Le principe de «l’Eglise au milieu du village » est battu en brèche dans les territoires occupés par le M23. L’administration rebelle veut assujettir l’Eglise catholique romaine en dictant la conduite à suivre à ses prêtres. Certains ont fui pour se mettre en sécurité. Déjà l’évêque de Goma qui a sous sa juridiction pastorale, une bonne partie de l’Est amputée du gouvernement central, ne peut pas s’y rendre craignant pour sa sécurité.
Au total, 12 paroisses fonctionneraient encore dans ces territoires sous contrôle du M23 sur les 33 que compte le diocèse de Goma, a-t-on appris. C’est des lieux considérés comme sûrs pour la population qui fuient les affrontements ou l’avancée du M23. Ne pouvant prendre tout le monde en charge, l’Eglise oriente d’autres déplacés vers d’autres paroisses, écoles ou hôpitaux sous tutelle des religieux. Les prêtres qui se trouvent dans les zones de rebelles essayent, tant soit peu, d’interpeller les rebelles.
Entretemps, Corneille Nangaa, coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo depuis plusieurs mois, considérée comme branche politique du M23, a pris part à la messe du dimanche 14 juillet dernier à la paroisse Saint Aloïs, dans le territoire de Rutshuru sous occupation des rebelles du M-23 soutenus par le Rwanda et l’Ouganda. Le prêtre officiant de la messe, impuissant, l’a laissé prendre la parole.
Assujetti au pouvoir des occupants, il ne pouvait pas en être autrement. Sinon, le prêtre risquerait pour sa vie et celle des paroissiens qui ont trouvé refuge dans les installations de l’Eglise. Le sacerdoce en territoires sous occupation n’est pas exercé de la même manière que dans la partie sous contrôle des troupes loyalistes.
La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) qui a été saisie de cette prise de parole de Corneille Nangaa, a rappelé que son décret du 10 décembre 2010 interdisant, pour des raisons de cohésion sociale, aux ecclésiastiques de donner la parole aux acteurs politiques lors des cultes à des fins propagandistes, est encore d’actualité.
Et de poursuivre que loin d’être l’expression d’un soutien de l’Église Catholique à la rébellion AFC, il s’agit plutôt d’un incident survenu à la grande surprise du prêtre. Cette précision de l’Eglise vaut son pesant d’or parce qu’en pareille circonstance, les interprétations vont dans les sens les plus divers pour créer sciemment un malentendu.
Corneille Nangaa, c’est la matérialisation de l’adage «le pouvoir corrompt». En décembre 2023, cet ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante, patron d’une institution citoyenne, a basculé à cette vie de rébellion ignorant que c’est lui qui a proclamé Félix Tshisekedi vainqueur des élections de 2018 dont il se déclare opposant.
La Pros.