C’est dans un contexte de vives tensions, marqué par une crise de financement aiguë des institutions multilatérales, que s’est tenue hier, lundi 7 juillet 2025, une table ronde au siège de la MONUSCO. Au cœur des débats, l’engagement inébranlable de la République Démocratique du Congo pour les droits fondamentaux, face à un système international qui menace de sacrifier ces mêmes droits sur l’autel des arbitrages budgétaires.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme traverse une crise financière sans précédent, aggravée par le retrait partiel de financements majeurs comme celui des Etats-Unis. Par la voix de la Ministre des Droits humains, Maître Chantal Chambu Mwavita, la RDC a non seulement réitéré son attachement à la protection des libertés fondamentales, mais a également lancé un appel solennel à la solidarité internationale. Saluant l’engagement personnel du Président Félix Tshisekedi et de la Première ministre Judith Suminwa, la Ministre a souligné que les droits humains sont une priorité nationale. ‘’La RDC reste disposée à travailler main dans la main avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour garantir que cette institution poursuive son mandat avec efficacité, indépendance et dignité’’, a-t-elle déclaré avec conviction.
Le cri d’alarme a été puissamment relayé par Bruno Lemarquis, Représentant spécial adjoint du Secrétaire Général de l’ONU en RDC. Le tableau qu’il a dépeint est sombre : le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en RDC subit une réduction de 40 % de son budget. Cette coupe drastique se traduit par des licenciements d’experts, la suspension d’activités essentielles de surveillance et d’enquête, et met en péril des années de progrès. ‘’Il s’agit d’une crise humaine’’, a martelé Bruno Lemarquis, alertant sur le risque de voir les avancées durement acquises s’effondrer.
Cette situation critique intervient alors même que le pays fait face à des défis immenses, notamment dans l’Est, où les violations des droits humains continuent de dévaster des communautés entières.
Justice et souveraineté à l’épreuve de l’Accord de Washington
Les discussions ont également porté sur l’analyse du récent Accord de Washington, signé entre la RDC et le Rwanda, sous l’angle des droits humains. Salué par les Nations Unies comme une potentielle avancée pour la paix, cet accord suscite néanmoins des controverses et des inquiétudes au sein de la société civile congolaise, qui craint pour la souveraineté du pays et la gestion de ses ressources naturelles.
C’est dans ce contexte que la Vice-Ministre des Affaires Etrangères, Gracia Yamba Kazadi, a livré un plaidoyer vibrant pour une justice sans compromis. ‘’Le peuple congolais mérite une justice immédiate, crédible et indépendante, non une justice différée ou conditionnée à des arbitrages budgétaires. Il est temps que la communauté internationale transforme ses engagements en actions concrètes, pour que la vérité éclaire enfin les zones d’ombre de notre histoire’’, a-t-elle affirmé.
Un appel à un multilatéralisme solidaire
Face à l’adversité, la RDC refuse de se contenter d’attendre une aide extérieure incertaine. Le pays se positionne en acteur d’un multilatéralisme renouvelé, plus juste et plus humain. En défendant le financement prévisible et durable du Haut-Commissariat, la Ministre Chambu a rappelé une vérité fondamentale : ‘’soutenir le Haut-Commissariat, c’est investir dans la paix et la dignité’’.
Nathan Mundele
