*La situation à l’Est de la RDC est fâcheuse. Profondément inhumains et révoltants sont ces impitoyables massacres perpétuels de nos compatriotes. Massacres perpétrés de par la décision hautaine et machiavélique de Paul Kagame, qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter, à jamais intouchable dans la mesure où, docile et parfaitement engagé, il sous-traite les avidités des puissances capitalistes occidentales. Une situation d’holocauste humain insupportable. Qui doit prendre fin, immédiatement et de façon irréversible. Pour cela, trois pièces d’‘‘artillerie’’ stratégique sont indispensables.
Mais, auparavant, deux points d’appui. Le premier : se convaincre de la vérité irréfutable que la communauté régionale est et demeure, tout comme la communauté internationale, un simple adjuvant, un additif dont l’efficacité ne peut jamais être en tout temps assurée, ni complète, ni gratuite. Une claire et exacte conscience des réalités en face est indispensable : de plus graves dangers pointent à l’horizon de notre possibilité d’existence. Des dangers plus grands et plus effroyables que ceux d’aujourd’hui, qui appellent à agir, de manière urgente, et autrement plus perspicace, plus volontariste et plus efficace que par le passé.
Le second : ‘‘Sa ngolo zaku’’, fais tes propres efforts. S’approprier le principe de devoir compter avant tout sur ses propres forces. C’est là un principe capital pour les individus, comme pour les nations aux dirigeants responsables. Une preuve : la flagrance d’absence de volonté sincère de la part des pays de la communauté régionale, de la part spécialement de Paul Kagame, absence très visible à travers le non-respect des engagements pris depuis 2013 par les parties à l’« Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région ». La tenace velléité d’accaparement des portions des terres congolaises par les pays voisins incite à prendre sérieusement en compte le principe d’auto-prise en charge absolue.
Le premier des sept et beaux engagements pris à Addis-Abeba par la « région » est celui de s’abstenir de « s’ingérer dans les affaires intérieures des États voisins ». Le deuxième est celui de « ne pas tolérer, ni fournir une assistance ou un soutien quelconque à des groupes armés ». Le troisième consiste à « respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États voisins ».
Malheureusement, plusieurs rapports des Nations Unies l’indiquent : le président du Rwanda, Paul Kagame, bien que signataire dudit accord, n’a jamais fait voir la moindre volonté de respecter son « engagement renouvelé ». Son souci fondamental est plutôt celui de s’accaparer des terres congolaises et d’en exploiter le plus de richesses possibles pour construire son pays. Béni et soutenu par le monde capitaliste occidental, il le fait allègrement, machiavéliquement, usant de tous les moyens nécessaires, allant jusqu’à créer, à soutenir et à faire perdurer des groupes armés farouchement meurtriers, massacrant depuis des décennies des millions entiers de vies humaines innocentes.
Une telle attitude de manque de sincérité et, plutôt, d’arrogance ostentatoire cynique, ne permet point de cultiver la paix entre les nations. Et elle est une preuve claire, du côté des souffrants, des victimes et aussi des décideurs politiques, de ne point du tout compter sur cet « Accord-cadre d’Addis-Abeba », que Kagame et ses affidés considèrent comme du simple papier, qui n’engage que la seule main qui l’aura signé et non le cœur et, encore moins, leur nation. Le refus de s’en tenir aux accords et conventions signés, en principe de bonne foi et en toute sincérité à la suite de pourparlers de bonne intention, constitue une bombe à fragmentations immédiatement et à jamais explosive. Les cyniques exactions du groupe terroriste M23 en sont une attestation certaine.
Face à une telle situation d’hypocrisie ou de non-sincérité éhontée, tout pays soucieux de garantir la paix et la sécurité de ses citoyens à l’intérieur de ses frontières est obligé de s’interdire de négliger le principe du « devoir se prendre soi-même en charge ». Qui fait confiance à la parole donnée par un prédateur cynique fait preuve de grosse naïveté et prépare, inconscient, de plus gros et de plus terribles malheurs pour son peuple.
Pour sortir ou prévenir de la catastrophe totale, pouvant aller jusqu’à confisquer et à coloniser une grande partie entière du territoire national, l’homme politique a à assumer ses responsabilités constitutionnelles. Il a, plus que les autres citoyens, la responsabilité de prendre en charge toutes les craintes et désolations de son peuple et, donc, doit se prendre en charge, en travaillant avec acharnement et abnégation à la maîtrise de la couleur du destin de son peuple dans le futur proche ou plus ou moins proche.
