étaient assez souvent entendues de la bouche de non-juifs. En Allemagne, juste avant la guerre de 1939, le pays traversait une crise économique due aux sanctions provenant du Traité de Versailles où les alliés vainqueurs de la Première Guerre mondiale en 1917 avaient imposé des sanctions affligeantes et humiliantes à l’Allemagne. L’élection d’Adolf Hitler qui promettait de remettre les Allemands dans leur fierté originelle doit être comprise dans ce contexte. À cette époque, et à cause de la crise économique, toutes les familles allemandes avaient au moins une dette envers les juifs usuriers ou préteurs à gage pour survivre. C’est ainsi que la politique d’arrestation des Juifs n’a pas soulevé beaucoup d’indignation dans la masse populaire allemande.
Le mouvement sionisme était donc un mouvement de libération du peuple juif. Pour donner chair à cette idée de libération, on a créé le concept de nation juive qui devait retourner sur sa terre. Cette idée des Juifs qui retourneraient chez eux n’avait aucun sens, car les Juifs contemporains n’ont rien à avoir avec les Hébreux classiques. 99,99 % des Juifs n’ont absolument rien à avoir avec les Hébreux bibliques. La notion selon laquelle les Juifs retourneraient à la terre de leurs ancêtres n’avait aucun sens. Cependant, à cette époque où le judaïsme était prosélyte en Europe, en Afrique du Nord et ailleurs, il y a eu des conversions de part et d’autre. Bref, le concept sioniste d’un retour chez soi est simplement technologiquement et démographiquement absurde. Néanmoins, pour mieux comprendre cet appel au retour des juifs dans leur pays natal, aussi absurde soit-il, il faut d’abord savoir que le sionisme n’est qu’un rameau d’interprétation du judaïsme (Cf. la Question juive de Marx). Pour Marx, en effet, la question juive n’est pas une question raciale, car il n’existe pas de race juive, il n’y a aucun rapport génétique entre les juifs de Londres et ceux de la Russie. Il n’existe pas de religion juive non plus, car de nombreux Juifs se disent même athées. Abraham Leon parle de nationalité chimérique ou de peuple classe. Un peuple est apparu dans l’antiquité au carrefour des empires agraires égyptiens, assyriens et babyloniens. Cette population s’appelait des eburis, des circulants ou les itinérants qui se sont spécialisés dans une formation sociale commerciale.
Ainsi, comme le soutient Marx, on ne peut comprendre la religion Abrahamique que comme un contrat commercial. En lisant l’Ancien Testament ou le Talmud, on retrouve une suite infinie de contractualisations et Dieu est le grand contractant. Selon Marx, la question juive est une lettre d’échange entre un peuple classe et une mystification théologique qui représente le circulatoire monétaire. C’est en fait une histoire d’aliénation et du devenir des forces productives. On y a mis Dieu pour endosser ce contrat et justifier le devenir des forces productives dans lesquelles les Juifs vont exceller.
Il est important de savoir que le Judaïsme contemporain est postérieur au christianisme. Le Judaïsme s’est réorganisé pour contrer l’expansion du christianisme. Le judaïsme contemporain avec le Talmud sont venus après le christianisme, pas avant.