Près de 94.000 enfants du nord de la bande de Gaza ont reçu la dernière dose de vaccin antipoliomyélitique au cours du week-end, ont souligné lundi des agences des Nations Unies.
Malgré l’instauration de pauses humanitaires, cette campagne a été retardé par les intenses bombardements israéliens et les ordres d’évacuation massive dans la partie septentrionnale de l’enclave palestinienne.
« Malgré l’impact des attaques sur la campagne de vaccination contre la polio dans le nord de la #Gaza, plus de 94.000 enfants ont été vaccinés », a tout de même salué l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), rappelant que cela représente environ 79 % de l’objectif fixé pour le deuxième tour de la vaccination.
Mais pour l’UNRWA, ces pauses humanitaires sont « essentielles » pour le déploiement de cette campagne vitale. « Sans une trêve maintenant et durable, les enfants continueront à souffrir et à mourir », a ajouté l’UNRWA.
Week-end meurtrier d’attaques
Cette campagne dans le nord survient dans un climat de regain de tensions et d’incessants mouvements de population. Un centre de vaccination contre la polio et la voiture d’un employé de l’ONU participant à la campagne de vaccination de ce week-end ont été ainsi la cible de tirs malgré la promesse d’une « pause humanitaire » dans les bombardements israéliens, a indiqué dimanche le Fonds de l’ONU pour l’enfance (UNICEF).
« Ce matin, le véhicule personnel d’un employé de l’UNICEF travaillant sur la campagne de vaccination contre la polio a été la cible de tirs de ce que nous pensons être un quadcopter alors qu’il traversait Jabalia – Elnazla. La voiture a été endommagée. Heureusement, l’employée n’a pas été blessée. Mais elle a été profondément ébranlée », a déclaré dans un communiqué, Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF
« Au moins trois enfants auraient été blessés par une autre attaque à proximité d’une clinique de vaccination à Sheikh Radwan, alors qu’une campagne de vaccination contre la polio était en cours », a ajouté Mme Russell. « Ce week-end d’attaques dans le nord de la bande de Gaza a déjà été meurtrier. Au cours des seules 48 dernières heures, plus de 50 enfants auraient été tués à Jabalia, où des frappes ont rasé deux immeubles résidentiels abritant des centaines de personnes ».
Le nord de Gaza assiégé depuis le début du mois d’octobre
Pour l’UNICEF, les ordres de déplacement ou d’évacuation ne permettent pas à une partie au conflit de considérer tous les individus ou objets d’une zone comme des cibles militaires. « Ils ne la dispensent pas non plus de son obligation de faire la distinction entre les objectifs militaires et civils, de faire preuve de proportionnalité et de prendre toutes les précautions possibles lors des attaques ».
Ces incidents sont intervenus alors que l’offensive terrestre dans le nord de Gaza s’intensifie autour de Jabalia, Beit Lahiya et Beit Hanoon. Le nord de Gaza est toujours assiégé depuis le début du mois d’octobre, et les agences humanitaires ne sont pas en mesure d’atteindre les personnes dans le besoin.
Selon les agences humanitaires, un effort international urgent est nécessaire pour permettre l’acheminement de l’aide critique et pour accorder aux agences humanitaires l’accès à la zone.
D’autant qu’à l’approche de l’hiver, le Programme alimentaire mondial (PAM) prévient que le manque de nourriture et d’autres fournitures humanitaires vitales entrant dans la bande de Gaza pourrait bientôt dégénérer en famine si des mesures immédiates ne sont pas prises. En octobre, le PAM n’a atteint que 40 % des 1,1 million de personnes visées par l’aide alimentaire à Gaza, avec des rations réduites en raison de la baisse des niveaux d’aide.
Persistance des contraintes d’accès et de sécurité
D’une manière générale, les contraintes d’accès et de sécurité continuent de limiter la capacité du groupe logistique à faciliter les services logistiques aux points d’entrée de Gaza. Les opérations de transport à Karem Abu Salem/Kerem Shalom n’ont pas été possibles mais se sont poursuivies à West Erez.
Par ailleurs, l’agence onusienne basée à Rome s’est dite « très préoccupée » par la nouvelle législation israélienne qui affecte l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Pour le PAM, l’UNRWA est indispensable pour fournir une aide vitale et des services sociaux à Gaza. « Si elle est appliquée, cette décision aura des conséquences dévastatrices pour les personnes les plus vulnérables », a averti le PAM.
Le Parlement israélien (Knesset) a récemment approuvé deux lois interdisant à l’UNRWA d’opérer sur son territoire et interdisant à ses responsables d’avoir tout contact avec l’agence. Israël a officiellement informé le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies de l’adoption de la nouvelle législation. La lettre indique que toute coopération avec l’agence cessera après 90 jours.
Le Commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré lundi que le mois dernier, Israël avait autorisé en moyenne 30 camions humanitaires par jour à entrer dans Gaza, ce qui ne représente que 6 % des fournitures commerciales et humanitaires autorisées avant la guerre.
« C’est le plus bas niveau depuis longtemps, ramenant l’aide au niveau du début de la guerre », a-t-il écrit sur la plateforme de médias sociaux X. « Cela ne peut pas répondre aux besoins de plus de deux millions de personnes, dont beaucoup sont affamées, malades et dans des conditions désespérées ».
L’UNRWA, une planche de salut pour des millions de personnes
Philippe Lazzarini a déclaré que « pendant ce temps, l’UNRWA continue de distribuer tout ce qui est autorisé à entrer ».
Depuis le début de la guerre en octobre 2023, le personnel de l’UNRWA a fourni une aide alimentaire à plus de 1,9 million de Gazaouis, tandis que des centaines de milliers de personnes dans et autour de ses abris ont reçu des fournitures de base.
L’agence onusienne est également le plus grand fournisseur de soins de santé primaires dans l’enclave, et ses équipes ont fourni plus de six millions de consultations médicales.
- Lazzarini a souligné qu’une aide beaucoup plus importante doit être autorisée à entrer à Gaza, notamment par l’intermédiaire de l’UNRWA, la plus grande organisation humanitaire et fournisseur de services dans l’enclave.
« Restreindre l’accès humanitaire et en même temps démanteler l’UNRWA ajoutera une couche supplémentaire de souffrance à des souffrances déjà indescriptibles. Seule la volonté politique peut mettre fin à une situation créée politiquement », a-t-il déclaré.