Les cours d’eau de la République démocratique du Congo se transforment en cimetière pour ses usagers. Le nombre de disparus résultant des naufrages n’émeut plus l’autorité qui a fini par s’en accommoder. Pour preuve, on ne décrète plus de deuil national ou provincial en mémoire des victimes. Si toutes les mesures prises avaient été respectées, on éviterait à la République ces morts gratuites.
Des embarcations de fortune pullulent dans des cours d’eau congolais. Le premier danger vient du fait que les voies fluviales de la RDC ne sont pas balisées. Les équipages naviguent à vue. Le personnel navigant n’est pas toujours qualifié. La plupart n’ont jamais été dans une école spécialisée. On apprend à naviguer dans l’état. Pourtant, il existe une école supérieure de l’Afrique Centrale pour la formation du personnel navigant à Kinshasa.
L’Onatra a, pour ce faire, cédé son espace qui abritait une école de navigation pour son personnel. Aucun armateur ne pense engager les navigants formés préférant la main d’œuvre facile. En outre, les embarcations qu’on largue sur les fleuves ne subissent aucun contrôle technique ou une quelconque expertise, mais détiennent, tout de même des autorisations délivrées par les autorités compétentes.
Une complicité entre l’autorité publique et les armateurs privés. Ces derniers préfèrent des autorisations trafiquées. Seuls les bateaux de la l’Onatra inspirent confiance aux passagers. L’ouverture de ce secteur aux particuliers est à la base du chaos. Certes, la concurrence loyale est autorisée mais tout doit se passer dans les normes.
Pas plus tard qu’hier, un bateau privé sur le lac Kivu, a chaviré près du port de Kituku, à Goma. Bilan provisoire, des centaines de disparus. Plus de 300 passagers se seraient embarqués à bord de cette baleinière. En pareille circonstance, le manifeste ne donne toujours pas avec exactitude le nombre de passagers étant donné qu’il existe toujours des clandestins. Ce qui fait qu’on ne saura pas donner avec détails près le nombre de disparus.
Une fois de plus, les familles éplorées n’auront que leurs yeux pour pleurer. Une enquête sera ouverte, l’armateur, les membres d’équipage et l’autorité publique qui a délivré les permis de navigation seront placés en détention préventive pourvu qu’ils n’aient pas encore pris la poudre d’escampette. Et puis plus rien. C’est la routine.
C’est comme cela que tout le monde est visiblement habitué surtout que peu d’informations ont été livrées sur la suite réservées aux cas de naufrage antérieurs. Jusque quand le pouvoir public tolérera ce laisser-aller des cercueils navigants sur les cours d’eau de la RDC ?
La Pros.
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