C’est un nouveau chapitre, cette fois-ci judiciaire qui s’est ouvert le jeudi 5 juin 2025. Les Conseillers municipaux de la commune de la Gombe ont porté plainte au Palais de Justice contre le Bourgmestre Léopold Manzabi. Cette démarche, loin d’être anodine, marque l’escalade d’un conflit qui couve depuis plusieurs mois et met en lumière une profonde crise de légitimité au sein de l’exécutif local.
Le point de départ de cette confrontation remonte au 9 avril 2025. Ce jour-là, comme l’a rappelé avec force Bonheur Mayamba, Conseiller communal de la Gombe, l’organe délibérant avait pris une décision radicale : « Le Conseil communal de la Gombe a adopté en plénière une résolution prononçant la déchéance de M. Manzambi Léopold de sa qualité de bourgmestre, conformément aux dispositions légales qui nous régissent. » Une décision qui, selon les élus, aurait dû entraîner la cessation immédiate des fonctions du bourgmestre.
Cependant, la réalité sur le terrain semble tout autre. « Depuis ce jour, le bourgmestre n’a jamais obtempéré à cette décision de l’organe délibérant, plongeant ainsi notre commune dans une situation d’illégitimité, avec des actes posés en dehors de tout cadre légal’’, poursuit Bonheur Mayamba.
Face à ce qu’ils qualifient de « mépris manifeste envers les élus du peuple, » les Conseillers ont donc franchi un nouveau cap. « Le Conseil a résolu de porter l’affaire devant les juridictions compétentes de la République démocratique du Congo. Nous sollicitons que le droit soit dit, afin que la décision du Conseil soit respectée, mais également pour que M. Manzambi réponde des actes qui lui sont reprochés, » a-t-il martelé, soulignant la détermination des élus à voir la légalité restaurée.
La plainte, déposée au Parquet Général, ne se limite pas au non-respect de la résolution de déchéance. Des accusations plus graves encore ont été formulées. La violation du siège même du Conseil et des actes de brutalité à l’encontre des élus figurent en bonne place parmi les griefs.
Aly Luboya, rapporteur du conseil communal, a apporté des précisions sur ces allégations. ‘’Au-delà de cela, M. Manzambi, bourgmestre de la Gombe s’est permis de violer le siège du Conseil, brutalisant les représentants du peuple’’. Son témoignage dépeint un climat de tension extrême : « Nous nous sommes retrouvés, pour ainsi dire, traités comme des malfaiteurs, brutalisés et humiliés, comme des enfants de la rue’’, a-t-il renchérit. Ces mots, lourds de sens, traduisent un profond sentiment d’indignation et d’humiliation de la part des représentants de la population de la Gombe.
Par ailleurs, cet élu municipal a tenu à rappeler un principe fondamental : « l’exécutif communal de la Gombe doit se conformer aux dispositions de la loi sur les Entités Territoriales Décentralisées (ETD), qui s’appliquent à nous tous et garantissent l’ordre institutionnel au niveau local’’, a-t-il lancé. C’est donc bien la question du respect de la loi et de l’équilibre des pouvoirs au sein des institutions locales qui est au cœur de cette affaire.
L’issue de cette procédure judiciaire est désormais attendue avec la plus grande attention. Elle pourrait non seulement sceller le sort politique de Léopold Manzabi à la tête de la commune de la Gombe, mais aussi servir de jurisprudence pour la gestion des relations, parfois tumultueuses, entre les exécutifs locaux et les organes délibérants en République Démocratique du Congo.
Nathan Mundele