La Capitale congolaise, Kinshasa, suffoque. Après des pluies diluviennes qui ont transformé ses artères en véritables bourbiers, la question de l’état de la voirie s’est invitée avec fracas au sein de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale le mercredi 21 mai 2025. Une journée dédiée, comme le veut la coutume parlementaire, aux questions d’actualité et à l’information, mais qui a rapidement pris des allures de procès public pour l’Office des Voiries et Drainages (OVD).
Au centre des préoccupations, et sous le feu des questions de la députée nationale Dollie Tshilombo Kabwenda, le Directeur Général de l’OVD, Victor Tumba. La parlementaire, se faisant l’écho du désarroi de millions de Kinois, attendait des réponses claires, précises, face à un problème qui n’est plus seulement une nuisance, mais un drame quotidien exacerbé par les inondations récentes qui ont frappé la capitale et plusieurs régions du pays.
Un constat accablant, des défis colossaux
Face aux élus du peuple, Victor Tumba n’a pu que dresser un tableau sombre, voire apocalyptique, de la situation. 85% des routes revêtues de Kinshasa seraient dans un état de délabrement avancé. Un chiffre qui donne le vertige et qui explique en grande partie la paralysie qui guette la ville à chaque averse. Le DG a ensuite égrené une litanie de difficultés notamment, des financements aléatoires, exécution erratique de la loi de finances, manque de discipline budgétaire, et la complexité d’une problématique qui touche de multiples secteurs. Autant d’obstacles, selon lui, à l’accomplissement efficace de la mission de l’OVD.
La colère des élus, miroir de la frustration populaire
Mais, ces explications ont eu du mal à calmer une assemblée visiblement à bout de patience. Les questions ont fusé, témoignant de l’exaspération populaire face à une situation qui perdure. Des appels à la démission ont été lancés, certains Députés évoquant même la transformation de la question orale en une interpellation formelle, procédure bien plus contraignante. Les critiques ont été acerbes. ‘’Pourquoi l’OVD intervient-il si tardivement ? Qu’en est-il des rumeurs persistantes de détournements des fonds alloués à la réhabilitation des routes ? Comment expliquer la durée de vie si éphémère des chaussées fraîchement réparées ? Où est le plan directeur tant attendu pour la voirie ? Quelle politique anti-érosive est mise en œuvre ? Quid du curage des caniveaux, souvent bouchés et transformés en vecteurs d’inondations ?’’, autant d’interrogations qui traduisent une profonde crise de confiance.
Acculé, le Directeur Général de l’OVD a sollicité un délai de 48 heures pour apporter des réponses plus étoffées aux préoccupations des élus. Un sursis accordé, mais qui place une pression immense sur ses épaules et celles de son institution.
D’autres dossiers brûlants à l’agenda parlementaire
Cette séance plénière ne s’est cependant pas limitée à la question des voiries. Dans un tout autre registre, une motion du Député Marcel Zuma a remis sur la table la condamnation de l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo Mapon, aujourd’hui Député, par la Cour Constitutionnelle dans l’affaire dite Bukanga-Lonzo. Une demande a été formulée au bureau de l’Assemblée pour que celui-ci saisisse la Haute Cour afin d’obtenir un sursis à statuer. Face à la fébrilité de certains élus, le Président de la Chambre basse a prôné la patience, suggérant d’attendre la notification officielle du verdict de la Cour.
Fait notable, une quarantaine d’élèves du collège Boyokani de Mont-Ngafula ont assisté à cette séance publique, témoins privilégiés des rouages, parfois complexes et tendus, de la démocratie en action et des enjeux cruciaux qui animent la Nation. Une leçon de civisme grandeur nature, au cœur des préoccupations les plus vitales du pays.
Nathan Mundele