PREFACE
(Par Jerly Bokolo Mey, Avocat Général près le Conseil d’Etat, Directeur Administratif du Service de Documentation et d’Etudes, Coordonnateur National Adjoint de la Cellule de lutte contre la pédocriminalité et de la cybercriminalité)
Plus témoin que victime de certaines pratiques marginales qui ont élu domicile dans la noble profession qui lui est chère, Monsieur KALALA MUENA MPALA interpelle et lance un véritable défi à sa fratrie professionnelle, aux praticiens du droit ainsi qu’aux justiciables au sujet de l’incompatibilité d’exercice du ministère d’avocat et de ses conséquences.
Pour qui connaît cet ancien parquetier (Substitut du Procureur de la République), à ce jour avocat à la Cour Suprême de Justice, l’ouvrage renforce sa réputation de chercher passionné de sujets sensibles où émotions et affects prennent corps.
Mon intérêt sur les questions d’éthique et déontologique des magistrats en qualité de formateur depuis plus d’une décennie au sein du Conseil Supérieur de la Magistrature a certainement influencé le choix de ma modeste personne pour préfacer cette étude.
Doué et persuasif, l’auteur qui ne traite pas la question à sa toise décline l’économie de l’arsenal normatif. Il en découle que consubstantielle au caractère libéral de l’exercice de la profession d’avocat, l’indépendance de l’avocat est préservée principalement par la réglementation en matière d’incompatibilité.
A l’instar des législations de plusieurs pays, la noble profession d’avocat est incompatible avec l’exercice de tout autre profession sous réserve des dispositions législatives ou réglementaires particulières.
En d’autres termes, hormis l’exception prévue par la loi, l’avocat ne doit pas se retrouver dans un lien de subordination ni être soumis à un horaire de travail imposé par autrui, susceptible de nuire à son indépendance et à la liberté de l’exercice de son ministère.
Dans un langage simple, clair, sans fioritures qui lui est coutumier, l’auteur égrène un chapelet des dispositions légales et règlementaires qui permettent de débarrasser aisément ledit ministère d’avocat de toutes les scories subjectives et affectives.
Pour éviter un choc thermique non contrôlé à eux qui semblent s’accommoder des pratiques marginales qui heurtent les consciences, l’auteur préconise, par une approche pragmatique dans un élan rhizomique, une immersion lente en passant par des postulats, en guise des séances de cryothérapie corps entier.
Etant sous serment, l’intégrité, la dignité et la discipline sont principalement attendues de l’avocat. C’est le gage de sa crédibilité à l’égard de tous. L’avocat qui accepte une offre de service ou un mandat public doit aviser le Conseil de l’Ordre dont il relève. Celui-ci se prononce sur la question du maintien ou non au tableau.
De la lecture combinée des articles 32, 33 et 34 de l’Ordonnance-loi 79-028 du 28 Septembre 1979 portant organisation du barreau, du corps des défenseurs judiciaires et du corps des mandataires de l’Etat, l’avocat qui se trouve dans l’un des cas d’exclusion ou d’incompatibilité prévus par la loi doit être omis du tableau, fermer son cabinet, sous la surveillance du Bâtonnier, et remettre aussitôt à ses clients les affaires terminées ou en cours.
Cette mécanique, pourtant huilée, se grippe devant des cas des rébellions en raison du « bégaiement » des autorités ordinales et/ou du laxisme des procureurs généraux.
Le plus bel éloge de l’étude analytique et pratique de Monsieur KALALA MUENA MPALA est de s’atteler à inviter au strict respect des textes légaux tous ceux qui évoluent dans la dissonance cognitive. Il s’agit particulièrement des professionnels qui se comportent en électrons libres à l’instar des pieuvres mimétiques, et se servent du titre d’avocat ou de l’appellation, du reste, abusive en dehors du prétoire, de Maître comme d’une escarpolette.
De même les différentes autorités (judiciaires ou ordinales) qui seraient dans l’oubli de la loi doivent participer, avec sérénité et hauteur de vue, à censurer les comportements des avocats équilibristes afin de redorer le prestige du métier d’avocat.
La vérité se passe d’artifices, elle est simple, elle n’a pas besoin d’interprète.
Loin d’être un discours victimaire qui serait déresponsabilisant et réducteur, l’œuvre de Monsieur KALALA MUENA MPALA est une analyse au ras du sol en ce qu’elle cerne les faits et s’appuie sur l’arsenal normatif.
Jerly BOKOLO MEY
Avocat Général près le Conseil d’Etat
Directeur Administratif du Service de Documentation et d’Etudes
Coordonnateur National Adjoint de la Cellule de lutte contre la pédocriminalité et de la cybercriminalité