Se prendre en charge signifie réaliser trois tâches fondamentales éminemment sérieuses et urgentes. Je les évoque, en condensé, sans aller dans les développements que requièrent une réflexion et une discussion approfondies dans des officines techniques expertes.
Se construire une économie nationale forte : monter des grandes usines privées et mixtes d’exploitation des richesses naturelles du pays
On sait, de toute évidence, que la construction de soi comme une nation économiquement puissante nécessite une démarche volontariste constituée de plusieurs grandes tâches intelligentes. La première consiste à se construire une économie nationale forte, à travers l’érection d’« un mur de grandes industries » dans les villes et localités le long des frontières nationales ainsi que de « larges essaims de grandes industries » à l’intérieur du pays. Y compris des industries d’exploitation pétrolière à haute technologie non polluante ou de faible pollution (sans se laisser distraire et berner par des dictats occidentaux) et aussi, des industries de fabrication d’armements militaires.
La vocation de cette stratégie économiste est, au moins, triple : (1) en plus de la production des richesses, les structures économiques de grande taille permettent d’absorber une grande quantité de jeunes demandeurs d’emplois, lesquels sont souvent facilement séduits et recrutés dans des groupes armés conçus pour déstabiliser et affaiblir tout élan pour le développement économique du pays convoité ; (2) dans la situation qui lie notre pays à l’exigence de l’Accord-Cadre, la construction des infrastructures économiques en partenariat avec des puissances du monde intéressées par les ressources naturelles, minières et forestières de notre pays rend prioritaire de mettre l’accent sur les provinces convoitées frontalières avec des pays voisins ; la paix s’installe, comme de soi, dans la mesure où ces entreprises économiques puissantes auront le souci fondamental d’assurer leur sécurité et, par ricochet, celle des citoyens, leurs travailleurs et les habitants des contrées environnantes ; (3) le développement subséquent des infrastructures routières permettant des déplacements aisés rapides concourt à la garantie de la sécurité, à la paix et à la vie heureuse des populations prioritairement dans les parties maximalement convoitées de notre pays.
Au total, on doit bien se convaincre que « le développement des nations est l’autre nom de la paix et de la sécurité des peuples ».
Créer des écoles spécialisées : des humanités morales et militaires
‘‘Si vis pacem, para bellum’’ (Qui veut la paix, prépare la guerre) : une stratégie fondamentale réaliste à prendre très au sérieux si on veut survivre. C’est la troisième tâche fondamentale à réaliser. À multiples angles : en commençant par l’institution d’une formation autrement plus dynamique et plus efficiente des jeunes, garçons et filles. Cela suppose : (1) de restructurer nombre des programmes scolaires et universitaires actuels, pour les axer autant que possible sur l’accomplissement de résultats plus ou moins immédiatement palpables et efficaces ; (2) il est indispensable que soient créées, aux côtés des écoles et options existantes, des sections d’« humanités politiques, administratives et éthiques » (destinées à redresser les mentalités et habitudes de vie et de gestion techniquement dégradées et moralement corrompues) ; (3) il est sage et réaliste de créer des filières secondaires des « humanités militaires » (destinées à former à la discipline la plus rigoureuse et à rendre les citoyens constamment en éveil face aux dangers pouvant provenir de l’extérieur et aussi de l’intérieur du pays).
C’est là une des pistes nécessaires pour pouvoir faire face à la très grave désintégration morale dont souffre présentement le Congo. Et pour créer une jeunesse de grande discipline, constamment prête à servir, le moment venu, à la défense du territoire national. En attendant la création des écoles d’humanités morales et militaires (dont l’idée est à préciser par les têtes pédagogiques expertes) il est important que tout jeune valide, garçon et fille, soit légalement considéré comme devant être mis dans un service militaire et/ou civique obligatoire à la fin des études secondaires. Bref, il est indispensable de faire de la jeunesse de chaque génération une grande réserve de constructeurs intègres et de défenseurs aguerris de la patrie.
