Le Gouvernement de la République, dans son bilan faisant état de la situation pénitentiaire qui a causé mort d’hommes à la prison centrale de Makala le 1er septembre dernier, n’a jamais fait mention ‘’des cas d’évasion’’ mais plutôt d’une « simple tentative d’évasion » des prisonniers causant des dégâts importants en vies humaines et en matériels. Firmin M’vonde, Procureur Général près la Cour de cassation, dans une correspondance du 11 octobre dernier aux Procureurs Généraux près les Cours d’appel de la Gombe et de Matete, ordonne de rechercher tous les évadés de la prison de Makala le 1er septembre 2024. Car, ils seraient en train de semer la teneur et de poser des actes de barbarie notamment, le vol qualifié par effraction ou à l’aide des violences voire à mains armées et d’attentat à la vie humaine en milieu urbain.
A en croire l’Avocat Général, ceux qu’il qualifie « d’évadés » constitueraient un danger permanent pour le public dans la capitale congolaise. Raison pour laquelle, leur traque serait une urgente nécessité pour renvoyer ces bourreaux dans leur milieu naturel qui serait la prison.
Une communication qui dit tout sauf l’évasion car, le Procureur Général serait en train de faire allusion aux multiples libérations engagées par Constant Mutamba, Ministre d’Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux depuis quelques semaines. Car, il a fait remarquer que de nombreux détenus auraient quitté la prison « en dehors de tout critère légal ». C’est pourquoi, «Ils doivent être arrêtés et traduits devant les juridictions compétentes», a-t-il déclaré tout en illustrant sa motivation par le cas d’un meurtrier qui serait libéré quelques mois seulement après sa condamnation à mort et qui aurait ensuite été repris dans un autre dossier de tentative de meurtre, ainsi que celui d’un magistrat condamné à trois ans de prison en janvier dernier mais qui aurait également quitté la prison quelque huit mois après.
Un message décrypté par de nombreux analystes et qui pousse plus d’un à affirmer qu’un bras de fer persisterait toujours entre les magistrats et le ministre de la Justice. Une hypothèse qui vient certainement s’affirmer sur la réaction non tardive du ministre sur son compte X défendant ainsi les désengorgements des prisons qu’il effectue, lesquels seraient, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement Suminwa, légaux et réguliers. «Les désengorgements des prisons, amorcés dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement Suminwa, sur instructions du Magistrat Suprême, sont légaux et réguliers», déclare-t-il avant d’ajouter : «Ce sont les commissions constituées des Magistrats et agents pénitentiaires qui proposent au Ministre de la Justice les listes de prisonniers pouvant bénéficier de la libération conditionnelle, conformément à la nouvelle loi pénitentiaire ».
Le Ministre de tutelle, conscient de sa volonté de rendre plus viable et plus vivable nos milieux carcéraux, tient à poursuivre sa mission et, par ricochet celle du Gouvernement, sans relâche en vue d’humaniser les prisons et cachots sur l’ensemble de la République tout en veillant à la régularisation des emprisonnements. « Rien n’arrêtera l’engagement ferme du Gouvernement à humaniser les prisons et cachots sur l’ensemble de la République, et à veiller à la régularisation des emprisonnements », a-t-il soutenu.
Une véritable passe d’armes entre les magistrats et Constant Mutamba, Ministre de la Justice, qui se fait observer dans l’opinion publique à travers de jeu de question-réponse.
A côté, nombreux s’inquiètent et soutiennent que cette décision de désengorgement des prisons risquerait d’être à la base d’une montée du taux de criminalité urbaine qui serait, dans un futur proche, un autre problème de sécurité publique si et seulement si aucune mesure d’accompagnement n’est mise en place par le ministère.
César Nkangulu