Instituer une gouvernance politique rationnelle raisonnée patriotique
La deuxième tâche fondamentale que la nation est tenue de réaliser, avec le plus grand sérieux possible et la plus grande intelligence nécessaire, c’est d’assurer une gouvernance politique et administrative saine, rigoureuse et de grande discipline technique et morale. Cette exigence suppose, bien évidemment, plusieurs actes de hauts faits et de haute portée à accomplir. Mais il me semble que notre attention doit absolument être focalisée, immédiatement, sur la mobilisation et la gestion rigoureuses des finances du pays. Cela suppose de décréter une espèce d’état d’urgence politique pour le salut du pays.
Il s’agira, à cet effet, notamment, (1) de fixer un nombre raisonnablement réduit de ministères et d’agences exécutives, et aussi de fixer des rémunérations raisonnables, non faramineuses pour les dirigeants et gestionnaires politiques ; (2) de suspendre, immédiatement ou à court terme, toute structure politique non strictement indispensable (comme les Assemblées provinciales, ainsi que certains organes d’appui à la démocratie redondants : Commissions des droits de l’homme, de communication, de médiations, des élections aux suffrages universels directs extrêmement et, à bien des égards, inutilement coûteuses, etc.) ; (3) instaurer un régime de contrôle et de sanction implacable à l’égard des actes passés, présents et futurs, de favoritisme tribaliste, de corruption et/ou de détournements des biens de la république ; (4) assurer la présence effective de l’État dans tous les territoires et secteurs/chefferies du territoire national ; la présence effective et efficace de l’État implique l’impératif d’implantation des structures administratives ainsi que des forces militaires et policières conséquentes les plus dissuasives et les plus efficacement auto-défensives et offensives possibles dans chaque Territoire du pays. La bonne gouvernance des ressources humaines et financières est le tout premier pas capital à faire dans la quête de la puissance, de la victoire et de la paix dans une nation.
En définitive : compter sur soi-même et tourner le dos à la légèreté, à l’insouciance et au gaspillage des intelligences et des deniers publics
La situation qui est présentement vécue à l’Est de notre pays, et cela depuis de nombreuses décennies, risque de se perpétuer et même d’empirer dans les dix ou vingt prochaines années si le pays ne se décide pas à adopter, très résolument, une tout autre et plus dynamique politique économique, formative et administrative. Il s’agit de décréter un régime d’urgence politique d’austérité éthique patriotique. Avec toutes les stratégies et mesures drastiques subséquentes. Un régime absolu de salut de la nation en grave danger. Si elle est bien conçue et bien exécutée, une telle politique de « redressement des fronts » est capable de nous préserver de la catastrophe qui pointe à l’horizon du fait des convoitises de plus en plus accrues sur les ressources du territoire national congolais.
Il n’est plus trop question de compter sur une quelconque espèce de compassion internationale ou régionale. Il est question de se prendre décidément en charge.
En réfléchissant, sérieusement, sur les pistes ici suggérées comme voies de garantie de notre existence face aux nations extérieures, proches et lointaines, viscéralement convoiteuses et, de ce fait, radicalement hostiles et cyniquement prédatrices. Une bonne politique économique, une excellente gouvernance politique et une attention sérieuse fixée sur la formation des jeunes sont trois routes royales menant à l’édification d’une nation capable de grande « dissuasivité » et de garantie de la paix et de la joie d’exister des citoyens. Bien entendu, ces tâches concomitantes ne peuvent être réalisées et aboutir au succès que si l’intelligence maximale ainsi que l’intégrité morale sont placées au fondement de chaque étape.
En bannissant la légèreté et l’insouciance dont nous faisons si étrangement preuve depuis, spécialement, la sphère politique.
Si une nation est réaliste et désireuse de vivre, même le plus pacifiste de ses dirigeants et intellectuels doit savoir et doit apprendre à ses concitoyens le très précieux vieil adage de philosophie sage réaliste qui veut que la paix doive se préparer en menant la guerre, sur tous les fronts. Chaque jour, avec intelligence et patience, dans le plus grand silence stratégique, nous avons à préparer notre « guerre juste » : (1) par la construction d’une économie puissante capable, notamment, de forger une puissance militaire dissuasive et offensive redoutable ; (2) par la mise en place d’une formation de pointe, y compris dans le domaine des sciences morales et militaires ; (3) par l’institution d’une gouvernance d’austérité, de discipline rigoureuse dans l’administration des ressources nationales et, donc, de non-indulgence absolue à l’égard des corrompus et corrupteurs, des détourneurs et malfaiteurs de haute nuisance physique et morale à la patrie.
Prof. Dr P. Ngoma-Binda
Université de Kinshasa
bindadekin@gmail.com